Gérard Bouchard paralysé par le syndrome de l'échec

Transformer «l'inachevé» en «accompli» est le devoir de tout patriote

Échec comme idée centrale

Tribune libre

Au Moyen-Âge, les artisans prenaient des siècles à construire des cathédrales qui sont encore debout comme un témoignage de leur travail et de leur foi. Pourquoi en serait-il autrement pour le Pays du Québec ? En science, les échecs sont les prémisses à toute découverte. Pourquoi en serait-il autrement pour l'avènement du Pays du Québec ?

Concernant le dernier texte de l'intellectuel Gérard Bouchard " Une suite de parcours inachevés " ( La Presse, 20 février 2015 ), avons-nous là un texte de patriote ou de soumis ? Il est curieux que l'auteur n'ait pas inclus son nom dans la liste des Québécois aux parcours inachevés, par modestie sans doute.

Gérard Bouchard affirme en début de texte que nos luttes nationales "sont parsemées d'échecs". Le mot "échecs" est l'idée centrale de son texte. Cette idée est tellement présente que l'auteur confond "échec" et "vol". C'est ce qui se produit dans son appréciation du référendum du 30 octobre 1995. Le résultat très serré de ce 2e référendum aurait dû être "déclaré nul" après une période de vérifications et Jacques Parizeau n'aurait pas dû démissionner rapidement.

DEUX CITATIONS D'ENVERGURE

Notre commentaire s'ouvre sur deux citations qui nous apparaissent d'une grande valeur pour l'avenir du Pays du Québec.

La première citation est de Robert Bourassa contenue dans un discours historique prononcé en soirée du 22 juin 1990 à l'Assemblée nationale. Le contexte est l'échec du Lac Meech. Citation: « Monsieur le président, le Canada anglais doit comprendre de façon très claire que, quoi qu'on dise et quoi qu'on fasse, le Québec est, aujourd'hui et pour toujours, une société distincte, libre et capable d'assumer son destin et son développement. Merci. » Les mots " aujourd'hui et pour toujours " sont très forts et résonnent jusqu'à maintenant.

Les indépendantistes du Québec d'aujourd'hui ont toute la latitude pour concrétiser cette pensée prophétique de Robert Bourassa.

La deuxième citation est de Gérard Bouchard lui-même. Citation: « Chaque fois qu’une société se trouve en crise, donc commence à s’inquiéter d’elle-même, de ce qu’elle est, puis de ce qu’elle va devenir, de ses capacités à faire ce qu’elle devrait faire, elle se tourne vers un acte fondateur qui est toujours un acte vertueux, héroïque, plein de force et de courage, auquel les générations s’abreuvent constamment. C’est ça, la magie d’un acte fondateur » (journal Voir, 23 mars 2007). Il est agréable de savoir que Gérard Bouchard puisse associer "magie" et avenir du Québec. A-t-il oublié ce texte ?

LE TEXTE "UNE SUITE DE PARCOURS INACHEVÉS"

Abordons maintenant le texte lui-même de Gérard Bouchard lequel comprend les titres de paragraphes suivants:
- L'histoire du Québec est parsemée d'échecs (ndlr)
- Un peuple qui se refuse

Gérard Bouchard introduit sa réflexion par ces mots, je cite: " La course à la direction du Parti québécois relance le débat sur la souveraineté. C’est l’occasion d’un bref survol historique qui situe cet enjeu dans une perspective assez troublante. " C'est comme si le proverbe "né pour un petit pain" devait se perpétuer et comme si nos oeuvres inachevées du passé nous destinaient à un échec perpétuel et éternel. Il y a lieu de refuser un pareil défaitisme.

Monsieur Bouchard associe " le débat sur la souveraineté" à une "perspective assez troublante", celle d'un avenir bloqué. Pourquoi Bouchard se poserait encore en prophète de malheur pour le peuple du Québec ? S'il ne veut pas faire l'indépendance du pays, qu'il arrête de prédire l'échec futur au bout du labeur des autres. Qu'il accepte que d'autres puissent réussir là où il a lamentablement échoué et là où il n'a plus le courage de combattre.

Le survol historique que fait Gérard Bouchard est intéressant. Nous ne nous y attardons pas sauf pour souligner notre fierté envers le courage des patriotes des années 1837-1838 et pour marquer notre admiration envers tous les artisans de la révolution tranquille des années 1960, femmes et hommes.

Le Québec ne sera jamais une société parfaite quoique des milliers de Québécoises et de Québécois accomplissent de très belles et grandes choses au quotidien. Cela est accompli dans une grande discrétion. Comme on dit: " le bien ne fait pas de bruit ".

LE DÉFAITISME DE BOUCHARD ACTUALISÉ PAR COUILLARD et CIE

Dans la veine du texte de Bouchard, nous nous permettons de rappeler la présence actuelle de mercenaires qui nuisent à l'épanouissement du Québec. Ces mercenaires oeuvrent dans un parcours historique "détourné" qui cherchent à boucher tout horizon d'espoir et de confiance chez l'ensemble des Québécois(ES).

Encore en 2015, nous sommes sous l'emprise de "parcours inachevés et détournés" illustrés par des personnes bien connues. La 1ère personnalité digne de mention est celle du PM actuel nommé Philippe Couillard. La pensée de ce Monsieur est plutôt mince. Avant d'entrer en politique, qu'a-t-il écrit et signé de son nom, contenant sa pensée articulée ? Rien.

Depuis qu'il est PM, il a fortement recommandé à un groupe de hauts fonctionnaires la lecture du livre britannique "The Fourth Revolution" avec le sous-titre " The Global Race to Reinvent the State " ( Penguin Press, 305 pages ) La réinvention promue par les auteurs n'est rien de moins que le rétrécissement de l'État le plus possible. Nous côtoyons ici les politiques de Mme Thatcher et de Monsieur Ronald Reagan qui ne sont pas allés assez loin dans la sténose de l'État.

Parmi les autres personnalités atteintes du syndrome du "parcours inachevé", Gérard Bouchard en est une. À l'occasion de la Commission qu'il a co-présidé en 2007-2008 avec le philosophe multiculturel Charles Taylor, Gérard Bouchard avait une occasion en or pour choisir la voie du courage politique et de la dissidence. Il n'avait qu'à conclure que les accommodements raisonnables demandés en majorité pour des raisons religieuses étaient une voie sans issue ne répondant pas aux inquiétudes légitimes des Québécois face aux problèmes de non intégration des immigrants chez nous.

Gérard Bouchard devait sortir des rangs à saveur fédéraliste et dénoncer les trappes contenues dans la Constitution de Trudeau-1982, trappes pensées par son géniteur pour étouffer le Québec. Ses trappes sont au moins au nombre de trois et revêtent une évidence par leur désuétude en regard de l'évolution récente de la société du Québec. Ces trois "attrapes" sont: - le préambule qui reconnaît la suprématie de Dieu, idem que la suprématie d'Allah; - l'article 23 sur les droits d'accès à l'école gratuite; - et l'article 27 qui confirme la suprématie du multiculturalisme pour définir les valeurs canadiennes.

Devant un tel amoncellement de non valeurs pour le Québec, Gérard Bouchard avait l'obligation patriotique de refuser d'endosser les positions de son collègue Charles Taylor.

Si Gérard Bouchard, avec les connaissances de la société du Québec qu'il possède, avait eu un début d'éclair de génie pour faire avancer le Québec en harmonie avec ses forces et ses faiblesses, il aurait tiré la sonnette d'alarme pour annoncer le fin du fédéralisme canadien au Québec. Il aurait dénoncé le non lieu de la loi constitutionnelle de Trudeau-1982 qui empoisonne l'avenir du Québec et qui conduit vers les accommodements raisonnables. "Finies les folies" pour paraphraser Trudeau.

LES ADVERSAIRES DU PAYS DU QUÉBEC SONT LÉGION

Gérard Bouchard aurait pu décliner la kyrielle des opposants actifs qui détruisent les valeurs identitaires de leur société d'accueil, le Québec, en les rejetant et entravent trop facilement l'avènement du Pays du Québec.

On identifie rapidement trois catégories d'opposants qui sont légions:

a) les fonctionnaires fédéraux de la région d'Ottawa installés des deux côtés de la rivière des Outaouais sont des chats bien nourris.


b) les partis politiques du Québec qui sont fédéralistes.


c) tous les salariés travaillant au Québec dont leur contrat de travail est régi par les lois fédérales.


Déclinons chaque grand ensemble.

a) il existe une nombreuse cohorte d'adversaires à l'indépendance politique du Québec qui sont des milliers de fonctionnaires travaillant dans la grande région d'Ottawa. Ils sont grassement rémunérés directement par les institutions fédérales du Canada. Dans ce groupe sont compris les fonctionnaires actuels en poste et aussi les anciens employés aujourd'hui retraités et jouissant de revenus au-dessus de la moyenne des citoyens du Québec. Je connais de ces retraités farouchement opposés à l'indépendance du Québec.

vivant en démocratie, il existe des adversaires internes vivant et travaillant au sein du territoire du Québec.

b) Ce groupe est composé des partis politiques oeuvrant au Québec qui sont en faveur du maintien de la dépendance actuelle du Québec avec le lien fédéral. Ces partis agissent comme le cheval de troie prêts à nuire en tout temps à l'objectif de l'indépendance du Québec.


c) Nous retrouvons dans un 3e groupe une armée de citoyens non fonctionnaires, vivant et travaillant au Québec, qui font leur pain et leur beurre sous le parapluie des lois fédérales du travail qui les excluent des loirs québécoises du travail.

Dans ce 3e groupe, on pense aux travailleurs des secteurs bancaires et financiers, aux travailleurs des moyens de transport aériens, des chemins de fer et des voies maritimes qui sont toutes et tous exclus de la juridiction des lois du travail du Québec. Il y a aussi tous les avocats et conseillers qui gravitent dans le monde de l'immigration qui font leur pain et leur beurre avec les quotas d'immigration et les dossiers des immigrants demandant une assistance légale pour faire bouger leur dossier afin de devenir citoyen canadien. Il y a aussi les forces armées dont les membres ont prêté un serment de fidélité à la Couronne du Canada.

Faire le décompte des dizaines de milliers de personnes qui composent les trois groupes mentionnés ci-dessus nous ouvrirait les yeux sur les forces en présence qui sont actives au quotidien contre l'avènement du Pays du Québec. Il est nécessaire de connaître ses adversaires politiques même silencieux qui composent majoritairement les "indécis".

Devant cette force contraire, il faut en plus se débattre contre des intellectuels appelés Bouchard, St-Pierre, Miville-Dechêne, Grey, Coderre, Lebel, Bernier et cie. Quelle désolation ces derniers nous procurent. Ils souhaitent que ce soit tout le Québec qui demeure éternellement "inachevé" politiquement ce que nous voulons contredire par notre espérance et notre travail soutenu.


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5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    11 mars 2015

    Monsieur Lachapelle
    En 1982, le contrat entre le gouvernement fédéral et les provinces, dont le Québec faisait partie prenante, a été brisé ou invalidé par ce rapatriement unilatéral de la constitution "canadian" par Trudeau, sans qu'aucun référendum ne soit tenu, à cet effet, par le gouvernement fédéral pour que ce rapatriement à sens unique soit approuvé ou rejeté par les provinces dont le Québec.
    Automatiquement, à partir de ce moment, le Québec est devenu libre soit de continuer à adhérer à ce système qui le rejetait ou déclarer unilatéralement son indépendance et voler de ses propres ailes. Le Québec n'a qu'à statuer ou officialiser le pays du Québec par une déclaration unilatérale d'indépendance; le Québec est libre au point de vue juridique et ne doit rien à Ottawa. Les menaces de Dion sur la clarté référendaire ne sont que des histoires du bonhomme sept heures pour tenter de jouer avec la peur des Québécois. Ce fut un plaisir de vous lire.
    André Gignac 12/3/15

  • François A. Lachapelle Répondre

    11 mars 2015

    @ André Gignac.
    Merci pour vos commentaires qui complètent bien ma pensée.
    J'aimerais que vous expliquiez davantage votre affirmation "le Québec est libre depuis 1982".
    Je persiste à croire qu'il est possible de gagner un 3e référendum même si Claude Castonguay ne veut pas en entendre parler dans son dernier livre LA FIN DES VACHES SACRÉES.
    Comme ma femme le répète, le PQ manquait et manque encore d'une solide stratégie politique et électorale. La presque victoire du 2e référendum est la preuve qu'on peut gagner le 3e référendum.
    L'ambiguité de Claude Castonguay est suspecte: d'une part, il se réclame des valeurs de la démocratie et d'autre part, dénonce l'exercice de cette démocratie via un référendum.
    Ce même Claude Castonguay encense l'entreprise privée mais reconnaît un fruit très amer du privé dans la production de la crise économique mondiale de 2008. Le gros problème du privé est la cupidité des dirigeants et l'impuissance des conseils d'administration à adopter des comportements éthiques qui rendraient impossibles d'approuver des rémunérations annuelles des dirigeants par dizaines et centaines de millions par année. Ici, nous affrontons l'immoralité du 1% et le cirque des paradis fiscaux avec la science des grandes firmes d'avocats qui élaborent des compagnies écrans derrière lesquelles se cachent des individus qui ne veulent pas payer d'impôts.
    Il n'y a pas que la Grèce qui est aux prises avec des citoyens qui pratiquent l'évasion fiscale depuis des lunes: le Québec aussi où il faudra faire le ménage de façon intelligente i.e., conclure un marché avec les investisseurs: " tu veux profiter d'une société organisée avec une main-d'oeuvre de qualité, avec des ressources d'énergie et de transport stratégique: tu dois respecter nos lois, contribuer au financement des programmes sociaux. Je sais, des cas comme la délocalisation d'Électrolux de l'Assomption QC vers Memphis Tennessee n'est pas facile à empêcher.

  • Archives de Vigile Répondre

    11 mars 2015

    Monsieur Lachapelle
    Si nos dirigeants politiques québécois, soit celui du PQ (Lévesque), n'ont pas osé aller aux urnes pour faire une déclaration unilatérale d'indépendance, en 1982, après le rapatriement unilatéral de Trudeau et, en 1990, après l'accord raté du lac Meech (Bourassa) afin que le Québec vole de ses propres ailes; c'est parce qu'ils souffraient du syndrome de Stockholm.
    Vous savez, lorsque vous avez vécu dans la dépendance politique avec vos colonisateurs depuis 1759, et que tout à coup, la porte de la liberté s'ouvre devant vous, vous figez raide! Pourquoi Parizeau a-t-il démissionné, après le référendum de 1995, suite au vol par les fédéralistes? Toujours encore à cause de la défaite de 1759 inscrite dans notre inconscient collectif. Et ça va continuer ainsi tant que nous n'oserons pas affronter de front ce problème. Il faut devenir des gagnants!
    Si nous ne le réglons pas, ce problème va toujours nous rattraper par derrière, c'est une loi de la psychologie. Dépêchons-nous à le régler avant de disparaître comme peuple. Et vous qu'en pensez-vous? Je laisse la place aux autres.
    André Gignac

  • Archives de Vigile Répondre

    10 mars 2015

    Monsieur Lachapelle
    Pour être bref et court, le Québec, étant libre depuis 1982, n'a qu'à officialiser son statut de pays pour pouvoir joindre le concert des nations. La grande tricherie de 1982 devrait être à l'ordre du jour sur Vigile et partout au Québec.
    André Gignac 10/3/15

  • Archives de Vigile Répondre

    9 mars 2015

    Monsieur Lachapelle
    Gérard Bouchard et son frère Lucien "Lulu" Bouchard sont deux irrécupérables, mettez une croix sur eux pour faire l'indépendance du Québec. Le titre de votre article: Manques de moyens pour transformer "l'inachevé" en "accompli" est le devoir de tout patriote, coïncide bien avec la situation politique actuelle au Québec. Nos partis politiques étant tous fédéralistes comme vous l'écrivez dans votre texte; c'est la cause directe de ce manque d'engouement de la population québécoise pour réaliser l'indépendance. Comme exemple: prenez la course actuelle à la chefferie du PQ qui devrait nous stimuler, nous donner un grand espoir pour la venue du pays; et bien, cette campagne est fade et ne lève pas. Rien pour se garrocher dans les mûrs, vous en conviendrez.
    Hier soir, je regardais un candidat de la course à la chefferie, à l'émission Tout le monde en parle; j'aurais cru entendre ce vieux discours vide du PQ sur un souverainisme de province. Le réflexe d'employer le mot indépendance n'y est pas; comment voulez-vous qu'ils nous parlent de pays du Québec. Les partis politiques au Québec étant tous fédéralistes comme vous le dites si bien dans votre texte; ces politiciens du PQ pensent Canada avant tout, point à la lettre. Ce n'est pas l'indépendance qu'ils veulent mais tout simplement l'amélioration du statu quo actuel qui, même après deux référendums perdus, n'a pas bougé du tout depuis la bavure de Trudeau en 1982 avec son rapatriement unilatéral de la constitution "canadian", sans l'accord du Québec et sans référendum en plus.
    QUÉBEC EST LIBRE DEPUIS 1982 et nos dirigeants politiques, sans doute par peur, n'en parlent pas beaucoup au peuple québécois pour éviter que celui-ci se prenne vraiment en main et afin de vouloir continuer à maintenir leur carriérisme dans le fédéralisme "canadian". Les deux référendums de 1980 et de 1995 étaient des référendums bidons. Depuis 1982, soit depuis que le Québec est libre; le PQ n'a qu'à déclarer unilatéralement, lors d'une élection, l'indépendance du Québec, travailler ensuite sur l'élaboration d'une constitution républicaine québécoise à être acceptée et votée par le peuple québécois et demander par la suite une reconnaissance internationale. Point à la lettre, ce n'est pas sorcier ça.
    Il est facile de constater que la volonté politique n'y est tout simplement pas. Nous sommes mieux d'y voir au Québec puisque avec toute cette immigration massive qui entre ici, surtout depuis 1995 ( 1 million de nouveaux immigrants), le projet de pays sera de plus en plus difficile à réaliser. Pas besoin d'être allé aux Hautes Études Commerciales pour comprendre cela. Bon texte!
    André Gignac 9/3/15