Europe

Tout ce que vous avez toujours voulu ignorer sur le Parlement juif européen

Géopolitique - Conflit israélo-palestinien



Un Parlement avec 120 députés, comme à la Knesset
Chic, on va avoir un Parlement ! Qui cela, « on » ? Eh bien, nous, les Juifs européens. On ne sait pas trop d’où vient l’idée ni qui va l’élire ni à quoi il pourra bien servir. Mais il nous en fallait un, c’est certain.
Alors, vous avez proposé qui, vous, comme député au Parlement juif européen ? Comment cela, vous n’avez pas voté ? Vous êtes contre la démocratie ? Pardon ? Vous n’êtes pas au courant ? Houlà. Et vous avez l’électricité dans votre shtel* de Gaume ?
En tous cas, cette idée de Parlement vient de l’Union Juive Européenne (EJU) qui… Vous ne connaissez pas non plus l’EJU ? Hé bé. Reprenons à la base, alors : au début, il y a le « Conseil européen des communautés juives » (ECJC).
Celui-là, vous en avez entendu parler, ne serait-ce que sur ce site **. Ce Conseil, fondé en 1968, regroupe des organisations juives dans 43 pays à des fins culturelles et sociales. Et, à présent, politiques.
Car, depuis novembre 2010, la tête de cette organisation est occupée (dans tous les sens du terme) par un Président ni élu ni nommé par le Conseil d’Administration. Ce que le quotidien Jérusalem Post a appelé « un putsch nécessaire » ***.
Un coup de force, c’est, de fait, le seul moyen qu’a trouvé la droite dure pour s’emparer de cette institution. Comme l’a expliqué un des membres –démissionnaire- de l’ECJC : « C'est comme cela que les choses se passent en Europe de l'Est »
Car le nouveau Président, Igor Kolomoisky, est ukrainien. Il est aussi milliardaire. Deuxième fortune d’Ukraine. Merci qui ? Merci, la chute du communisme. Et s’il est là, c’est parce qu’il s’est présenté comme le meilleur Président Donneur possible pour l’ECJC.
Ne soutient-il pas déjà d’innombrables organisations en Ukraine ? Ne finance-t-il pas la construction du plus grand centre juif du monde dans sa ville natale de Dniepopetrovsk ? Un homme aussi généreux a-t-il besoin d’être élu ?
Et une des premières actions de l’auto-proclamé Kolomoisky a donc été de fonder l’Union Juive Européenne (UJE). Son but ? «Unir tous les Juifs d’Europe en un front uni en faveur d'Israël et contre l'antisémitisme ».
C’est que, comme l’expliquent les nouveaux dirigeants, « il ne suffit pas d'être un bon Juif, mais aussi un Juif fort ». C’est aussi l’avis de Mme Betty Dan, la présidente de l’Organisation sioniste de Belgique, dans un « billet » sur une web-télévision juive.
Selon elle, la nouvelle génération de Juifs (« les jeunes de 18 à 50 ans et plus ») en ont assez de « la mollesse des organisations juives européennes » et des « leaders qui ne pensent qu’à eux-mêmes »
Une candidature pas si absurde que cela
D’où l’idée d’un Parlement juif européen. Quoi de mieux, en effet, pour faire émerger une nouvelle génération de leaders musclés ? Qui dit Parlement, dit députés (120, comme à la Knesset) .
Les élections ont été ouvertes ce 15 aout (résultats promis pour octobre) et elles se font par Internet pour, explique l’EJU, « permettre une totale transparence et accessibilité à chaque Juif en Europe. »
Une phrase qu’il vaut mieux lire vite : outre que personne n’a mandaté l’UJE pour créer un Parlement, on ne sait pas trop à quoi il pourra bien servir. On ignore aussi le nombre d’électeurs potentiels, les noms des candidats et les modalités de l’élection.
En plus, si cela se trouve, les députés ne seront pas élus puisque « les communautés juives » -mais pas leurs égoïstes leaders actuels, suppose-t-on- ont reçu de l’UJE, le « droit » de nommer les nommés, si cela leur chante.
Eh oui, c’est aussi comme cela que « les choses se passent à l'Est ». Et qu’Israël Beteinu, (qui applaudit des deux pieds cette initiative) dont l’électorat est en majorité russophone, aimerait que cela se passe en Israël. Et pourquoi pas aussi chez nous, pauvres Occidentaux mous ?
En tous cas, moi, je me suis inscrit afin de proposer un nom de député pour la Belgique. Non sans mal, il faut vraiment chercher sur le site. Mais si la démocratie est à ce prix… J’ai soumis la candidature de Théodore Herzl, le fondateur du sionisme.
Vous me direz que c’est absurde : Herzl était autrichien et non belge. D’abord, on est sioniste ou on ne l’est pas. Ensuite, quitte à choisir un député fantôme pour un Parlement fantôme, autant proposer quelqu’un de connu…
* Pour les internautes non-Juifs : petit village à majorité juive d’Europe de l’Est.
** http://www.cclj.be/article/3/1487
*** http://fr.jpost.com/servlet/Satellite?cid=1288001890792&pagename=JFrench%2FJPArticle%2FShowFull


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