Pont, tunnel sous-fluvial, tramway, nouvelles autoroutes, autoroutes élargies à plus de voies, transport en commun, voilà tous les ingrédients qu'il faut pour faire d'une ville un cauchemar de pollution, de bruit, de bouchons de circulation, d'heures de pointe élargies, de goulots d'étranglement, d'accidents.
Les conclusions d'études internationales sont unanimes: bien qu'elles semblent aller à l'encontre de la logique et du bon sens, elles s'avèrent irréfutables.
Ces études sur le terrain démontrent que plus il y a d'autoroutes, de ponts et de tunnels, de voies réservées pour le transport en commun qui réduisent les voies pour les autos, plus la congestion automobile augmente, c'est-à-dire le contraire de l'effet attendu!
Les gens voient cela comme une occasion de multiplier les déplacements, d'aller plus loin et plus souvent.
Voici les faits empiriques que révèlent les plus récentes études colligées par le journaliste François Bourque dans Le Soleil de Québec:
1- La seule chose qui semble avoir un réel effet sur la congestion routière est l'état de l'économie. Quand elle tourne en accéléré, le trafic augmente, et quand elle ralentit, il se calme.
Dans les économies vigoureuses, les citoyens travaillent plus, sortent plus, consomment plus et ont les moyens d'avoir plus de voitures.
2- Il existerait une «loi fondamentale de la congestion routière» qu'on pourrait résumer comme suit : les nouvelles routes attirent de nouveaux conducteurs et l'intensité du trafic reste la même.
Lorsqu'il devient plus facile de se déplacer et qu'il n'y a pas de contraintes, les citoyens se déplacent davantage.
Lorsqu'on ne craint plus le trafic, on multiplie les déplacements, on voyage seul dans sa voiture au moment qui convient à chacun, y compris aux heures de pointe.
Lorsque la route est là, on magasine plus, on va plus souvent au restaurant, on rend visite aux amis et à la famille, on va faire un tour en ville, on se balade en auto.
Avant, on n'allait voir les grands-parents à Château-Richer que dans le temps des fêtes. Maintenant, on y va tous les mois.
Avant, c'était compliqué d'aller magasiner aux Galeries de la Capitale, maintenant qu'il y a un accès direct, on y va toutes les semaines.
Les citoyens occupent ainsi les nouvelles routes et se permettent d'aller habiter plus loin.
Cela provoque inévitablement de l'étalement urbain, et l'établissement dans des banlieues de plus en plus éloignées où il en coûte moins cher pour y habiter. Les gens travaillant à Québec iront habiter à Sainte-Brigitte-de-Laval ou à Saint-Émile, parce que ça ne prend plus que le tiers du temps que ça prenait avant.
Les entreprises qui dépendent du transport sont elles aussi attirées par ces déplacements faciles et se multiplient.
La capacité accrue du réseau routier est ainsi grugée par de nouveaux utilisateurs, ce qui donne la décevante impression d'avoir construit pour rien de nouveaux ponts ou de nouvelles autoroutes.
3- L'autre mythe écorché par les chercheurs Duranton et Turner est qu'un meilleur transport en commun va réduire la congestion. D'autres études arrivent aussi à cette même conclusion.
Il est vrai qu'une nouvelle ligne de métro, de tramway ou d'autobus rapide va convaincre des automobilistes de délaisser leur voiture.
Ceux-là ne seront plus sur les routes et sur les ponts. Sauf que l'espace libéré sera occupé par de «nouveaux» conducteurs attirés par la circulation «facile».
Bref, loin de s'atténuer, la congestion routière s'accentuera comme jamais auparavant.
C'est un cercle vicieux où les autos tournent en rond comme sur une piste de course en boucle sans voie de sortie.
La seule solution à ce problème autorégénérateur, c'est de plafonner la population et le développement d'une ville. Nous reparlerons dans un prochain article du concept novateur de degré de développement optimal atteint par une ville qui ne doit plus être dépassé dans son propre intérêt. Qui a dit qu'une ville devrait croître et enfler sans limites jusqu'à l'état d'obésité morbide?
Photo ci-haut: illustration d'une ville aux dimensions idéales: Neuf-Brisach, Alsace par Vauban, une ville fortifiée comme l'est Québec
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1 commentaire
Réjean Labrie Répondre
10 octobre 2021Considérant la surenchère d'infrastructures qui sont proposées par tous les gouvernements, on peut se poser la question à savoir à qui cela profitera en premier lieu.
Tiens, tiens, on retrouve les suspects habituels qui ont fait l'objet de la commission Charbonneau et des enquêtes de l'UPAC: entrepreneurs et firmes d'ingénieurs-conseils...
Les révélations de ces enquêtes n'ont fait qu'effleurer la pointe de l'iceberg. Si on voyait tout ce qui se trame dans les petites villes et villages à la culture d'accointances, on blanchirait comme un drap.
Plus ça change, plus c'est pareil.
Doit-on s'attendre à un nouveau festival des enveloppes brunes?