L'ancien ministre libéral Tony Tomassi a servi d'entremetteur à certains de ses amis auprès de l'ex-PDG de l'Agence métropolitaine de transport (AMT), Joël Gauthier, a indiqué ce dernier à La Presse.
Selon M. Gauthier, Tony Tomassi lui a présenté les hommes d'affaires Luigi Coretti de BCIA et Joe Borsellino de Garnier Construction parce qu'ils avaient des récriminations à adresser à l'AMT. Pour y parvenir, ils ont obtenu l'aide de l'ancien ministre et député de La Fontaine.
La Presse a contacté M. Gauthier après avoir obtenu des extraits de ses agendas alors qu'il était à la tête de l'AMT ainsi que des copies de certains échanges de courriels le concernant. Ces documents démontrent clairement que M. Gauthier avait des contacts réguliers avec Tony Tomassi, dont il avait fait la connaissance à l'époque où il était directeur général du Parti libéral du Québec (de 1999 à 2003).
«C'est lui qui m'a [présenté] à Luigi Coretti, qui était fournisseur à l'AMT», a affirmé M. Gauthier. Selon lui, M. Coretti était mécontent des règles de paiement de l'AMT. Il a donc été dirigé vers les personnes responsables des comptes.
Mais au cours des mois suivants, l'attitude M. Coretti à l'endroit des employés de l'AMT a été dénoncée. Il aurait fait de l'«ingérence auprès des superviseurs de l'AMT» et aurait usé de «tactiques d'intimidation avec des chiens bergers allemands auprès des inspecteurs».
Joël Gauthier soutient qu'il avait alors demandé au vice-président de la Sécurité à l'AMT, Daniel Randall, d'aller rencontrer M. Coretti pour que cessent «ces pratiques». Mais la rencontre aurait pris une tout autre tournure. «M. Coretti portait une arme à sa ceinture et s'amusait à la montrer à M. Randall [celui-ci est un ancien policier du SPVM]. Dès que j'ai été informé de cela, j'ai appelé Tomassi, que je savais être son ami, pour lui dire de raisonner Coretti», a raconté Joël Gauthier.
Borsellino «furieux»
En ce qui concerne les liens avec Joe Borsellino, l'ancien PDG de l'AMT a dit que l'entrepreneur «était furieux» parce que l'AMT ne lui avait pas accordé deux contrats. Une rencontre a eu lieu pour l'apaiser. Une autre rencontre avec M. Borsellino, à laquelle assistait Tony Tomassi, a eu lieu, à propos d'un projet lié au pont de l'autoroute 25 ou sa périphérie. «Je l'ai référé au responsable de l'ingénierie et de la construction et je n'en ai jamais entendu parler ensuite», a soutenu M. Gauthier.
Aujourd'hui, aucune de ces personnes n'occupe les mêmes fonctions. M. Tomassi n'est plus député et il s'est reconnu coupable de fraude. M. Gauthier a été poussé vers la sortie de l'AMT et il y a quelques jours, de l'entreprise Hexagone dont il était le PDG. Il fait l'objet d'une enquête de l'UPAC qui le soupçonne de fraude. L'entreprise BCIA a fait faillite et son ancien patron, Luigi Coretti, a été arrêté en 2012 pour fraude. Quant à Joe Borsellino, il a quitté Garnier Construction pour que l'entreprise puisse poursuivre ses activités. M. Borsellino a reconnu devant la commission Charbonneau avoir fait de la collusion.
- Avec la collaboration de Patrick Lagacé et de Vincent Larouche
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