Tel-Aviv fait pression sur les USA pour qu'ils reconnaissent la souveraineté d'Israël sur le Golan

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Si c'était le cas, il faudrait craindre un affrontement majeur au Proche-Orient

Les discussions iraient bon train concernant la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté israélienne sur le plateau occupé du Golan. Le ministre israélien du Renseignement pense que Washington accédera à cette demande d'ici quelques mois.


Profitant des bonnes grâces du président américain Donald Trump qui vient de transférer l'ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem et de se retirer de l'accord sur le nucléaire iranien, l'Etat hébreu est entré dans des discussions pour que Washington reconnaisse sa souveraineté sur le plateau du Golan. Un territoire syrien dont une grande partie est occupée par Israël depuis la guerre des Six jours de 1967.


Le 23 mai, le ministre israélien du Renseignement, Israel Katz, a ainsi déclaré à l'agence Reuters que les deux pays avaient fait du Golan un de leurs principaux sujets de négociation. Il a même affirmé que Washington accéderait «avec une forte probabilité» à cette demande, et ce, «dans quelques mois environ».



La réponse la plus douloureuse que l'on puisse infliger aux Iraniens serait de reconnaître la souveraineté d'Israël sur le Golan 



La question avait déjà été abordée en février 2017 lors d'une première rencontre à la Maison Blanche entre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, et Donald Trump. Pour Israel Katz, en rediscuter aujourd'hui est pertinent, peu de temps après de supposés tirs de missiles iraniens sur le plateau le 8 mai : «C'est le moment parfait pour prendre une telle décision. La réponse la plus douloureuse que l'on puisse infliger aux Iraniens serait de reconnaître la souveraineté d'Israël sur le Golan avec une déclaration américaine, une proclamation présidentielle gravée dans le marbre législatif.»


Si l'Etat hébreu estime que le plateau pourrait servir de base armée à l'Iran, une éventuelle reconnaissance pourrait à nouveau provoquer l'ire de la communauté internationale. 


Un plateau occupé par Israël, source de frictions depuis la guerre en Syrie


Territoire initialement syrien, la majeure partie du plateau du Golan est sous contrôle d'Israël depuis la guerre des Six jours en 1967. Le territoire a été annexé en 1981 après un vote de la Knesset,  contre l'avis du Conseil de sécurité de l'ONU, qui considère l'annexion comme «nulle et non avenue et sans effet juridique sur le plan international». Cette zone d’environ 1 200 kilomètres carrés, de 12 à 25 kilomètres de large, 67 kilomètres de long, constitue la seule frontière entre Israël et la Syrie. Environ 510 kilomètres carrés restent sous contrôle syrien. Déstabilisée par la guerre en Syrie, la partie du plateau du Golan occupée par Israël concentre des tensions croissantes depuis quelques mois, après des décennies de calme relatif. L'Etat hébreu y mène régulièrement des attaques qu'il justifie en disant répondre à des tirs de roquettes, de missiles ou d'obus attribués qui à la Syrie, qui au Liban ou à l'Iran.


Dans la nuit du 9 au 10 mai 2018, l'Etat hébreu avait par exemple lancé de nombreux missiles sur plusieurs cibles iraniennes dans le sud de la Syrie, près de Damas, mais aussi de Kuneitra et de Homs, tuant trois personnes. Tsahal avait affirmé riposter à des tirs de roquettes opérés le 8 mai dans le Golan occupé et attribués à la brigade iranienne al-Qods. Moscou, qui a dressé un état des lieux après les frappes israéliennes, a souhaité que toutes les parties fassent preuve de «retenue» et s'ouvrent au «dialogue». Emmanuel Macron a, lui, appelé à la «désescalade». Le porte-parole iranien des Affaires étrangères, Bahram Ghassemi, a pour sa part déclaré le 11 mai que ces attaques menées par Israël l'avaient été «sous des prétextes inventés».


En juillet 2017, l'armée israélienne avait pris pour cible une position de l'armée syrienne après que deux projectiles en provenance du territoire syrien se sont abattus sur sa partie du plateau du Golan, comme cela arrive régulièrement par accident. Benjamin Netanyahou avait déclaré qu'il y aurait des représailles si des obus s'écrasaient, pour une quelconque raison, sur le territoire (y compris occupé) de l'Etat hébreu. Le 24 juin 2017, l'armée israélienne avait déjà mené d'autres raids contre des positions de l'armée syrienne, après que des projectiles en provenance de Syrie s'étaient abattus sur une partie du plateau du Golan, sans faire de blessés. Fin avril 2017, l'armée israélienne avait annoncé avoir abattu une «cible» au-dessus de la zone occupée, quelques heures après que la Syrie l'eut accusée d'avoir frappé une position militaire près de l'aéroport de Damas.


L'armée israélienne a en outre mené plusieurs frappes aériennes en Syrie depuis 2011, date du début de la crise, la plupart visant selon elle des convois ou entrepôts d'armes destinés au mouvement chiite libanais Hezbollah, allié de Damas.