Tarification - Où s'en va le PLQ ?

Budget Québec 2010

Réunis en conseil général à Drummondville le week-end dernier, les 400 délégués du Parti libéral du Québec ont donné un mandat clair à la députation: il faut prendre le virage de la tarification dans les services publics. De son côté, le premier ministre Charest a voulu nuancer le message en promettant que le gouvernement allait aussi «se serrer la ceinture». Peut-on résumer ainsi: payer plus pour en avoir moins?
À première vue, la préoccupation principale des militants du PLQ était l'état précaire des finances publiques. Mais quiconque a observé les gouvernements au cours des quinze dernières années doit se poser la question: ces gens veulent-ils vraiment sauver les services publics ou leur objectif n'est-il pas plutôt de réduire la place de l'État dans la société? Après tout, si Ottawa et Québec sont parvenus à équilibrer les comptes, c'est d'abord grâce à la spirale vertueuse de la croissance économique, et non grâce aux compressions budgétaires.
Ni les compressions «mur à mur», ni les mises à la retraite, ni le mouvement de privatisation n'ont permis de réduire les coûts. Au contraire, tout cela a eu pour conséquence de réduire la qualité des services et, dans certains cas, d'accroître les risques de dérapage, de conflit d'intérêts, voire de collusion au profit d'une poignée d'individus.
Aujourd'hui, faute d'avoir défini quelque projet rassembleur malgré les nombreux défis auxquels fait face le Québec, l'équipe du PLQ cherche l'adhésion populaire à sa nouvelle marotte: faire payer les utilisateurs de services publics. Personne ne remet en cause l'idée que les services publics soient facturés à un juste prix. Mais lequel? C'est facile de répondre «le permis de chasse», mais qu'en est-il des bibliothèques? De l'inspection des aliments? Des frais de garde? De l'enseignement collégial? Des repas dans les hôpitaux?
En fait, ce concept d'«utilisateurs-payeurs» s'applique difficilement à la plupart des vrais services publics. Ce qui exclut les loteries, l'alcool ou l'électricité, par exemple. Tous les services publics ne peuvent pas et ne doivent pas être gratuits, mais le prix de chacun doit tenir compte d'une foule de facteurs sociaux difficiles à quantifier. C'est pour cette raison que Québec doit d'abord récupérer le champ de la TPS abandonné par Ottawa avant de songer à des augmentations de tarifs tous azimuts. Ce n'est pas parce que l'expression «utilisateurs-payeurs» sonne comme «pollueurs-payeurs» qu'elle a la même portée sociale. Au contraire!
Les péages routiers n'ont de sens que s'ils rendent l'usage de la voiture plus rationnel tout en permettant d'améliorer l'offre de transports en commun. Quant à l'électricité, n'oublions pas que c'est à cause du gouvernement si autant de Québécois utilisent cette énergie pour se chauffer. Maintenant que ces gens sont prisonniers, on aurait tort de les faire passer à la caisse sans leur fournir les moyens d'économiser l'énergie, et sans augmenter du même coup les tarifs ridicules consentis aux alumineries.
Du côté des dépenses, M. Charest promet que le gouvernement va «se serrer la ceinture». Mais de qui parle-t-il? Des salariés de l'éducation et de la santé à qui l'on a imposé des décrets pendant que leurs patrons et leurs collègues des sociétés d'État et des universités se voyaient verser des augmentations démesurées? Il n'y a ni logique ni équité dans tout ça.
Sommes-nous sur le point d'assister au retour en force des défenseurs du désengagement de l'État qui ont été contraints de se taire depuis le début de cette grave récession?
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j-rsansfacon@ledevoir.ca


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