Témoignages d’un intendant « steward »

Survivant de la tragédie de l’Horizon Deepwater

Tribune libre

Par Georges Gaudet
*Résumé bien succinct du témoignage d’un survivant de la plateforme de forage de BP (British Petroleum) dans le golfe du Mexique. Le texte est un résumé traduit de l’anglais à partir de plusieurs sources publiées dans divers journaux des États-Unis. Les médias ont abondamment parlé des effets dramatiques que la nappe de pétrole allait avoir sur le littoral sud-américain. Cependant, peu ont laissé témoigner les survivants de cette catastrophe en plus d’avoir une quelconque sympathie envers les familles des onze personnes qui y ont laissé leur vie.
Nous oublions souvent le dur travail et les risques qu’assument ces personnes qui travaillent en milieu inhospitalier, voire dangereux. Opérateurs sur des tours de forage en pleine mer, pompiers, mineurs? etc., sont souvent victimes d’un métier qu’ils adorent, mais qui peut aussi leur enlever la vie.

(Résumé et traduction)
Quelques minutes avant que L’HORIZON DEEPWATER (la tour de forage) explose en une boule de feu, les travailleurs sur le pont ont entendu un bruit sourd, puis un sifflement. L’alarme au gaz s’est immédiatement déclenchée et toute la plateforme se mit à trembler. Le puits se mit alors à cracher par le sommet une pluie de boue, de gaz et d’eau de mer qui couvrit toute la surface du complexe. C’est alors que les gaz plus lourds que l’air se sont infiltrés avec la fumée dans les prises d’air des génératrices électriques. Bien que tout sur une plateforme de forage soit conçu « antiétincelles » et l’on peut comprendre pourquoi, le surplus des gaz avalés par les prises d’air des génératrices semble avoir provoqué une surcharge électrique qui fit sauter les ampoules d’éclairage, les ordinateurs, enfin à peu près tout ce qui fonctionnait à l’électricité. C’est là que les explosions ont commencé à déchirer les murs métalliques de la plateforme, projetant dans les airs d’immenses gerbes de feu et de fumée.
Kevin Eugene, un steward travaillant sur la station de pompage, raconte qu’il était dans son lit à regarder la télévision lorsqu’il entendit un formidable bruit d’explosion presque en même temps qu’une alarme générale se soit déclenchée. Toutes les lumières s’éteignirent et la plateforme se mit à trembler. « J’ai pensé que nous étions en train de nous écrouler dans l’océan », a déclaré le père de quatre enfants de Slidell, en Louisiane. Les carreaux du plafond et les débris pleuvaient de partout. Vêtu seulement d’une chemise et des pantalons de son pyjama, il courut dans un couloir qui le mena vers une sortie sur le pont, là où il y avait des embarcations de sauvetage. Arrivé sur le pont, il sentit immédiatement un souffle de chaleur poussé par les flammes à environ 200 mètres de lui. « Je peux dire que c’était le plus grand incendie que je n’ai jamais vu », dit Eugene. « C’était juste une grosse boule de feu qui sortait du haut du mât de charge. Le «derrick» était tout en feu et l’on pouvait entendre le bruit des gaz qui s’en échappaient. »
Témoignage d’un autre survivant
En peu de mots, il explique la manœuvre qui avait lieu juste avant l’explosion. En résumé, il s’agissait d’injecter de l’eau de mer dans le puits de forage divisé en plusieurs parois afin de faire jaillir, sous contrôle, la boue, le pétrole et les gaz vers la surface au moyen de plusieurs systèmes de contrôle et d’évacuation. Cette manœuvre est toujours la plus délicate lors d’un creusage, mais sauf dans un cas hors de l’ordinaire, rien n’est dramatique dans ce genre d’opération qui est pratiquée des centaines de fois par des équipes de travailleurs sur toutes les plateformes de forage. Il est évident que pour une ou des raisons inconnues à ce jour et que les enquêtes détermineront, tous les paliers de sécurité n’ont pas fonctionné correctement. « Je pleure mes onze compagnons et leurs familles », de dire ce témoin qui a refusé de s’identifier par peur de représailles.
« C’était une merveille moderne », a déclaré le procureur Richard Arsenault d’Alexandrie, en Louisiane, se référant à la plateforme de forage «high-tech» Horizon Deepwater, construite en 2001 et assurée par Transocean pour 560 millions de dollars. « Si ce genre de technologie ne peut pas empêcher ce genre de catastrophe, c’est très troublant », a-t-il déclaré aux médias.
*Si tel est le cas, voilà de quoi donner à réfléchir aux instances politiques qui auront dans un proche avenir la responsabilité d’accorder ou de refuser une exploitation gazière en plein golfe du Saint-Laurent. GG
Dispersants chimiques
Un discours rassurant circule actuellement chez les plus optimistes. La compagnie BP utilise des dispersants chimiques afin de transformer le pétrole de surface en microbulles qui finissent par se poser sur le fond de l’océan. De prime abord, la solution semble très efficace. Il est vrai que pour une question d’image, le pétrole flottant sur l’eau disparaît de la vue des caméras et pour les oiseaux ou animaux marins de surface, la très grande majorité peut avoir la vie sauve à court terme. Ainsi, certains pourraient conclure que l’on travaille activement à cacher la poussière sous le tapis. Il faut dire d’ailleurs que cette méthode existe et est appliquée massivement depuis une vingtaine d’années un peu partout où il y a déversement. Les tenants de cette méthode disent aussi que même si ces bulles chimiques se posent sur le fond de l’océan, elles ont l’avantage d’empêcher le pétrole brut d’atteindre ou d’entrer dans des milieux fragiles, véritables pouponnières de reproduction de quantité d’animaux marins.
Cependant, pour d’autres scientifiques, le remède est pire que le mal. À l’Institut des sciences de la mer de Rimouski (ISMER), le professeur Émilien Pelletier, chimiste de formation, a abandonné des recherches en ce domaine depuis une vingtaine d’années. Quant à Rick Steiner, professeur de conservation marine à l’Université d’Alaska, endroit d’expertise par excellence s’il en est un, les microparticules résultant de ce mélange chimique avec le pétrole lourd sont encore plus toxiques que le pétrole flottant à la surface. L’on devine aisément que ces particules se déposent sur le fond en enfilant les colonnes d’eau en profondeur et que c’est alors toute la faune et la flore du fond des océans qui absorbent ce cocktail chimique. De là, il est facile de comprendre que tôt ou tard, ces produits toxiques finissent dans la chaîne alimentaire océane, puis dans la chaîne alimentaire humaine. Pour ces deux scientifiques, Émilien Pelletier et Rick Steiner, la solution à court terme semble encore pire que la catastrophe elle-même.
Un monde d’image
En ce monde d’image plutôt que de réalité, il est de plus en plus difficile de décerner le faux du vrai de même que la réalité de la fiction. Dans le cas présent, personne n’est en mesure de dire ce que deviendrait l’environnement marin du golfe du Mexique si l’on n’arrivait pas à colmater l’écoulement actuel au moyen de cette fameuse cloche sur laquelle tous semblent s’accrocher afin de résoudre un problème majeur. Cependant, personne non plus n’osera parler des effets à long terme qu’aura l’épandage massif de produits chimiques pour faire couler ces résidus de pétrole, canalisation colmatée ou pas. Bien sûr, chaque réussite dans l’opération de colmatage est une victoire et ce serait pire s’il n’y avait aucun espoir, mais il faudra peut-être attendre quelques décennies afin de réaliser les effets secondaires qu’auront eus les opérations désespérées de sauvetage d’aujourd’hui sur la vie des humains de demain.
Il reste à se demander maintenant si quelqu’un osera exploiter les eaux plus nordiques du golfe du Saint-Laurent.
Extrait de l'hebdo Le Radar, éd. 2010-05-14

Voir aussi :Chroniques de Marin Gouin et son Café
http://georgesetsoncafe.blogspot.com/

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Georges Gaudet1 article

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Souvent qualifié d’homme aux quatre passions : L’aviation, les bateaux, les arts et la beauté féminine, mais pas nécessairement dans cet ordre, je sais être un passionné, allergique à l’injustice, curieux de la science et du monde spirituel, fasciné par tout ce qui est beau sous toutes ses formes,admiratif devant les grandeurs de l’univers et la grandeur d’âme de l’être humain, mais aussi triste devant ses grandes bassesses.J’aime la vie, tout ce qui est beau et juste, j’aime ma blonde, ma famille et toutes celles et ceux de qui j’ai appris et continue d’apprendre qu’il n’y a au fond qu’une seule chose qui compte : "aimer et être aimé".

Votre région : Îles de la Madeleine





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