Le gouvernement a annoncé la semaine dernière son intention de supprimer les bourses au mérite à la rentrée 2014. Mis en place lors du mandat précédent, ce dispositif permettait aux étudiants ayant obtenu leur bac avec une mention « très bien » de recevoir une aide financière annuelle de 1.800 euros pendant trois ans. L’attribution de bourses en fonction du mérite individuel récompense l’excellence scolaire et distingue le travail fourni par les élèves les plus brillants. Mais cette vision méritocratique de l’enseignement est aujourd’hui combattue par le gouvernement.
Cette mesure n’est d’ailleurs pas isolée. À l’instar, par exemple, de la suppression des notes, évoquée récemment par Benoît Hamon, elle s’inscrit pleinement dans cette idéologie égalitariste qui domine l’Éducation nationale depuis des années. Au nom d’une vision dévoyée de l’égalité, la récompense du travail des premiers de la classe est jugée traumatisante pour les élèves en difficulté. Ainsi, malgré quelques timides tentatives de restaurer un peu d’élitisme – comme, par exemple, la création de ces bourses –, l’école est progressivement en train de renoncer à la reconnaissance du mérite des meilleurs élèves.
Mais les effets produits par cette évolution ne sont pas ceux escomptés. On nous avait promis la réussite pour tous, quelle que soit l’origine sociale et culturelle, mais de nombreuses études ont montré que le fossé scolaire entre riches et pauvres s’est au contraire nettement creusé. Les élèves issus de milieux modestes souffrent d’un risque d’échec scolaire grandissant tandis que l’accès aux études supérieures les plus prisées leur est aujourd’hui plus ardu que par le passé.
Quand l’école ne récompense plus le mérite des bons élèves, elle cesse de transmettre le savoir, qui ne s’acquiert que grâce au travail. Ce sont alors les plus défavorisés qui en pâtissent en premier. En effet, les parents qui ont fait des études sont en mesure de compenser les manquements de l’école. Ils ont conscience de l’implication nécessaire à la réussite scolaire et possèdent un capital culturel qu’ils peuvent offrir à leurs enfants, qui bénéficient ainsi d’un soutien dont leurs camarades issus de milieux plus modestes sont souvent privés.
Le mensonge de l’égalitarisme qui prétend faire des égaux en masquant les différences de niveau apparaît alors au grand jour. L’école est devenue presque incapable de donner à tous les élèves les mêmes chances de réussir, puisqu’elle n’amène plus les enfants des classes populaires au même niveau que ceux des familles plus aisées. C’est bien là tout le problème : l’heure de la sélection finit toujours par arriver ; pour intégrer les filières d’excellence, elle repose toujours sur le niveau des candidats, que ce soit en sciences, en lettres ou en langues. Rien ne remplacera jamais la culture générale, la capacité à raisonner logiquement ou la précision de connaissances techniques ; surtout pour entreprendre des études difficiles.
C’est le rôle de l’école de transmettre cette somme de savoirs à chaque élève. Pour ce faire, pas de secret : il faut être exigeant, encourager l’effort individuel et récompenser les élèves méritants ; bref, rappeler sans cesse que l’excellence est toujours le fruit du travail. Cette morale de l’effort, qui n’est rien d’autre que l’élitisme républicain, est le meilleur remède contre le déterminisme social.
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