par Bourgault-Côté, Guillaume
Le stress au travail influence beaucoup l'humeur des travailleurs et leur santé mentale, indique une enquête de Statistique Canada dévoilée hier. Plus le boulot se fait dans des conditions de forte tension, plus les Canadiens ont tendance à en être globalement insatisfaits - et à développer une dépression.
La vie dans ce qui fut «le plus meilleur pays du monde» est loin d'être parfaite ou facile pour tous. Plus d'un million de Canadiens avouent ainsi, dans une nouvelle enquête de Statistique Canada, avoir vécu un épisode dépressif majeur dans l'année ayant précédé le sondage, mené en 2002. Un phénomène causé notamment par le stress au boulot.
L'enquête dévoilée hier (Rapports sur la santé: satisfaction au travail, stress et dépression) indique que 8,6 % des travailleurs canadiens sont insatisfaits de leur travail: la proportion est similaire au Québec. À l'échelle nationale, cela représente 1,3 million de personnes - qui prendront en moyenne près de trois fois plus de journées d'incapacité que les autres.
Le stress, le salaire et les horaires jouent un rôle important dans cette perception négative de l'emploi. Ceux qui travaillent le soir ou la nuit sont davantage susceptibles d'être insatisfaits de leur activité professionnelle. Il en va de même pour les bas salariés: 15 % des hommes qui gagnent moins de 20 000 $ sont insatisfaits de leur travail, contre 5 % de ceux dont le salaire avoisine les 60 000 $.
Mais c'est probablement le degré de stress ressenti qui pèse le plus lours dans la balance. Car le quart de ceux qui trouvent leurs journées de travail «extrêmement stressantes» sont, sans surprise, insatisfaits de ce travail. En comparaison, quand le stress ne fait pas partie du boulot quotidien, seule une personne sur quinze n'aime pas ce qu'elle fait.
Les femmes semblent être plus tendues que leurs confrères: l'analyse de Statistique Canada (SC), qui se base sur les données de l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de 2002, montre que 27 % des travailleuses et 19 % de leurs confrères arrivent stressés à la maison, le soir après le boulot. Ce sont surtout les jeunes de 18-24 ans qui s'inscrivent dans cette catégorie.
«Ça demeure beaucoup, mais c'est tout de même moins qu'en 1994, observe Ron Gravel, analyste chez SC. Nous avions alors des taux de tensions-contraintes au travail de 35 % chez les femmes et de 23 % chez les hommes. Ça s'améliore un peu.» Pour certains, toutefois, le problème est chronique: 28 % des hommes et 42 % des femmes qui étaient stressés au boulot en 1994 se sont trouvés dans la même situation huit ans plus tard.
Dans un deuxième volet d'analyse, Statistique Canada révèle que près de 1,2 million de Canadiens âgés de plus de 15 ans ont vécu un épisode dépressif majeur dans les 12 mois ayant précédé l'enquête de 2002. Le Québec se situe, à ce sujet, en plein dans la moyenne canadienne, à 4,8 % (dont 63 % de femmes). L'Île-du-Prince-Édouard a la population la plus en forme psychologiquement (2,6 %), tandis que l'Alberta présente un taux de 5,6 %.
Chez les personnes âgées de 18 ans ou plus qui ont fait une dépression, sept sur dix avaient alors un emploi. L'enquête note que plus les gens étaient stressés au travail, plus ils étaient sujets à faire une dépression (le taux est jugé «significativement plus élevé»): le stress au boulot n'est pas l'unique facteur de déclenchement d'une dépression, indique-t-on, mais il fait bien souvent partie de la complexe équation.
Enquête de Statistique Canada
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