OTTAWA | Le ministre du Patrimoine, Steven Guilbeault, a dû faire une profession de foi pour l’indépendance de la presse, lundi, après qu'il eut tenu des propos semant la confusion sur la réforme à venir des lois sur la radiodiffusion et les télécommunications.
«Notre gouvernement n’a aucune intention d’exiger des licences pour les médias d’information, pas plus que nous allons en réglementer le contenu», a-t-il martelé alors qu’il fait face à une foule d’accusations de vouloir censurer les médias d’information, sur les réseaux sociaux.
«Nous sommes engagés à ce que nous ayons au Canada une presse indépendante et libre, ce qui est essentiel à notre démocratie», a-t-il ajouté.
En entrevue à l’émission Question Period sur les ondes de CTV, dimanche, M. Guilbeault a toutefois semblé ouvrir la porte à ce que le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications (CRTC) exige des licences de tous les sites web d’information.
«Évidemment, si vous êtes une très petite organisation médiatique, les exigences ne seraient probablement pas les mêmes que si vous êtes Facebook ou Google, a-t-il dit. Il faudrait une proportionnalité [...], mais nous demanderions à ce qu’ils aient une licence.»
Le ministre Guilbeault était alors appelé à se prononcer sur des recommandations du panel d’experts qui s’est penché sur l’éventuelle modernisation des lois canadiennes sur la radiodiffusion et les télécommunications.
Dans le rapport déposé mercredi dernier, le groupe de sages suggère notamment au gouvernement de forcer des producteurs de contenu comme Netflix à favoriser la «découvrabilité» du contenu canadien. On propose ainsi que ces géants du web s’inscrivent à un système de licences du CRTC pour répondre à des exigences.
Lundi, M. Guilbeault a précisé que ces recommandations ne concernent pas les médias d’information. «Le rapport les exclut spécifiquement de tout ce qui concerne la question des licences sur les investissements et les obligations de découvrabilité», a-t-il insisté lundi.
Selon lui, la confusion vient du fait que certaines personnes «ont peut-être lu le rapport trop vite» ou de la façon dont l’animateur de Question Period, Evan Solomon, a posé sa question.
Les conservateurs ont profité de la confusion pour accuser les libéraux de vouloir contrôler la presse. «On se croirait en Corée du Nord ou encore au royaume de Big Brother», a lancé Steven Blaney, le porte-parole conservateur en matière de patrimoine.