Sondage: en faveur de la ligne dure

Pour réaliser cette enquête, CROP a eu recours à une liste d'internautes

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Denis Lessard (Québec) La population appuie massivement la décision du gouvernement Charest de recourir à une loi spéciale pour stopper l'affrontement avec les étudiants sur la hausse des droits de scolarité.
Réalisé à chaud jeudi et vendredi, au moment où l'Assemblée nationale débattait de la loi d'exception, un sondage CROP révèle que le gouvernement Charest a l'appui très net de la population quand il adopte la ligne dure. «Les gens sont inquiets, ils ne reconnaissent plus leur Québec, leur société consensuelle. Ils veulent retrouver la sécurité et l'ordre, aussi ils se rallient très nettement au gouvernement», observe Youri Rivest, vice-président de CROP.
La maison de sondage a commencé à joindre les 800 internautes qui ont participé à l'enquête en fin d'après-midi, jeudi, avant que le contenu exact de la loi ne soit rendu public. Le sondage ne posait pas de question sur l'encadrement du droit de manifester, mais les intentions connues, comme la mise en place d'amendes sévères et la suspension du trimestre, en faisaient partie.
Derrière le gouvernement
Les répondants, à 66%, sont pour la décision du gouvernement de recourir à une loi spéciale, et 34% sont d'avis contraire. Les Québécois sont aussi, généralement, davantage d'accord avec le gouvernement qu'avec les étudiants. Quand on leur demande de choisir entre l'offre de Québec (hausse des droits de scolarité étalée sur sept ans) et celle des étudiants (le gel), 68% des répondants appuient le gouvernement et 32% seulement se rangent du côté des étudiants. On observe que 53% des gens de la région de Québec sont «totalement» d'accord avec la position de Québec. C'est bien plus que la moyenne québécoise de 44%.
À Montréal, seulement 37% des gens sont, sans nuance, dans le camp du gouvernement.
Scepticisme face à un réglement rapide du conflit
Favorables à la loi spéciale, les Québécois sont pourtant partagés sur son impact. Seulement 32% pensent «qu'elle va aider à régler le conflit». Les deux tiers des répondants sont d'avis contraire: 32% croient que cela «va empirer les choses» et 36% sont d'avis que cela ne fait que reporter le problème à plus tard.
Les gens de la région de Québec se distinguent encore: 47% estiment que la loi va contribuer à en finir avec cet affrontement, alors que 26% des Montréalais seulement partagent cet avis.
Seulement 16% des gens pensent que Jean Charest aurait dû céder et décréter un moratoire sur l'augmentation des droits de scolarité; 43% approuvent qu'il ait confirmé la hausse et 41% pensent qu'il devrait continuer à négocier avec les associations étudiantes.
Relancés sur «l'attitude» générale du gouvernement dans ce conflit, les Québécois lui sont clairement favorables. Ainsi, 60% des gens jugent «justifiée» la position de Québec, alors que 40% sont d'avis contraire. En région, on appuie Québec à 69%, tandis que 47% des répondants montréalais réprouvent son attitude.
Quand on soumet l'attitude des étudiants au verdict des citoyens, 65% des gens la désapprouvent. Cette proportion monte à 73% en région, en dehors de Québec et de Montréal. En revanche, 35% des gens appuient les jeunes, et 42% des Montréalais cautionnent leur attitude.
Pour 40% des Québécois, le gouvernement et les jeunes étaient «fermés à toute négociation». Le «droit de grève» des étudiants trouve davantage d'adversaires que d'appuis: 53% des gens sont contre, et 47% pour. À Montréal, 56% des répondants estiment que les étudiants ont le droit de faire la grève tandis que, en région, 64% sont d'avis diamétralement opposé.
La population est aussi très partagée quand on lui demande si les leaders étudiants représentent bien leurs membres: 49% jugent qu'ils font du bon travail, tandis que 51% pensent l'inverse. Ici, le spectre des répondants donne davantage d'indications: 13% pensent qu'ils représentent très bien leurs troupes, tandis que 21% sont d'avis totalement inverse.
Une chose est bien claire, toutefois: les enseignants feraient mieux de rester à l'écart de cet affrontement. Pour 58% des gens, ils devraient «rester neutres», et 32% des répondants croient qu'ils devraient «appuyer les étudiants qui désirent suivre leurs cours». S'ils appuient le boycottage des étudiants, les enseignants ne trouveront qu'un maigre 9% d'appuis dans la population.
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Méthodologie du sondage
Pour réaliser cette enquête, CROP a eu recours à une liste d'internautes qui ont accepté de participer à ses sondages. À partir de cette liste, un échantillon de 800 personnes a été constitué, au hasard, et les questionnaires ont été transmis. Les répondants reçoivent un courriel pour les inviter à remplir le questionnaire et ne peuvent participer qu'une fois à l'enquête. Le sondage a été mené à partir de jeudi vers 16h30 et s'est terminé vendredi midi.
La maison de sondage a des mécanismes de contrôle pour s'assurer du sérieux des répondants. L'échantillon est pondéré, pour s'assurer qu'il représente fidèlement l'ensemble de la population selon les critères de sexe, d'âge, de scolarité et de langue maternelle.
La plupart des grandes maisons de sondage au Québec, au Canada, aux États-Unis et en Europe ont désormais recours à ce type d'enquête. Les résultats sont aussi fiables qu'une enquête téléphonique. Aux dernières élections fédérales, ces études en ligne ont fidèlement prédit les résultats. Ces enquêtes ne comportent pas de marge d'erreur, puisque l'échantillon «non probabiliste» n'est pas constitué à partir de la totalité de la population.


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