Stephen Harper (Photo Bloomberg)

Gilles Toupin - Les conservateurs de Stephen Harper ont pratiquement rattrapé les bloquistes de Gilles Duceppe au Québec avec des appuis populaires quasi similaires de 29% (PCC) et 30% (BQ), selon un sondage CROP-La Presse réalisé du 13 au 26 mars derniers.

Le mois dernier, selon le précédent sondage CROP-La Presse, le Bloc devançait le Parti conservateur de six points (33 à 27). Aujourd'hui les conservateurs sont virtuellement à égalité avec la formation souverainiste.
«Si l'on compare de plus le score du Bloc aujourd'hui avec celui des dernières élections générales, où il recueillait 42,1% de la faveur populaire au Québec, le Bloc est le parti qui a le plus perdu en cours de route, soit une plongée de 12 points», constate le vice-président de la maison CROP, Claude Gauthier.
«Quant aux libéraux, ajoute-t-il, ils stagnent au Québec. Ils étaient à 20,7% en janvier 2006 et ils sont aujourd'hui à 20%. Les conservateurs, eux, ont gagné quelques points. Ils sont passés de 24,6% aux dernières élections à 29% aujourd'hui. Mais le parti qui profite davantage de la baisse de popularité du Bloc québécois, c'est le NPD. Les néo-démocrates sont en effet passés de 7,5% en janvier 2006 à 15% aujourd'hui.»
Fort à Montréal, plus faible en région
Les chiffres du sondage démontrent cependant que le Bloc est particulièrement fort dans la région de Montréal où, grâce au vote francophone, il mène 32 à 25 sur les libéraux de Stéphane Dion. Le Parti conservateur recueille de son côté 21 points à Montréal.
Dans la région de Québec, les conservateurs continuent de dominer avec 41% des intentions de vote contre 25% au Bloc, 17% au NPD et 14% au PLC, ce qui est une autre mauvaise nouvelle pour M. Dion.
Ailleurs, en région, le Bloc fait 30% et les conservateurs 34%.
«Si cette tendance se maintient, estime Claude Gauthier, les conservateurs peuvent peut-être causer des surprises et rafler certaines circonscriptions bloquistes en province, comme cela s'est fait lors d'élections partielles. Il ne s'agirait évidemment pas d'un raz-de-marée mais il est quand même significatif de constater que, si l'on prend le vote francophone à l'échelle du Québec, les bloquistes, qui obtiennent 35% de ce vote, sont chauffés par les conservateurs qui récoltent 30%. Les conservateurs sont ainsi relativement forts chez les francophones.»
Pour la maison CROP, il n'y a rien là de surprenant. «Si des gens se détachent du Bloc québécois, affirme Claude Gauthier, c'est qu'ils sentent moins la pertinence du Bloc présentement. Le Bloc québécois est populaire et fort lorsqu'il y a à Ottawa un parti qui donne l'impression d'être peu ou pas ouvert au Québec, comme c'était le cas du temps des libéraux de M. Chrétien. Aujourd'hui, le conflit entre le gouvernement fédéral et le Québec est moins apparent parce que M. Harper joue en général un carte d'ouverture vis-à-vis du Québec.»
Satisfaits d'Ottawa
Le degré de satisfaction de la population envers le gouvernement du premier ministre Stephen Harper confirme d'ailleurs ce constat. Cinquante-cinq pour cent des personnes interrogées affirment être satisfaites du présent gouvernement du Canada, un score qui n'est pas bien loin de celui du premier ministre du Québec Jean Charest (61%). Le dernier budget fédéral, l'affaire Cadman et le vote en faveur de la prolongation de la mission militaire canadienne en Afghanistan n'ont guère eu d'impacts négatifs sur l'électorat québécois.
Et lorsque l'on demande aux Québécois qui, parmi les leaders fédéraux, ferait le meilleur premier ministre du Canada, Stephen Harper l'emporte haut la main avec 35% des appuis suivi par le néo-démocrate Jack Layton (24%) et le libéral Stéphane Dion, qui continue d'être le mal aimé des Québécois avec un maigre résultat de 16%.
«M. Dion est encore troisième à ce chapitre, commente Claude Gauthier. Il a même plongé en un mois de trois points. Ce n'est pas rien. Il n'est pas en remontée, c'est le moins qu'on puisse dire.»