Scheer veut en finir avec l’ère Harper

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Le PCC profitera-t-il de la déconfiture bloquiste ?

Le chef conservateur Andrew Scheer chauffe Justin Trudeau dans les sondages pour une toute première fois. Mais il admet qu’il a encore le « défi » de sortir de l’anonymat et de rompre avec l’époque de Stephen Harper. Pour y arriver, il organise une grande tournée au Québec dans le but de démontrer que les tactiques négatives et la froideur qui ont défini l’ère Harper sont mortes et enterrées.


Au cours d’une entrevue avec Le Journal, le politicien de 38 ans a donné un aperçu de sa stratégie pour faire sa marque avant les prochaines élections fédérales en 2019.


Il souhaite d’abord mettre de côté les « attaques personnelles » contre le chef libéral Justin Trudeau, qui ont été le pain et le beurre des conservateurs lors des dernières élections en 2015.


M. Scheer prend même le soin de lancer des fleurs au premier ministre, qui « sacrifie » sa vie personnelle pour servir son pays, dit-il. « Les conservateurs gagnent quand ils proposent une vision positive de la société », dit M. Scheer. Promesse de politicien ? L’avenir nous le dira.


Un chef ouvert



M. Scheer souhaite aussi s’imposer comme étant un chef jovial et « ouvert », pour faire oublier la froideur perçue de son prédécesseur. « J’ai une manière très, très chaleureuse [de faire de la politique]. J’aime le peuple, j’aime les gens. » Mais pas question pour l’Ontarien de courtiser les mouvements d’extrême droite, que certains associent à son parti.


« Il n’y a aucune place [chez nous] pour les messages racistes, intolérants et qui divisent, point final », martèle M. Scheer, agacé par la question.


LE QUÉBEC, UNE PRIORITÉ


Le Québec sera l’un des principaux champs de bataille politiques lors des prochaines élections fédérales. Andrew Scheer promet donc d’offrir aux Québécois des solutions « distinctes » et « spécifiques » à leurs problèmes pour les attirer dans son giron, sans toutefois en dire plus. Pour y arriver, les conservateurs organisent une grande tournée dans la province, a confirmé M. Scheer. « Mes collègues québécois m’ont dit qu’une chose très importante pour les électeurs québécois est d’avoir une connexion personnelle » avec les politiciens. Il promet donc de se faire beaucoup plus présent dans les événements à travers la province. La tournée prendra son envol après le congrès des militants conservateurs, à Saint-Hyacinthe, à la mi-mai, a annoncé M. Scheer.


ÉQUILIBRER LE BUDGET DE PLUS EN PLUS DUR


Partant du principe que « tous les gouvernements dépensent trop », Andrew Scheer souhaite imposer un régime minceur à l’appareil fédéral. S’il est élu premier ministre en 2019, il promet de déposer un budget équilibré dans un délai de deux ans. Mais, selon lui, les dépenses des libéraux mettent en péril cet engagement. « Chaque année qui passe fait en sorte que ça devient plus difficile pour moi d’équilibrer le budget », explique-t-il. En creusant des déficits, le gouvernement Trudeau a envoyé un mauvais message aux fonctionnaires fédéraux, qui ont eu de « mauvaises idées », menant à du gaspillage. M. Scheer cite en exemple l’installation d’une patinoire temporaire de 8,2 millions $ devant le parlement, à Ottawa.


FINI LES CAMPAGNES NÉGATIVES ?


Les conservateurs ont allègrement utilisé les publicités négatives pour attaquer leurs adversaires lors de la dernière campagne électorale. Andrew Scheer promet de s’éloigner de cette stratégie, à la faveur d’un message plus « positif ». Dans un étonnant moment de candeur, il est même allé jusqu’à rendre hommage à son principal adversaire. « Je respecte sincèrement Justin Trudeau comme homme, comme un collègue, comme un père de trois enfants, qui doit faire beaucoup de sacrifices, a livré M. Scheer. On va parler de l’impact de ses politiques. Je n’attaquerai pas la personne. Je pense que les Canadiens ne veulent pas voir des attaques personnelles. »


PAS DE PROMESSE DE CABINET PARITAIRE


Justin Trudeau a établi un nouveau standard en présentant un cabinet de ministres composé de 50 % de femmes. M. Scheer refuse d’en promettre autant. « Je vais m’assurer que les femmes soient bien représentées dans le cabinet », se contente-t-il de dire, avant d’ajouter :


« C’est essentiel de baser ce genre de décision sur l’expérience et les qualifications des députés. Mais je suis très confiant que je vais avoir beaucoup de députées féminines avec la capacité et l’expérience [nécessaire]. »


Présenter un cabinet paritaire relèverait de l’exploit pour les conservateurs, dont le caucus est composé de seulement 17 % de femmes actuellement, loin derrière les libéraux (29 %) et le NPD (40 %).