Le ministre de la Santé du Québec, Gaétan Barrette, estime que son homologue fédérale, Jane Philpott, pourrait attiser la ferveur souverainiste au Québec si elle n'acceptait pas les conditions du Québec sur les transferts en santé.
À quelques jours d'une rencontre entre les provinces, les territoires et le gouvernement fédéral pour discuter des transferts en santé, M. Barrette a soutenu que le gouvernement fédéral «alimenterait la hargne du (mouvement) souverainiste en place avec son nouveau chef», Jean-François Lisée, s'il ne respectait pas les conditions énoncées par Québec.
Le gouvernement de Philippe Couillard exige de ne pas réduire la hausse des transferts en santé et de ne pas apposer de conditions aux sommes versées aux provinces.
La semaine dernière, la ministre Philpott a refusé de maintenir l'augmentation des transferts en santé à 6 pour cent comme le réclamaient les provinces, qui ont demandé une rencontre avec le premier ministre Justin Trudeau - ce que le principal intéressé a refusé.
Mme Philpott a toutefois promis d'autres enveloppes budgétaires qui seront consacrées à des secteurs en particulier.
Mais selon le ministre Barrette, le fait d'imposer des conditions aux montants versés constitue une ingérence du gouvernement fédéral dans les compétences de la province, ce qui ne laissera pas indifférents les dirigeants du mouvement souverainiste.
«Si le gouvernement fédéral a l'intention d'alimenter le camp souverainiste avec un nouveau chef au Québec, c'est exactement ce qu'il faut faire», a-t-il laissé tomber vendredi en entrevue avec La Presse canadienne.
M. Barrette demande à Ottawa «d'être cohérent» et d'appliquer le même principe que dans le cas des changements climatiques, alors que le gouvernement fédéral «a gardé en place le modèle québécois». La semaine dernière, le gouvernement Trudeau a imposé une taxe sur le carbone à l'échelle du Canada, mais le Québec et l'Ontario pourront conserver leur propre système de bourse du carbone.
«Pourquoi dans les changements climatiques on maintient cette approche-là et qu'en santé on ne la maintiendrait pas? Expliquez-moi ça», s'est-il exclamé.
M. Barrette dit avoir remarqué dernièrement un certain «fléchissement» dans le discours de Mme Philpott, qui aurait laissé entendre qu'il pourrait y avoir une bonification des transferts.
Pour ce qui est des conditions, le ministre de la Santé s'est bien gardé de préciser si le gouvernement du Québec refuserait les montants rattachés à des conditions. Il y a quelques jours, interrogé à savoir si le Québec accepterait l'argent d'Ottawa s'il était assorti de conditions, M. Barrette avait dit qu'il «n'en était pas question».
M. Barrette a rétorqué vendredi qu'il s'agissait là d'une erreur d'interprétation, assurant qu'il ne «laisserait pas l'argent sur la table». M. Barrette affirme ne pas vouloir «tomber dans le piège du fédéral» en répondant à cette question.
«C'est toujours la question proverbiale de l'oeuf et la poule. Ici, la chose à déterminer en premier, c'est le respect de la clause asymétrique. C'est comme si demain matin, vous me demandiez: est-ce que vous allez sortir dehors s'il pleut? Est-ce qu'on peut commencer à voir quel temps il fait demain matin et dans quelle humeur qu'on est?», a-t-il expliqué.
Nicolas Marceau, porte-parole du Parti québécois sur les relations entre le Québec et le Canada, juge que le ministre Barrette a ainsi fait un «aveu d'impuissance et d'incapacité à livrer la marchandise aux Québécois».
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