Berthier-Maskinongé, Ruth Ellen Brosseau

Ruth Ellen Brosseau: de «poteau» à députée

Mme Brosseau suivra des cours de français intensifs, a précisé Marc-André Viau, porte-parole du NPD

2 mai 2011 - NPD - écueil en vue...


Ruth Ellen Brosseau, nouvelle député néo-démocrate de Berthier-Maskinongé.

Isabelle Hachey La Presse - «Please leave a message.»
La voix est fragile. Le message est laconique. Bien vite, la boîte vocale est pleine. Mais les journalistes qui l'ont remplie attendent encore l'appel de Ruth Ellen Brosseau, nouvelle députée néo-démocrate de Berthier-Maskinongé.
Personne ne sait où elle a passé la soirée électorale lundi. Ni comment elle a réagi à son éclatante victoire contre le député bloquiste sortant, Guy André, battu par 5816 voix.
Gérante adjointe d'un bar d'Ottawa, elle n'a jamais mis les pieds dans la circonscription de Berthier-Maskinongé. Elle baragouine le français et n'a accordé aucune entrevue pendant la campagne. Elle ne se montre guère plus loquace depuis son élection.
Hier, la jeune femme se murait toujours dans le silence.
C'est Thomas Mulcair qui a pris la parole. Il a voulu rassurer les électeurs de ce coin de pays rural et francophone. «J'assume la responsabilité de la circonscription, a-t-il promis. Comme je suis le lieutenant du NPD au Québec, tous les choix ont été faits avec mon plein accord.»
«Mme Brosseau ne parle pas encore un français qui soit à la hauteur de ce qu'on attendrait dans une circonscription comme Berthier-Maskinongé, a concédé M. Mulcair. Cependant, j'en fais un engagement personnel: on va structurer son bureau, on va lui donner toute l'aide qu'il faut.»
Mme Brosseau suivra des cours de français intensifs, a précisé Marc-André Viau, porte-parole du NPD. «Elle ne s'attendait pas à gagner. Elle voit sa vie bouleversée», a-t-il expliqué pour justifier son mutisme. Elle commencera cette semaine à rencontrer la presse. «On n'a pas l'intention de la cacher. On veut juste éviter qu'elle se brûle en commençant.»
Mme Brosseau a acquis une certaine notoriété pour avoir passé une semaine de vacances à Las Vegas en fin de campagne. Elle en est venue à incarner le concept de «poteau», ces candidats sans envergure que l'on plante dans le décor en sachant que leurs chances d'être élus sont à peu près nulles.
Sauf que lundi, les électeurs de Berthier-Maskinongé ont choisi le poteau.
Pour Guy André, qui occupait le poste de député depuis 2004, la défaite est humiliante. Mais il se raisonne: «Il y a eu une vague. Poteau ou pas, j'ai l'impression que ça passait...»
Il y a quelques jours, Rod Castro, gérant de l'Oliver's Pub d'Ottawa, ne savait même pas que Mme Brosseau était candidate aux élections. Aujourd'hui, il doit se trouver une nouvelle adjointe.
Il est convaincu que la mère seule de 27 ans, qui se passionne pour les animaux, fera une bonne députée. «Elle est dévouée dans tout ce qu'elle fait. Je présume que ça sera encore le cas.»
Mais à Sainte-Angèle-de-Prémont, Muguette Paillé, cette chômeuse de 53 ans devenue la star de la campagne, n'en revient pas que sa nouvelle députée n'ait jamais foulé le sol de sa circonscription.
«Cela me dépasse! C'est un manque de respect envers les électeurs», fulmine celle qui incarnait, disait-on, la voix du peuple. Elle a pourtant donné son appui au Bloc...


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