Madame la Première Ministre,
Nous sommes inquiets de constater qu’après neuf mois au pouvoir, votre gouvernement ne s’est toujours pas assuré que les Québécois n’aient plus à financer les conflits de travail chez Rio Tinto Alcan par l’achat à vil prix d’électricité dont le Québec n’a même pas besoin.
Il y a un an jour pour jour, alors que le lockout battait son plein à l’aluminerie d’Alma et que les contribuables québécois le finançaient par l’achat d’électricité, vous vous engagiez sur les ondes de la radio régionale à « corriger le tir » pour « rétablir le rapport de force » perdu parce que « Rio Tinto Alcan peut vendre son électricité, couvrir ses coûts et évidemment se retrouver dans une position beaucoup plus positive, beaucoup plus favorable que ne le sont les syndiqués ».
Vous assuriez qu’une fois au pouvoir votre gouvernement aurait « l’occasion […] de s’assurer qu’il n’y a pas d’avantages indus qui sont donnés à certaines entreprises par rapport à d’autres, qu’il n’y a pas des avantages importants donnés à des entreprises qui les mettent dans la situation où se trouve actuellement Rio Tinto Alcan vis-à-vis de ses travailleurs. […] L’objectif va être atteint et on prendra les moyens pour y arriver. »
Un an plus tard, on attend toujours. Le lockout à Alma a beau être réglé, une épée de Damoclès pend toujours au-dessus des têtes des travailleurs de Rio Tinto et, par ricochet, de l’ensemble des contribuables du Québec. La plupart des conventions collectives de Rio Tinto Alcan au Saguenay -Lac-Saint-Jean arrivent à échéance en 2015. Un lockout dans toute la région représenterait un coût d’achat de surplus électriques de 1 milliard par année, estimé à partir des coûts réels payés par Hydro-Québec à Rio Tinto Alcan lors du conflit à Alma l’an dernier.
Les prix de l’aluminium sont à la baisse et les surplus d’inventaires mondiaux sont importants. Sachant qu’elle peut financer une grande partie de sa baisse de production par la vente d’électricité à Hydro-Québec, Rio Tinto Alcan pourrait être tentée de provoquer un nouveau lockout, cette fois dans plusieurs de ses alumineries en même temps.
Le gouvernement n’a certes pas à intervenir dans les relations de travail. Toutefois, il faut impérativement revoir les dispositions qui permettent à Rio Tinto Alcan de vendre à profit ses surplus d’électricité en période de conflit de travail. En assemblée annuelle, les délégués des Métallos recommandaient « d’exclure la notion de conflit de travail dans les “cas de force majeure” et de veiller à ce que l’énergie rachetée à Rio Tinto Alcan le soit uniquement si Hydro-Québec en a besoin, et cela, au prix coûtant ».
Les gens du Saguenay -Lac-Saint-Jean et de tout le Québec doivent être sûrs que leur hydroélectricité ne servira plus à financer des conflits de travail. Nos ressources doivent permettre de créer de bons emplois, à défaut de quoi les multinationales ne devraient plus avoir le privilège de les exploiter.
Daniel Roy - Directeur québécois du Syndicat des Métallos
Lettre ouverte à Pauline Marois
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