À la veille de la désignation du nouveau gouvernement péquiste et comme je l'ai déjà souligné dans d'autres réflexions, le paysage politique du Québec poursuit sa mue. Plusieurs facteurs majeurs ont modifié les enjeux mis de l'avant par les formations politiques, la société civile et les autres acteurs principaux au Québec et dans le reste du Canada. Quels sont les enseignements clés que peuvent en tirer les différentes formations politiques ? Comment peuvent-ils favoriser les progrès sociopolitiques au Québec?
Ce qui suit est un essai de réponse à ces deux questions. Au-delà de l'acte violent, commis au Métropolis dans la nuit du 4 au 5 septembre 2012 et de ses répercussions tant immédiates que futures sur les institutions Canadiennes en général et Québécoises en particulier ainsi que sur les citoyennes et citoyens du pays.
Personne ne peut nier qu'en l‘espace d’un printemps et d’une campagne électorale, le sens commun a imprégné une façon nouvelle de faire la politique. Cela se vérifie parce qu’il a imposé ‘’une anesthésie politique'' aux promesses principales des partis en lice - la souveraineté et la charte de la laïcité pour le PQ, la création des 250.000 emplois pour le PLQ, la suppression des commissions scolaires et de l’agence de la santé pour la CAQ, la gratuité de l’éducation nationale et l’élimination de la suprématie de la Loi sur les mines pour QS - la durée de cette insensibilisation pourrait être de 12 mois et plus et dans la limite de 18 mois.
Une autre conséquence du vote contre le gouvernement sortant est observée dans l'espace de la gouvernance qui s'est subitement refermé sur un statuquo que les acteurs du changement ne souhaitaient pas maintenir tel quel, et en considérant leurs calculs à long terme, parce qu'il restreint leurs actions.
Selon les différents angles de lecture de tout un chacun, deux constatations peuvent être mises en exergue, c’est en premier lieu la non réélection du chef du gouvernement dans son propre territoire malgré la préservation de 50 sièges au parlement et forcément une course à la chefferie. À ce stade de la réflexion, deux tendances majeures de la vie politique libérale sont ainsi observées, d’une part - et quoiqu'en disent les médias acquis à la cause fédéraliste, ses propres militants et son chef sortant - le parti libéral n'est plus en bon état parce que miné par de fortes présomptions de corruption que les travaux de la commission Charbonneau pourraient confirmer. Des dissidences apparaitront au grand jour dans les semaines qui vont suivre et elles influeront sans aucun doute sur le choix du nouveau chef de ce parti. Bien entendu ses élus feront de sorte que cela ne paraisse pas.
C’est en second lieu, le programme gouvernemental du Québec devra être, revu et mis au gout du jour par une équipe péquiste qui aura à mettre de l'avant au moins deux atouts : des qualités intrinsèques de gouvernance pour mener à bien la gestion des affaires courantes et des compétences en prospective afin d'appréhender autrement l'avenir.
Par ailleurs les objectifs du gouvernement Marois gagneraient à être revus et adaptés en tenant compte de facteurs endogènes et exogènes difficilement maîtrisables. Par exemple poursuivre la mise à niveau de la loi 101 mais en procédant à une révision de la méthodologie de prise en charge pour éviter les manifestations de rejets exprimés par une partie des poches d’expression anglophone du Québec. Un second exemple réside dans la nécessaire réflexion pour améliorer l’image du PQ et de ses rapports citoyens afin de passer le projet de loi sur la laïcité et notamment en rassurant ou pour le moins en gérant les groupuscules actifs des minorités culturelles les plus en vue.
Pour la partie exogène, il s'agira essentiellement d'harmoniser ou encore concilier le contenu des résolutions pour la souveraineté avec les attentes de tous les concernés, du fait que la simple expression d'un projet référendaire attise les tensions et provoque des réactions que ce soit ici au Québec ou dans le RoC.
Il est aussi impératif de réfléchir à un plan de communication plus adapté aux besoins de l'heure. Ce qui aura pour mérite d'agir en suivant deux voies convergentes, la première pour éviter que ne se reproduisent des actions spontanées ou réfléchies de la part d'individus ''politiquement qualifiés de solitaires et auteurs d'actes isolés'' ainsi que les réactions épidermiques des médias anglophones ; la seconde pour mieux gérer l'image et les relations avec d'abord avec la majorité de la population québécoise et ensuite avec les média véritable courroie de transmission vers le citoyen indécis. Il faut dire que l’une des plus grandes entraves à la souveraineté restera toujours la façon la meilleure pour ''apprivoiser le RoC'' toujours réfractaire à l’égard de la pensée souverainiste pourtant légitime à plusieurs égards.
Ferid Chikhi
Législatives 2012
Richesse des enseignements et sens commun
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Algéro-Canadien, Ferid Chikhi vit au Québec depuis 2001. Conférencier et formateur, il est membre de plusieurs groupes et collectifs d’études. Contributeur de presse il est auteur d'articles, de réflexions et d'analyses tant politiques qu’économiques. Il a publié divers textes sur les problématiques d’accueil et d’intégration des immigrants au Québec. Ferid est membre du Conseil d'administration des IPSOs ; membre fondateur de l'Association des Nord-Africains pour la Laicité (AQNAL) ; membre du Groupe d'Études et de Réflexions Méditerranée Amérique du Nord (GERMAN) et l'animateur du site www.convergencesplurielles.com
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