Retour aux sources

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Un atout de plus dans la manche de Lisée

Le retour de Jean-Martin Aussant réussira-t-il à refaire du Parti québécois une solution de rechange possible au PLQ et à la CAQ ? La question est tentante, mais elle rate l’essentiel. La vérité est que le PQ n’en est plus à se chercher un énième « sauveur ».


Troisième dans les sondages, son chef Jean-François Lisée a compris qu’il devait oser l’inattendu. Son virage favorable à des services publics forts lui permet déjà de se démarquer plus clairement du PLQ et de la CAQ.


Idem pour la nomination de Véronique Hivon comme « vice-cheffe » et la visibilité qu’il accorde à son équipe. Bref, le chef péquiste démontre un niveau d’humilité qu’on ne lui connaissait pas.


Le retour de l’ex-député péquiste et ex-chef fondateur d’Option nationale (ON) s’inscrit dans la même démarche. À 20 % d’appuis, M. Lisée n’a pas le luxe de se passer des meilleurs éléments disponibles. M. Aussant en fait partie.


Héritier


L’héritier politique de feu Jacques Parizeau, Jean-Martin Aussant, est le pédagogue d’une souveraineté moderne le plus prometteur de sa génération. À ON, il avait réussi à mobiliser des milliers de jeunes professionnels. Cette carte manque gravement à M. Lisée.


Le PQ s’étiole en fait depuis le dernier référendum. En entrevue chez Gravel le matin, Lisette Lapointe, épouse et veuve de M. Parizeau, rappelait tout le dommage fait par ce long silence du PQ sur son option. Sauf, note-t-elle, « pour l’épisode Pierre Karl Péladeau ».


En cela, le vrai problème n’est pas le refus de M. Lisée de s’engager à tenir un référendum dans un premier mandat. Il est dans son refus de consacrer des fonds publics à sa préparation. Alors, comment concilier l’attentisme de Lisée avec la clarté d’Aussant ? Par un compromis.


Compromis


Si le PQ est élu, M. Aussant aurait comme mission de mettre à jour les études sur l’indépendance à même les fonds publics, mais sans que ceux-ci servent à promouvoir l’option. Cela convaincra-t-il des souverainistes à voter PQ ? À suivre.


L’arrivée de M. Aussant est aussi une arme à deux tranchants. L’espoir des libéraux est que le PQ remonte juste assez pour bloquer la voie à la CAQ tout en les laissant se faufiler entre les deux. Or, la politique n’est pas une science exacte. Les calculs sont une chose, la réalité en est souvent une autre.


De fait, le plongeon de M. Aussant envoie plusieurs signaux. Sur le front de la souveraineté, il donne à M. Lisée une crédibilité qui lui manquait. Il offre au PQ une grosse pointure en économie et pourrait faciliter le recrutement de candidats et de militants.


Surtout, il dit aux souverainistes que la fin n’est pas encore tout à fait là. Que quoi qu’il arrive le 1er octobre, il y en aura, et non les moindres, pour veiller au grain. Voire même, victoire ou défaite, pour tenter à nouveau le rassemblement des formations souverainistes qui, cette fois-ci, a lamentablement échoué.


Car ce n’est pas tant le PQ qu’ils devront rescaper que l’option souverainiste elle-même. Question de préserver l’avenir.