Reprendre le départ

Tribune libre

Nous avons appris récemment que Line Beauchamp prenait sa retraite de la vie politique active. À prime abord, nous pouvons être soulagés de son retrait de la scène étant donné qu’elle prenait personnellement les confrontations qu’elle essuyait avec les fédérations étudiantes et l’opposition de la population à l’endroit du gouvernement. Dans un certain sens, Michelle Courchesne semble être mieux outillée pour discuter avec le milieu de l’éducation. Par contre, il nous faut prendre garde de tenir pour acquis que le mandat confié facilitera la résolution des litiges de la grève étudiante.
Vous l’aurez peut-être remarqué, je prends désormais soin d’appeler qui de droit John James. Depuis le début du conflit étudiant, nous voyons de plus en plus la dérive trudeauiste de John James. D’une manière ou d’une autre, c’est inéluctable et les livres traitant d’histoire politique le retiendront. Toujours aussi décidé à maintenir la ligne dure, démontrant par son ton ses limites en matière de résolution des conflits, John James persiste dans l’intimidation et le recours à la force. Fanfaronnant la multiplication des signes d’ouverture à l’endroit des étudiant-e-s, John James a donné sa confiance à Michelle qui soutient souhaiter que «les représentants étudiants et les étudiants fassent leur bout de chemin». Visiblement, nous sommes dans une divergence de perspectives.
À Montréal, nous sommes dans l’épicentre des secousses médiatiques. Par plusieurs fois, le métro a été la scène d’actes isolés ou synchronisés c’est selon. Aussitôt qu’un débordement était constaté, les autorités ont musclé leur discours en faveur d’une plus grande répression. Gérald Tremblay ne fut pas étranger à ce phénomène de durcissement du ton. Menaçant d’emboîter le pas à une adoption du principe de criminalisation du port de masque dans les manifestations, le maire de Montréal trouva plusieurs alliés dans sa croisade. Nous en rajoutons avec « [l’] incitation à craindre une activité terroriste» alors que cet acte d’accusation est inapplicable quand nous évoquons une cause sociale, tel l’enjeu de la grève étudiante.
Nous avons pu lire cette semaine le plaidoyer de Bernard Landry en faveur de la gratuité scolaire. Dans son exposé de la situation, nous avons pu retenir qu’il traitait à mots couverts du principe de remboursement proportionnel au revenu. Il ne saurait en être question d’aucune manière, si nous empruntons la voie britannique. Mardi, Véronique Hivon a déposé une motion controversée s’intitulant : «Conformément aux principes de la séparation des pouvoirs, que l'Assemblée nationale exprime que, dans une société de droit, les injonctions doivent être respectées.» Sur le coup, le réflexe d’une réflexion sur le sujet s’imposait. Face au machiavélisme du gouvernement John James et la perspective du soutien idéologique de la CAQ, il fallait faire d’une pierre deux coups. J’aviserai au moment de fixer mon choix politique.
Robert Dutil prétend la transition «de la loi de la force à la force de la loi» pour expliciter quelque parcours démocratique. Dans cette singulière mise en abîme, j’analyserai les vertus qu’aurait l’État d’exercer le monopole de la contrainte physique légitime. De reprendre Gérard Deltell : «Êtes-vous en faveur de la désobéissance physile... physique... civile, pardon?» Il venait d’aborder les réponses fournies par Amir Khadir lors d’une entrevue à La Presse. Gérard s’avise de comparer la situation actuelle avec la ségrégation des années 1950 et l’émergence de Martin Luther King. Le rapprochement est d’autant plus douteux qu’il évoque les carrés verts dans la même phrase ?
Hier, les principaux porte-paroles des fédérations étudiantes ont rencontré brièvement Michelle Courchesne. Les manchettes parlent de rencontre destinée à rassurer les étudiant-e-s. D’autre part, nous envisageons un possible coup de force pour forcer le retour en classe. Comment évoquer une société de droit sans maintenir notre capacité légitime d’indignation ou exercer quelque droit à la dissidence ? Nous nous devons de nous prêter de bonne grâce à une loi que nous considérons juste et toute force s’y opposant saura s’épuiser quelque part en cours de route. Tel est le dilemme que nous affrontons comme étudiant-e-s.
Référence : [http://www.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/assemblee-nationale/39-2/journal-debats/20120515/58533.html->Référence : http://www.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/assemblee-nationale/39-2/journal-debats/20120515/58533.html]


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