Laïcité

Réponse à Richard Le Hir

Tribune libre

Dans mon texte précédent, je disais que je ne voyais que deux hypothèses pour expliquer la résistance au retrait du crucifix de l'Assemblée nationale.
Je parlais de résistance de la population. Cette résistance me surprend. Je croyais que notre société avait clairement opté pour la séparation de l'église et de l'État, mais force est de constater que ce n'est pas tout à fait le cas. L'attachement à la foi catholique est considérable. Certains vont même jusqu'à insinuer que c'est grâce à cette religion que la science a pu "avancer".
Ma première hypothèse pour expliquer la résistance était que la laïcité était mal comprise, mal définie. Il semble qu'on ne tienne pas vraiment à définir clairement la laïcité et que sa compréhension n'intéresse que peu de gens. Pour plusieurs, être conséquent avec la laïcité signifie de l'auto-flagellation, un reniement de son identité ou encore de plier devant la volonté de l'immigrant. Une réaction étrange, comme si ce choix de séparer l'église et l'État était douloureux comme la flagellation, comme si notre "identité" était le crucifix et comme si l'immigrant était laïc.
On constate par ces réactions passionnelles que notre attachement au catholicisme est encore important. On ne va plus à la messe, mais on est sérieusement religieux. On ne se coupe pas du joug religieux en criant ciseau.
Il y a aussi la peur du changement. Comme disait John Maynard Keynes: « La plus grande difficulté n’est pas de persuader les gens d’accepter de nouvelles idées, mais de les persuader d’abandonner les anciennes. »
Ce n'est pas pour rien que le Québec a voté deux fois contre son indépendance, on a peur du changement. Nous sommes comme l'oisillon qui craint de voler de ses propres ailes. Nous aurions besoin que «sa majesté» en personne nous pousse hors du nid.
Alors, aller de l'avant avec le retrait du crucifix qui est au-dessus du, de la Président-e c'est un changement brutal de notre "moi" historiquement guidé par l'œil omniprésent de dieu qui nous surveille et nous menace. D'être incapable de retirer le crucifix de l'endroit où notre démocratie s'exerce n'augure rien de bon pour faire des pas encore plus osés (comme l'indépendance).
On constate que la présence du crucifix à l'Assemblée nationale ne doit pas être remise en question. Nous continuerons à vivre éternellement comme par le passé. La résistance de la population s'explique donc par cet attachement viscéral à "nos" valeurs religieuses supérieures à toutes autres valeurs.
Voilà qu'après avoir observé "de loin" (sic) le "débat" «crucifix du salon bleu», monsieur Le Hir ne peut résister à sauter dans l'arène.
Pour un politicien, peut-on appliquer les mêmes deux hypothèses que pour la population pour expliquer sa réticence. Je ne crois pas. Un politicien fonctionne avec des paramètres différents. Il y a deux motivations majeures pour un politicien. Se faire élire et travailler pour ceux qui ont le plus favorisé son accession au pouvoir.
On constate que Monsieur Le Hir est en pleine pré-campagne pour un retour en force aux prochaines élections.
Monsieur Le Hir a bien observé la tendance et a décidé d'épouser la cause de la majorité des lecteurs de Vigile, soit la sauvegarde du crucifix du salon bleu. Cette position peut-être "un peu personnelle", est avant tout électoraliste. Monsieur Le Hir a sans doute vu le taux de personnes attaché à ce crucifix, il est alors tout à fait "normal" de le défendre énergiquement. Il récoltera de précieux votes. On ne peut tout de même pas lui reprocher d'agir en politicien. Ancien ministre, on dirait qu'il était ministre du culte. Ce qui motive souvent les politiciens, ce sont les "lobbys". Ils sont bien insistants "les lobbys" et ils peuvent favoriser un apport intéressant à la caisse électorale.
Je n'accuse pas Monsieur Le Hir, mais je ne fais que dire des vérités de La Palice. Des vérités qu'on connaît très bien et qu'on oublie toujours. Les "lobbys" religieux, toutes confessions confondues, sont très actifs et savent s'associer à des gens économiquement puissants.
Mais bon, rien ne prouve que Monsieur Le Hir travaille à son retour sur la scène politique, ni pour un quelconque lobby. Mais on constate que le crucifix du salon bleu l'interpelle suffisamment pour "oser" signer un texte au risque de perdre sa crédibilité.
Pour Monsieur Le Hir le crucifix du salon bleu est plus qu'un symbole religieux, il est aussi un symbole politique.
Il a bien raison, tout comme le voile n'est pas seulement un symbole religieux, mais aussi un symbole politique.
Voilà tout le danger. La religion est encore trop présente en politique et c'est d'ailleurs pourquoi le monde vit tant de tension. On dit que la religion est une affaire de croyance personnelle, un droit fondamental pour chaque individu de pouvoir croire et penser ce qu'il veut. Jusqu'ici, oui, aucun problème, les gens peuvent bien prier le Père Noël ou raël si le cœur leur en dit, mais lorsque le religieux devient politique… ouf, nous nous dirigeons vers la confrontation à plus ou moins brève échéance. Que voulez-vous, toutes les religions ont raison et elles sont toutes supérieures aux autres. Toutes les religions veulent convertir la Terre entière, comme nos ancêtres ont converti ces "sauvages" (sic) "païens".
Si Monsieur Le Hir vénère ce symbole non seulement pour le religieux, mais aussi pour le politique, alors là, ajoutons rapidement un crucifix aux uniformes de nos soldats.
Aujourd'hui nous sommes toujours entourés de symboles de dominations de toutes sortes. Nous sommes toujours dominés. Si ce ne sont pas les unifoliés omniprésents, ce sont les McDonald et les Rio Tinto.
Notre fabuleux crucifix accroché par Duplessis a été à la fois un symbole d'affirmation nationale et de soumission au clergé. Heureusement, le clergé était "français" et contre les protestants anglais. Ce n'est pas la religion qui a fait que nous avons survécu, mais plutôt l'heureuse affiliation des membres du clergé à leur nation canadienne-française. La force politique du religieux et la docilité des Québécois à les suivre a fait que l'outil de la religion nous a servi.
La religion est une arme de manipulation efficace et a toujours été utile en politique. L'Iran maintient son indépendance face aux États-Unis grâce à sa religion. L'Iran a acquis son indépendance face à l'impérialisme occidental (révolution islamique) grâce à sa religion. Le volet politique des religions est bien évidemment important.
Monsieur Le Hir dit:
« À l’époque, le président s’appelait l’Orateur, et son siège était le trône, en rappel de celui de la monarchie qui régnait sur nous. Le gouvernement s’appelait la Couronne, nous étions soumis à l’autorité du lieutenant-gouverneur, et toutes nos références institutionnelles étaient britanniques. »
Aujourd'hui l'Orateur qui a toujours la même fonction s'appelle le Président, son siège est toujours le trône (sur laquelle on m'avait assis lors d'une visite au parlement en 1959 en me disant "tu vas pouvoir dire que tu t'es assis sur la chaise de Duplessis" (c'est la bien première fois que je le dis. Je ne croyais pas avoir l'occasion de le dire, mais la circonstance est tellement bien choisie… que je ne peux résister) et le lieutenant-gouverneur existe toujours, l'honorable Pierre Duchesne, que l'on paie toujours généreusement pour nous rappeler "la couronne". Le fameux crucifix n'a rien changé.
Quand je suis entré à Radio-Canada j'ai dû jurer allégeance à la reine et lorsque j'ai enregistré mon bateau j'ai dû accepté que celui-ci puisse être réquisitionné par sa majesté si besoin il y a. On vit encore avec un tas de vieilles lois du passé. Je ne sais pas si les nouveaux employés de RC jurent toujours allégeance à la reine, mais si tel n'est pas le cas, je ne crois pas que ce soit le crucifix qui ait mis fin à cette absurdité.
Eh oui! Comme le dit M. Le Hir: «Croyez-le ou non, l’introduction du crucifix était pour l’époque un symbole d’émancipation.» Lorsqu'on voit notre attachement à cet anachronisme trônant à notre Assemblée nationale moderne, peut-on parler "d'émancipation" ?
Et pour Duplessis, le fieffé coquin vilain renard, je l'ai suffisamment décrit dans mon tout premier texte. Monsieur Le Hir aurait dû me lire plus attentivement, son cours d'Histoire est redondant et fait diverger le débat vers le passé. Ce n'est pas du passé que l'on discute, M. Le Hir, c'est de l'avenir.
M. Le Hir dit: « À l’époque, nous n’avions guère autre chose que la religion et la langue pour le faire (le moyen d’affirmer le caractère distinct de la société québécoise).»
Ce qui nous intéresse, c'est aujourd'hui. Qu'avons-nous aujourd'hui pour affirmer notre caractère distinct, la langue, bien sûr et… ce crucifix? Non, mais, va-t-on toujours être distinct parce que nous sommes les brebis du clergé ? Un tel Pays me paraît peu reluisant. Se distinguer par un crucifix, aussi bien mettre le voile tant qu'a y être. Je crois qu'il serait temps qu'on se distingue par la laïcité.
À l'époque «Le crucifix à l’Assemblée nationale, c’était aussi un incroyable pied de nez aux Anglais et au monde de la finance.» Aujourd'hui, c'est un incroyable pied de nez aux valeurs de notre Révolution tranquille. Une aberration totale, oui un terrible pied de nez. On dit que nous tenons à un État exempt de l'ingérence religieuse et on se bat pour conserver ce pied de nez au dessus de la chaise de notre Orateur. Le clergé, Mgrs Turcotte et Ouellet en tête, ont un grand sourire derrière la grille de leur confessionnal.
Monsieur Le Hir, croyez-vous avoir besoin de me convaincre que le clergé faisait la pluie et le beau temps à l'époque de Duplessis ? Croyez-vous que je n'ai pas lu les archives de l'époque ?
Laissons un peu tomber l'époque et parlons d'aujourd'hui. Le crucifix du salon bleu, c’est toujours un moyen de nous laisser savoir que nous n'aurons jamais le dernier mot avec le clergé catholique.
Hier, accrocher le crucifix au salon bleu, c’était un acte politique et d'opportunisme populiste dans l'habit de la résistance et d’affirmation. Aujourd’hui encore, pour certains la lutte pour le maintient en place de ce crucifix du salon bleu est un acte politique d'opportunisme populiste, déguisé en résistance et affirmation de notre identité.
Pour moi, notre identité ne s'affirme plus par un crucifix, mais par la fermeté de nos valeurs et le courage de nos gestes. Nous devons respecter le passé et nous en inspirer, mais nous n'avons pas besoin de porter notre ceinture fléchée ou brandir notre crucifix pour affirmer notre identité.
Si nous voulons un Pays, il faut marcher vers l'avant et cesser de ne vouloir rien changer. Monsieur Le Hir, vous devriez regarder un peu le monde actuel afin d'utiliser l'Histoire à des fins plus constructives.
Merci d'avoir "osé" signer ce texte. J'apprécie toujours les gens qui osent signer leurs opinions.
Vous désirez continuer à avoir le crucifix qui bénit nos débats politiques actuels. Vous justifiez votre position par l'Histoire. Votre choix est clair.
Moi, en ce qui me concerne, le choix est simple et tout aussi clair. Le crucifix du salon bleu devrait être déplacé. Je persiste à dire que si nos valeurs ont évolué et qu'elles ont pris le chemin de la séparation totale de l'église et de l'État, je crois que nous devons affirmer nos valeurs en retirant ce vénérable symbole pour le mettre en valeur à un endroit plus adéquat et pour signifier clairement nos aspirations.
Nous ne vivons pas dans le passé. Nous ne voulons pas vivre dans le passé. Nous avons évolué, nous avons eu une Révolution peut-être trop tranquille et nous voulons un Pays où la laïcité permet la gestion paisible d'une société diversifiée.
Serge Charbonneau
Québec


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19 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    2 mars 2010

    À François Tremblay
    Quelques exemples:
    Notons l'importance particulière de l'Eglise dans la vie juridique du Moyen Age. C'est à elle que l'on doit des choses totalement inconnues de l'Antiquité païenne : que la justice se rend dans des temples (improprement appelés "palais") et dans une tenue sacerdotale; tout ceci tient à l'origine divine de la justice du prince, telle qu'elle est montrée dans la Bible, entre autres pour David et Salomon. En outre, l'appel (perçu au Moyen Age comme le grand avantage de la justice ecclésiastique) issu du droit romain passa, grâce à l'Eglise de Rome aux législations modernes En revanche la cassation (ainsi que la juridiction administrative) trouve son origine dans la justice retenue du roi (justice qu'il exerçait en un conseil qui est à la fois à l'origine de la Cour de cassation et du Conseil d'Etat).
    Au-delà de cette influence sur la justice laïque (ou plutôt difficilement laïcisable), retenons l'importance de la justice proprement ecclésiastique, qui déborda longtemps de la société purement cléricale. La question matrimoniale montre particulièrement la fonction d'intermédiaire de l'Eglise entre Rome (où l'Eglise trouva son système du mariage contractuel) et le droit moderne. Longtemps, le mariage resta de la seule compétence de l'Eglise. De nos jours, certains pays catholiques (par ex. l'Italie, pour s'en tenir à un pays voisin) considèrent comme civilement valable le mariage religieux. D'autres, comme la France ont accordé la priorité à un mariage civil, mais en adoptant, plus ou moins consciemment, tel important chapitre du droit canonique (tout ce qui concerne les dispenses pour certains empêchements : la dispense est une étrangeté en droit civil alors qu'elle est très répandue en droit canonique).
    Au-delà du mariage, un véritable envahissement par la juridiction ecclésiastique se produisit au Moyen Age, du fait du justiciable d'abord, séduit par la perspective de pouvoir faire appel, mais aussi - et surtout - du fait de l'Eglise elle-même, qui comme tous les pouvoirs de l'époque, n'était pas insensible aux revenus de l'activité judiciaire (la confiscation des biens était une peine fréquente), et qui prétendait étendre sa compétence à tout ce qui se rattachait à un sacrement ou à un rite assimilable : mariage (et par voie de conséquence contrat de mariage), baptême (et donc questions touchant à la filiation), serment (donc tous les contrats garantis par ce moyen) et enfin extrême-onction (donc succession, surtout pour ce qui concernait les legs pieux faits par le mourant). N'oublions pas la répression de la sorcellerie au XVe et au début du XVIe siècle, où le "bras séculier" n'était que l'exécuteur des décisions des tribunaux ecclésiastiques.

    http://www.balde.net/formations/droit.cours/hist-droit2.3.1.html
    Faudra t-il aussi que l'État laïque québécois cesse d'utiliser le calendrier grégorien qui nous rappelle la naissance de Jésus ? Ou qu'il efface dans les livres d'histoire l'origine et le sens de ce calendrier ?

  • Archives de Vigile Répondre

    1 mars 2010

    M. Gébé Tremblay, vous dite : C’est l’État qui peut se déclarer laïque. Une bonne part de nos lois sont d’inspiration religieuse.
    Vigile est pour moi une école d'apprentissage extraordinaire. Oui, je m'y instruis. Auriez-vous des exemples concrets de lois en vigueur qui sont d'inspiration religieuse ? Merci à l'avance.

  • Archives de Vigile Répondre

    1 mars 2010

    "...cependant nul ne peut imposer à la société un mode de vie autre que celui régi par nos lois laïques."(Serge Charbonneau)
    Des lois laïques ? Qu'est-ce que c'est que ça ?
    C'est l'État qui peut se déclarer laïque. Une bonne part de nos lois sont d'inspiration religieuse. Ce ne veut pas dire que nous devons accepter tous les commandements et dogmes des églises qui les ont aussi adopté.
    La laïcité est la séparation des pouvoirs entre l'État et les institutions religieuses. Ce n'est pas une déclaration d'athéisme ni un rejet de la religion et certainement pas un rejet de la conscience humaine.
    Un État laïque n'a pas plus à "régir" le mode de vie des citoyens que les Églises.
    C'est précisément l'incohérence de nos lois qui font problème ici bien plus que ces institutions religieuses. Nos chartes protègent la liberté religieuse et de conscience des "personnes", mais prend des décisions sur des chartes (collectif) d'institutions religieuses (Églises). Le voile est un bon exemple, car il n'a rien à voir avec la liberté de religion et de conscience. Porter un voile n'a rien de religieux et modifie pas la conscience d'une personne. La religion est affaire de surnaturel, d'esprit, de conscience, de transcendance. Même chose pour les chartes des institutions juives qui imposent dès règles à leurs écoles. Les rituels sont des actes de mémoire pour maintenir la pérénité du culte. Ce n'est pas à l'État de s'adapter à tous les rituels des Églises, c'est aux rituels à s'adapter à l'État. Les rituels ne sont pas la religion, mais son expression. Une personne qui perd ses bras peut faire son signe de croix avec ses pieds.
    Des rituels, même l'État en pratique, à l'Assemblée Nationale, les fêtes nationale, la mort de personnatilés politique, etc... Un État laïque est aussi religieux. Un État athée, matérialiste, comme on a pu en voir en Union Soviétique, je doute que les Québécois en veulent. De grâce, un État avec une âme.

  • Serge Charbonneau Répondre

    1 mars 2010

    Merci pour vos précisions M. Le Hir et désolé d'avoir faussement interprété votre présence assidue sur Vigile.
    Moi aussi je donne mon opinion à titre personnel.
    Je suis désolé que mon style puisse vous sembler à ce point « ad hominem ». Je suis toujours un peu « ad hominem » lorsqu'on joue à faire des leçons. On peut tous se faire des leçons. J'ai peut-être été "bas" comme vous dites, mais j'ai été franc et je signe toutes mes opinions, j'espère que vous le remarquez.
    Je persiste et SIGNE.
    Je ne crois pas que la véhémence de ma réaction face aux opinions contraires soit plus forte que votre propre véhémence, monsieur.
    Vous dites: «Nous ne nous sommes pas affranchis de la tutelle de l’Église pour tomber sous la coupe de nouveaux curés,»
    De quels curés parlez-vous donc ?
    Je ne vous reproche nullement votre attachement à l'Histoire, bien au contraire, je crois que l'Histoire est trop souvent mise de côté. Ce que je vous reproche c'est de ramener le débat en cours à des considérations du passé. Je dis que nous ne sommes pas là pour vivre éternellement l'Histoire passée mais que nous sommes là pour tourner des pages et faire avancer l'Histoire.
    Vous avez bien raison, une société qui ne connaît pas son Histoire ne sait pas d'où elle vient et elle ne sait pas non plus très bien où elle peut aller. Je ne crois pas que ce soit le cas présent avec la société québécoise. Je crois que ce qui manque c'est du courage politique pour faire des débats clairs et savoir ce que nous voulons précisément.
    Ce n'est pas la connaissance de l'Histoire qui est déficiente, c'est le courage politique qui est déficient. Que pensez-vous de ce cirque qu'a été Bouchard / Taylor ?
    Nul le cirque. De grands airs et un savant amalgame pour nous "mêler" l'identité, les valeurs, les aspirations en nous culpabilisant, en nous perdant dans toutes sortes de considérations "vertueuses". Du racisme à la xénophobie en passant par la crise identitaire, comme si nous ne savions pas ce que nous voulions et ce que nous étions et en nous disant de prendre bien soin de ces pauvres femmes stigmatisées par leur voile.
    À Rome on vit comme les Romains et il faudrait commencer au Québec par vivre comme des Québécois. Nos valeurs sont-elles encore à ce point religieuses et catholiques que nous devions nous battre pour garder ce symbole religieux à notre Assemblée nationale. Si c'est ce que nous sommes, eh bien soit!
    La devise du Québec est bel et bien « Je me souviens » .
    Et plusieurs se souviennent que nous avons demandé au clergé de laisser le parlement et de s'occuper de «leur» ministère. Moi, je me souviens très bien.
    La devise du Québec n'a pas changé, Monsieur Le Hir. Au Québec, bien des Hommes et beaucoup de Femmes se souviennent très très bien.
    Par contre, vous, vous semblez avoir la mémoire sélective. Vous avez oublié plusieurs facettes de la fabuleuse époque de Duplessis.
    Et vous Monsieur Le Hir, pourquoi donc devrait-on vous suivre ?
    Vous prenez-vous pour Napoléon au pont d’Arcole ?
    Non, mais, depuis quand donner son opinion c'est dire «qui m'aime me suive» ?
    Quel est donc ce type d'argumentation, monsieur?
    Pourquoi donc revenez-vous constamment dire que vous avez raison et que j'ai tort? Pour qui donc vous prenez-vous? Je ne vous demande pas de me suivre. Vous me demandez de préciser ma pensée et je la précise. Précisez la vôtre si voulez.
    Je crois que votre position est claire. Vous désirez que le crucifix du parlement reste en place pour vénérer une partie de notre Histoire. C'est votre position. Pour vous, notre identité passe par ce crucifix bien en place au salon bleu.
    Pour moi, pas du tout.
    Vous n'êtes pas obligé d'être d'accord. Je ne demande pas à personne d'être d'accord.
    Devrais-je pour vous satisfaire, m'inclinez et vous donnez raison ?
    Je ne vous demande pas du tout d'en faire autant. Je donne ma position et je l'étaye, voilà tout. Libre à vous d'en faire ce que vous voulez. Le débat public sert à faire avancer les idées, sert à sensibiliser les gens et sert à politiser. Si ce débat peut faire en sorte que ce point sorte avec des alternatives claires et courageuses lors des prochaines élections, peut-être aurons-nous 20% de plus de participation lors du vote. Ce ne serait pas un luxe.
    Soyez sans crainte, Monsieur, je ne compte pas sur vous pour me suivre. Je ne compte d'ailleurs sur personne pour me suivre. Je déteste les suiveux. Je préfère les gens qui vont dans la direction qu'eux-mêmes ont choisie. Tant mieux s'il y en a beaucoup qui m'accompagnent sur le chemin que j'ai pris et tant pis si je me retrouve seul (ce que je ne crois pas).
    Merci de m'avoir laissé le dernier mot et merci d'avoir signé votre commentaire.
    Serge Charbonneau
    Québec
    P.S.: Cette fabuleuse intervention de M. Samson a été utilisée dans bien des circonstances. Par contre, lui seul a su nous la faire avec la saveur de son charmant parler qui le caractérisait si bien. Ce fut une grande déclaration que nous nous souviendrons encore trrrrès longtemps.

  • Serge Charbonneau Répondre

    1 mars 2010

    Vous avez bien raison, Monsieur Morin, la laïcité est fort complexe, voilà pourquoi je crois qu'il faut pousser le débat et y réfléchir sérieusement.
    Je donne ma ferme opinion et j'essaie de l'expliquer de mon mieux. Je ne suis pas "le plus grand philosophe vivant" (Taylor) et je ne suis pas non plus un de ces "grands profs d'université" qui vous livrent "LA" vérité et nous expliquent nos erreurs en nous expliquant le racisme (!) qui dort en nous. Je ne fais que vous exposer mon opinion.
    Votre opinion vaut la mienne et la mienne vaut bien celle du «plus grand philosophe vivant». Il faut simplement pouvoir étayer ses idées et les appuyer sur des observations qui nous entourent et que le monde dans lequel nous vivons nous fournit généreusement.
    L'actualité ouvre son dossier en disant:
    Mais qu’est-ce donc, au juste, qu’un État laïque ?
    Un modèle existe-t-il quelque part en Occident ?
    Pourquoi donc faudrait-il suivre un modèle? Pourquoi donc nous faut-il un modèle ?
    Nous pouvons très bien définir ce que veut dire la laïcité pour nous.
    Sommes-nous prêts à payer des impôts pour faire vivre les curés ?
    Je ne crois pas.
    Voulons-nous un enseignement religieux obligatoire ?
    Je ne crois pas. Et ce, même si certains pays "démocratiques" fonctionnent de la sorte. Nous ne sommes pas les autres, nous sommes nous autres. Les autres peuvent bien organiser leur gouvernement avec la laïcité qu'ils veulent, nous en ferons autant.
    Vous avez bien raison, il faut définir notre laïcité. Que voulons-nous ?
    Plusieurs parlent de charte de la laïcité. Ce serait certainement un document qui éclaircirait ce que nous entendons par "laïcité".
    Le débat est en cours.
    La commission Bouchard / Taylor s'est avérée ridicule. Tout reste à faire et à éclaircir.
    Quant à moi, je préconise un État laïc de l'image jusqu'au fonctionnement. C'est pourquoi je crois qu'on devrait commencer par déplacer ce vieux symbole religieux qui trône à notre Assemblée nationale.
    Je crois aussi que toute subvention pour les écoles privées (souvent à caractères religieux) doit être "rapatriée" pour bonifier notre secteur scolaire public.
    Le dossier de l'actualité est très intéressant.
    Il y a beaucoup de matière à réflexion.
    Merci et désolé d'avoir pris votre impertinence pour une insulte.
    Serge Charbonneau
    Québec

  • @ Richard Le Hir Répondre

    1 mars 2010

    Laïcité : Réponse à la réponse à la réponse...
    Monsieur Charbonneau,
    Vous m’imputez le noir dessein d’envisager un retour en politique.
    Je vous rassure tout de suite, c’est hors de question. L’expérience que j’ai vécue la dernière fois a largement suffi à me convaincre que je n’ai pas la vocation nécessaire. Comme dit l’autre, « À chacun son métier, et les vaches seront bien gardées ». Je rajoute que je ne suis membre d’aucun lobby, d'aucun parti, ni d’aucune association, et que je ne représente que moi-même.
    Laissez-moi vous dire tout de même que je trouve votre procédé de personnaliser le débat en employant des arguments « ad hominem » bien bas. Je n’ai pas l’intention de vous suivre sur ce chemin-là.
    Je me contenterai de souligner la véhémence de votre réaction face à l’expression d’opinions contraires à la vôtre. C’est bien simple, si vous étiez évêque, vous m’excommunieriez !
    Nous ne nous sommes pas affranchis de la tutelle de l’Église pour tomber sous la coupe de nouveaux curés, aussi résolument « modernistes » que vous puissent-ils être.
    Vous me reprochez mon attachement à l’histoire. Je ne m’en excuserai pas. On m’a enseigné très jeune qu’une société qui ne connaissait pas son histoire n’avait aucun moyen de savoir d’où elle venait, où elle en était rendue, ni avoir la moindre idée d’où elle s’en allait. N’est-ce pas justement le cas maintenant pour la société québécoise ?
    Et puis, la devise du Québec n’est-elle pas « Je me souviens » ? À vous en croire, cette devise aurait changé, cette valeur n’aurait plus la même importance. Elle serait devenue « En avant toute ! ». Et vous, vous apprêtez-vous à crier « Qui m’aime me suive ! » ? Vous prenez-vous pour Napoléon au pont d’Arcole ?
    Ne comptez pas sur moi.
    Au fond, votre intervention me rappelle celle de Camille Samson pendant la campagne électorale de 1970. Dans un discours à Sept-Îles, il avait lâché cette perle : « L’Union nationale nous a amenés au bord du précipice ! Avec les Créditistes, vous ferez un pas en avant... ». Voilà pour le modernisme que vous nous proposez.
    Je vous laisse le dernier mot si vous y tenez. Pour moi, j’ai maintenant mieux à faire.
    Richard Le Hir

  • Serge Charbonneau Répondre

    1 mars 2010

    Monsieur Lacombe, je comprends mal votre intervention.
    Ce que je propose pour le Québec de demain, c'est un Québec résolument laïc qui défend fermement ses valeurs issues de la Révolution tranquille.
    Je ne suis pas pour les accommodements raisonnables. Je crois que le Québec doit être clair vis-à-vis les immigrants qui arrivent avec leurs croyances. Ici, chacun a droit à ses croyances, cependant nul ne peut imposer à la société un mode de vie autre que celui régi par nos lois laïques.
    Je ne comprends pas qu'un symbole religieux à l'Assemblée nationale puisse nous "protéger".
    Je crois que cette notre fermeté quant à l'ingérence religieuse dans nos lois qui doit primer et non pas un bienveillant symbole religieux qui veille sur nos débats parlementaires. Le crucifix au salon bleu ne nous a pas protégés de cette modification de la loi par la ministre Courchesne pour accommoder la communauté juive.
    Aucune ingérence religieuse ne doit être tolérée. Sans quoi, nous nous dirigeons tout droit vers une société communautaire, sectaire ou chaque confession s'isolera à l'aide d'accommodements et en viendra à cultiver des tensions qui mettront en péril notre société pacifique exactement comme le Liban le vit.
    Le retrait du crucifix est pour signifier clairement à tous que nous ne tolérons aucune ingérence religieuse et qu'aucun symbole religieux de quelques religions que ce soit n'a sa place dans les affaires de l'État. Que ce soit le voile, le kirpan, la kippa, le turban, le crucifix ou tout ce qui fait la promotion d'une religion en particulier.
    L'État doit offrir une neutralité pour que nous puissions faire comprendre que nos lois laïques sont au-dessus de toutes les lois religieuses.
    Vous n'avez probablement pas saisi le sens du clip de 70 secondes qui illustre les dangers d'en arriver chez nous à un nouveau Liban.
    Je vais tenté de l'expliquer: Au début vous voyez tous ces jolis visages, tous ces gens sympathiques qui malgré qu'ils vivent tous au même endroit ne se disent pas libanais, mais de partout. Jusque-là tout est beau tout est gentil, mais par la suite, ces différentes communautés, faute de dénominateurs communs, en viennent à cultiver des tensions et à s'identifier de plus en plus à différentes valeurs caractérisant leur communauté. Souvent ce sont des valeurs religieuses qui s'opposent et qui peuvent faire monter les tensions culturelles et politiques pour en venir finalement à la confrontation armée.
    Revoyez le clip et voyez que les beaux sourires du début finissent par la tuerie sanglante.
    Ce clip: «C'est quoi le communautarisme?»
    Illustre le drame du Liban, pays fondé sur le système du confessionnalisme (et non pas du laïcisme).
    Le confessionnalisme (synonyme du communautarisme) favorise l'appartenance à une communauté plutôt que l'allégeance à une nation.
    Voulons-nous avoir un immigrant algérien qui va dire toute sa vie: "Je suis Algérien" ou si nous voulons que cet immigrant dise avec entrain et le plus rapidement possible: "Je suis Québécois (d'origine algérienne)" ?
    Il faut éviter à tout prix que les immigrants restent des gens d'ailleurs et il faut favoriser à tout prix cette allégeance à la nation québécoise. La neutralité laïque et la clarté ferme de nos lois laïques doivent primer.
    Il ne faut pas devenir Libanais. Il faut éviter le communautarisme.
    Il faut que tous les immigrants disent "Je suis Québécois" et nos valeurs sont: … Mon pays est laïc, même si je suis un musulman, un sikh, un athée, un catholique, un protestant, un raëlien, un bouddhiste, un kirsna, un témoin de jehovah, un juif, etc. Et au Québec, les femmes sont égales à l'homme, etc.
    Voici l'adresse pour revoir le clip:
    http://www.dailymotion.com/video/xthze_le-communautarisme-cest-quoiy_news
    Serge Charbonneau
    Québec

  • Archives de Vigile Répondre

    1 mars 2010

    M. Charbonneau, je ne me suis pas du tout voulu insultant. Tout juste un brin impertinent.
    Je dirai simplement que ce qui m'agace, c'est la tendance que vous avez, et d'autres ici au Québec, à parler de la laïcité comme si c'était un concept au contenu tout à fait strictement défini voire définitif (c'est ce que vous faisiez dans un texte précédent en affirmant que tout qualificatif adjoint à "la laïcité" en dénature automatiquement le sens). Ce dogmatisme (c'en est un) n'a pas de sens.
    La réalité, c'est que cette idée pure n'est incarnée nulle part. Il est donc tout à fait irritant de vous voir prêcher sur ce thème pour rectifier nos conceptions soi-disant erronées. Partout dans le monde oû l'État se veut laïc, la situation concrète tient compte de l'histoire et l'observation des pratiques sociales décèle des.... accommodements. Même en France!
    Je vous invite à (re)lire le dossier de L'Actualité sur ce sujet, qui est des plus éclairants.
    http://www.lactualite.com/societe/vive-le-quebec-laique

  • Archives de Vigile Répondre

    1 mars 2010

    Que proposez-vous pour le Québec de demain - Un nouveau Liban d`Amérique du Nord....
    Un état vide - sans valeurs, sans religion, sans histoire....une boite de gestion de crises communautaires....
    Un état vide qui gère des communautés ethno-religieuses en compétition pour le pouvoir et pour établir leurs lois...
    Il y aura...les chrétiens catholiques, les chrétiens protestants et orthodoxes
    Les musulmans islamistes radicaux qui pousseront pour la charia, les musulmans sunnites et chiites qui seront dans la méfiance....
    Cela ressemblera a Beyrouth avec ses quartiers communautaires fermés aux autres communautés.
    L`État deviendra une coquille vide qui reflétera les méfiances communautaires.
    Nous n`avons pas a retirer les crucifix de nos hôpitaux ou de nos écoles ou du parlement pour nous effacer devant des revendications ethno-religieuses étrangères a notre pays.

  • Serge Charbonneau Répondre

    1 mars 2010

    Monsieur Morin, quel est donc ce besoin que vous ressentez pour ainsi me traiter de "fin finaud".
    L'insulte dans une discussion est toujours déplacée.
    Vous m'aviez dit que j'étais dans le même camp que Charles Taylor. Je vous ai alors invité à bien lire mes opinions pour que vous constatiez qu'un monde me sépare de la fameuse laïcité "ouverte" de Charles Taylor.
    Si vous précisez que je rejoins Charles Taylor et André Boisclair sur le point précis du crucifix, je ne m'en cache pas. D'ailleurs, lisez tous mes textes depuis la défense du crucifix par Mme Marois et vous verrez que je ne m'en cache pas du tout, aussi fin finaud que je puisse être.
    Oui, je considère que le crucifix devrait être déplacé, tout comme semblent le penser Charles Taylor et André Boisclair. Peu importe qui a les mêmes idées que moi, je ne bâtis pas mes idées en fonction d'association avec des gens que j'apprécie ou pas.
    Je suis membre de Québec Solidaire et je conteste énergiquement la position des dirigeants de mon parti en ce qui concerne le port du voile. Je ne suis pas membre du Parti Québécois, mais j'admire Mme Marois lorsqu'elle défend nos valeurs québécoises devant ce Taylor au grand titre. J'ai fustigé Mme Marois concernant le crucifix du salon bleu parce que je considère que cette logique ressemble à du deux poids deux mesures.
    Lorsque vous me dites, Benoît: «Mais ça, vous l’aviez très bien compris, n’est-ce pas ?» en parlant de ma position sur le crucifix commune avec ces gens, je peux vous affirmer fermement que NON je n'avais pas compris. J'avais compris que vous me placiez dans le même camp que M. Taylor et je ne partage absolument pas les idées de ce camp (sauf pour le crucifix. Eux aussi font preuve à mon sens d'un manque de logique. S'ils veulent le voile au parlement, pourquoi pas le crucifix ?).
    Monsieur Morin, c'est fort mal me connaître si vous croyez que je me défile comme un politicien devant un sujet qui pourrait m'embarrasser. Premièrement, votre association ne m'embarrassait pas du tout, je la trouvais tout simplement totalement fausse et c'est pourquoi je vous ai invité à approfondir mes opinions.
    Je suis peut-être déphasé, Benoît, mais c'est peut-être vous qui l'êtes. Je ne crois pas posséder "LA" vérité. Par contre, vous semblez bien sûr de vous.
    Lorsque vous dites:
    « Je constate simplement que la chef de l’opposition officielle et celui du gouvernement québécois sont probablement plus à l’écoute de la population que vous ne l’êtes, ainsi qu’on peut le deviner à voir les têtes d’affiche assez peu en phase avec l’opinion publique (Boisclair et Taylor) dont vous vous trouvez à partager la position, ce qui en soi est indicatif. »
    Vous me faites penser à Gilles Dostaler qui disait que Freud et Keynes ont attiré l'attention sur le fait que l'Être Humain a une nette tendance à se conformer aux idées dominantes.
    Je vous invite à approfondir ce qu'est la démagogie et le populisme. Peut-être reviserez-vous votre perception sur le "en phase" avec l'opinion.
    S'il fallait toujours dire comme le courant dit, je crois que nous pourrions dire adieu aux débats qui font avancer les idées.
    Laissons aller le débat, cher ami, et nous verrons peut-être où se situe la "phase" de notre société.
    Serge Charbonneau
    Québec

  • Serge Charbonneau Répondre

    1 mars 2010

    Monsieur Pomerleau,
    Précisons le débat:
    Je crois que nous devons discuter de laïcité. Plus précisément; la laïcité de l'État et non pas la laïcité de la société et encore moins la laïcité des individus.
    Nous pourrions faire le procès de l'église catholique, nous pourrions faire le procès de la religion catholique. Mais je ne crois pas que ce soit le sujet. Tout comme lorsque je dis que le voile n'a pas sa place pour les fonctionnaires de l'État aux services des citoyens, je dois toujours préciser que ce n'est pas faire le procès de l'islam.
    Faire le procès de l'islam est bien tentant. Depuis 2001, c'est un sujet chaud et en plus si l'on considère certaines caractéristiques de cette religion qui vont à l'encontre de valeurs importantes de notre société (entre autres, l'égalité Homme – Femme) ça devient difficile d'y résister.
    Il est aussi bien tentant de faire le procès de l'église catholique, si on pense à la revanche des berceaux jusqu'aux orphelins de Duplessis, il y a de la matière. Il y a aussi tout ce système d'éducation pris en charge de bonne et efficace façon par le clergé ainsi que tous ces hôpitaux où plusieurs congrégations ont donné tout ce qu'ils avaient pour soigner et pour réconforter.
    «L’Église nous a t elle trahi ou sauvé ?» c'est complètement un autre débat.
    Un débat historique. Jacques Lacoursière devrait être appelé en renfort pour préciser bien des faits et pour nuancer bien des perceptions. L'Histoire, c'est tout un métier, une job de moines.
    Le débat actuel c'est la laïcité de notre gouvernement allant de son image jusqu'à son fonctionnement. Pour moi il est inacceptable que des employés de l'État aux services des citoyens (fonctionnaires, enseignants, infirmières, policiers, juges, gardiens de prison et j'en oublie) portent des signes religieux ostentatoires (en évidence). Je crois que le devoir de réserve politique qui s'applique déjà à ces agents-es de l'État au service des citoyens doit être étendu à la religion.
    On interdit aux agents-es de l'État de faire du recrutement et de la promotion politique et nous devrions interdire aussi de faire du recrutement et de la promotion pour une quelconque confession.
    De plus, aucune ingérence religieuse ne devrait influencer l'adoption de lois (pensons aux écoles juives).
    L'État doit à mon sens être laïc de l'image jusqu'au fonctionnement. C'est pourquoi je considère que le crucifix trônant dans ce haut lieu de notre gouvernement (le salon bleu, la chambre des débats de notre Assemblée nationale) devrait être retiré pour être conforme à nos politiques et nos valeurs actuelles. Cet important symbole religieux et patrimonial n'a plus sa raison d'être à cet endroit. Il fait office d'anachronisme et envoie un mauvais message à ceux qui ne nous connaissent pas bien.
    Je suis tout à fait d'accord que «l'église a joué un rôle crucial dans notre existence de peuple», mais il faut se demander si l'église doit encore jouer un rôle crucial ? Il ne s'agit pas de faire le procès du passé ni de le renier, il s'agit de vivre le présent et d'aller de l'avant.
    Ce crucifix a servi à nous affirmer contre la couronne britannique et le curé Labelle a développé une partie du Québec, mais aujourd'hui notre identité repose-t-elle sur ce crucifix ou sur certaines autres valeurs plus fondamentales?
    Nous constatons que les conflits religieux envahissent le monde. Notre (sic) armée est en guerre contre des fous de dieu et des femmes sont contraintes à se promener en cage et parfois se faire battre "lorsqu'elles le méritent" (sic) à cause de religion. Bien sûr notre religion est la meilleure (sic), elles sont toutes la meilleure (sic), mais force est de constater que les lois divines interfèrent trop dans ces valeurs humaines universelles qui devraient unir le monde plutôt que de le diviser en le mettant à feu et à sang.
    Bien sûr que l'église économique est aussi en cause dans ces conflits et bien sûr que le problème est fort complexe. Notre société québécoise est confrontée à ces conflits mondiaux qui nous infiltrent en douce. Voilà pourquoi il est important que nous réussissions à mettre en place un gouvernement complètement laïc régit par des lois humaines reposant sur des valeurs universelles (pouvant s'appliquer à toutes les confessions) pouvant jouer le rôle de dénominateur commun et de pacificateur neutre afin de vivre dans une société diversifiée et unie.
    Il ne s'agit donc pas de faire le procès de notre église catholique ou de qui que ce soit, mais plutôt de poser des gestes en fonction de nos valeurs actuelles et de notre identité reposant sur des principes solides (ex.: égalité Femme – Homme, séparation religion et État)
    Serge Charbonneau
    Québec

  • Archives de Vigile Répondre

    28 février 2010

    M. Le Hir passe un peu vite sur la détestation que Duplessis et le clergé exprimaient envers les libéraux, les Rouges voués à l'enfer tel ce diable TD bouchard! Une autre page d'histoire à ne pas oublier!!

  • Gilles Lapointe Répondre

    28 février 2010

    M.Serge Charbonneau, je vous donne entièrement raison,il faut déplacer
    le crucifix de l'Assemblée Nationale et le placer avec tous les souvenirs
    de notre passé. Nous devons aller de l'avant et choisir de vivre dans un
    État public laïc à 100% .Ainsi nous n'aurons pas à continuellement
    accepter de changer nos lois pour accommoder des symboles religieux
    venant des immigrants.
    Gilles Lapointe.

  • Archives de Vigile Répondre

    28 février 2010

    Ne faites pas le fin finaud, M. Charbonneau.
    Quand je dis que vous êtes dans le même camp qu'André Boisclair, je ne suis pas en train d'insinuer des choses à votre sujet. Et je ne suis pas en train de vous attribuer les mêmes idées qu'à Charles Taylor. Je dis que vous avez la même opinion que ces deux-là sur le crucifix. (Mais ça, vous l'aviez très bien compris, n'est-ce pas?)
    De même, en constatant que Pauline Marois et Jean Charest sont du même avis sur cette question, je ne suis pas en train de dire que l'une est maintenant fédéraliste ou l'autre souverainiste.
    Je constate simplement que la chef de l'opposition officielle et celui du gouvernement québécois sont probablement plus à l'écoute de la population que vous ne l'êtes, ainsi qu'on peut le deviner à voir les têtes d'affiche assez peu en phase avec l'opinion publique (Boisclair et Taylor) dont vous vous trouvez à partager la position, ce qui en soi est indicatif.
    Cela dit, vous avez le droit d'être déphasé. Je le dis avec juste un peu de malice. Le consensus, vous vous en êtes aperçu, n'est peut-être pas tout à fait celui que vous croyiez encore il y a tout juste quelques jours (en tous cas chez les souverainistes qui s'intéressent à ces questions et dont l'opinion doit être prise en compte; à moins que vous ne comptiez sur les chroniqueurs de La Presse).

  • Archives de Vigile Répondre

    28 février 2010

    « Croyez-le ou non, l’introduction du crucifix était pour l’époque un symbole d’émancipation. »(Le Hir)
    Car à l'époque on connaissais mieux son histoire.
    Pilate avait fait inscrire, au dessus de la tête de Jésus sur la croix (qui est au dessus du trône à l'Assemblée Nationale) : IESVS·NAZARENVS·REX·IVDÆORVM.
    C'est à dire, ironiquement ; Jésus le Nazaréen, Roi des Judéens.
    Nous pourrions comparer ça, dans le contexte québécois à : Jésus le Torontois (ontarien), Roi des Québécois.
    Le trône de l'A.N. représentant le pouvoir fédéral tout comme alors il représentait l'empire romain.
    Mais Jésus est né d'une mère judéenne et est né à bethléem, en Judée. Il réclâmait sa légitimité en tant que Roi des Judéens.
    En plaçant le crucifix au dessus du trône à l'Assemblée Nationale de la "province" du Québec, Duplessis rappellait le pouvoir légitime.
    Aujourd'hui Bethléem est en territoire palestinien et résiste toujours à la colonisation israélienne.

  • Serge Charbonneau Répondre

    28 février 2010

    Monsieur Benoit Morin, je vous invite à lire mes textes:
    Le port des signes religieux par les agents-es de l’État
    http://www.vigile.net/Le-port-des-signes-religieux-par
    L’haïcité...
    http://www.vigile.net/L-haicite
    Le voile contre le nationalisme
    On nous conditionne constamment à accepter l’inacceptable.
    http://www.vigile.net/Le-voile-contre-le-nationalisme
    Cette hallucinante lutte pour le voile
    Réplique au cours laïcité « ouverte » des profs d’université
    http://www.vigile.net/Cette-hallucinante-lutte-pour-le
    Le voile et l’anguille sous roche
    L’approche médiatique de la laïcité
    http://www.vigile.net/Le-voile-et-l-anguille-sous-roche
    L’ingérence religieuse
    Comment s’y perdre ! (avec l’aide de Lucien Bouchard)
    http://www.vigile.net/L-ingerence-religieuse
    Ensuite, Monsieur Morin, expliquez-moi où vous voyez que je suis dans le même camp que Charles Taylor, dit «le plus grand philosophe vivant».
    Je crois que vous n'avez jamais lu mes textes, Monsieur Morin.
    Serge Charbonneau
    Québec

  • Colette Provost Répondre

    28 février 2010

    Richard Le Hir prétend que le crucifix était un symbole d'émancipation! Parlez-en à nos mères, à nos grand-mères obligées à l'obéissance, à l'enfantement sans limite, à la servitude, sous la férule des prêtres confesseurs.
    Et qu'on ne me parle pas de la symbolique "québécoise de souche" du crucifix. Les milliards du Vatican? L'Opus dei? Les militaires argentins? Pas catholique, ça?
    Le crucifix à l'Assemblée Nationale, c'est une honte. Merci de votre réponse, M. Charbonneau.

  • Archives de Vigile Répondre

    28 février 2010

    Vous dites: "Ce n’est pas la religion qui a fait que nous avons survécu, mais plutôt l’heureuse affiliation des membres du clergé à leur nation canadienne-française. La force politique du religieux et la docilité des Québécois à les suivre a fait que l’outil de la religion nous a servi."
    .........
    Périodiquement on revient sur le rôle de l'Église dans notre histoire. Depuis la Révolution tranquille, la cause est jugée et elle est condamné; mais sait on vraiment ce qu'on lui doit. En dehors de tout débat sur la croyance, on ne peut ignorer que cette institution (temporelle) a armaturé nos 400 ans d'histoire et a joué un rôle déterminant pour qu'un peuple français prennent racine et maintienne sa cohésion nationale en Amérique. Comment faire corps avec notre histoire sans être capable de reconnaitre cette évidence. Nous sommes encore loin du NOUS. Et ce crucifix est parti du Nous, simplement.
    Le débat sur les croyances ne me concerne que très peu. Je plutôt un pur et dur de l'ontologie: Un mensonge qui sert la vie est une vérité ontologique.
    Je vous ramène mon petit commentaire sur le rôle de l'Église dans notre histoire (je vais le retoucher et le publier sur Vigile à un moment donné)
    ........................................................
    Précisons le débat : L’Église nous a t elle trahi ou sauvé ?
    Pour répondre à cette question allons à l’essentiel : Qu’est-ce qui fut NÉCESSAIRE pour que ce peuple français en Amérique survive au vent contraire de l’Histoire : Un État pour conserver sa cohésion nationale.
    Géoplitique 101 : L’État et la cohésion nationale.
    De 1608 à 1759 l’État est en croissance organique. Grâce au rôle d’appoint de l’Église, il atteint une masse critique qui lui a permit de ne pas être anéantie par la victoire britannique. Cette contribution fut donc essentiel.
    Durant les 150 premières années, la cohésion nationale de ce peuple français qui reposait sur les assises de son État avec lequel elle était en adéquation n’était pas remise en question, sauf de l’extérieur.
    La victoire britannique viendra tout changer.
    La première conséquence est celle de voir les institutions politiques et l’appareil d’État (Nouvelle France) démantelés. Et le lien avec la France rompu. (Ce que consacre le Traité de Paris, 1763). Que reste il comme assise alors pour conserver notre cohésion nationale (peuple français) face à un Empire qui veut nous assimiler : L’Église.
    Elle fut la contrepartie de la couronne britannique dans l’Acte de Québec de 1774 (consentie parce que les anglais n’était pas dans un rapport de force si favorable face à un peuple qui avait atteint une masse critique et qui pouvait se joindre à la révolution qui menaçait au Sud).
    C’est cette institution millénaire dans ses capacités de structurer les sociétés, laquelle avait joué un rôle d’appoint nécessaire dans les premiers élans de notre État, qui va venir jouer un rôle "cardinal" pour la suite de l’histoire : L’Église va se substituer à notre État démanteler pour en assumer elle-même les fonctions essentiels : Peupler et mettre en valeur le territoire !
    C’est sur les assises de cette institution que va reposer nos espoirs réels (géopolitique) de conserver notre cohésion nationale. Elle s’est si bien acquitté de sa mission historique que, suite à 200 ans de gain de potentialité, ce peuple va passé de la puissance à l’acte en 1960 pour se doter d’un État moderne pour assurer sa cohésion nationale. Un saut périlleux pour les "canayens".
    Ce sera la Révolution tranquille : Maitre chez nous.
    Mais pas tout à fait. Très vite les acteurs politiques vont faire le constat que ce demie État annexé et réduit dans ses capacités d’agir n’offre pas toutes les garanties pour assurer la pérennité de la cohésion nationale. La quête de l’État souverain commence. Son élan sera brisé en 1995 ; depuis nous sommes dans le reflux de l’histoire. Le contrôle de notre demie État nous échappe complètement, conséquence du fait de la perte de notre cohésion nationale.
    Alors même que élites politique semblent ignorer l’urgence de la situation. Pour une première fois depuis 1759, nous sommes en danger réel de perdre notre cohésion nationale.
    Ce qu’il faut constater c’est que notre demie État semble sur le point de faillir là où l’Église avait réussi, c-à-dire sur l’ESSENTIEL : Conserver notre cohésion nationale. (L’ontologie je vous dis)
    Mis à part les anecdotes et les faux choix (la révolte alors que l rapport de force n’était pas favorable). L’Église à jouer un rôle cruciale dans notre existence de peuple.
    Simple constat géopolitique 101 : Non l’Église ne nous a pas trahie,au contraire elle nous a sauvé !
    JCPomerleau

  • Archives de Vigile Répondre

    28 février 2010

    Une chose est claire en tous cas: si la résistance de la population vous surprend comme vous l'admettez, c'est Pauline Marois qui a bien perçu ce que celle-ci en pense. Jean Charest aussi, d'ailleurs. Vous, vous devriez être préoccupé de vous trouver dans le même camp que Charles Taylor et André Boisclair.