Médiacrassie

Réponse à la censure de Québecor

Le consensus mou et l'incapacité de débattre

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Chronique d'Alexandre Cormier-Denis

Suite à mon passage sur QUB Radio à l’émission de Jonathan Trudeau où il a mis fin sans grande classe à mon interview, le segment précis de mon passage a soigneusement été enlevé du site de Qub Radio. De plus Le Journal de Québec a publié un article sur mon intervention pour ensuite le retirer précipitamment sans aucune explication.


Le lendemain, dans son éditorial lors de son émission matinale, Jonathan Trudeau est revenu sur le retrait de mon interview du site de Qub Radio.


Il affirme qu’il ne s’agit pas d’un cas de censure, mais de liberté.


En effet, il s’agit de la liberté de Québecor de censurer les voix jugées politiquement incorrectes par l’idéologie dominante.


L’actuel empire du politiquement correct – théorisé par un collègue de M. Trudeau – s’affaire à juger toute prise de position conservatrice comme un « dérapage » qui serait dangereux pour la paix publique. Il faudrait donc les dénoncer en se parant de la vertu progressiste au nom d’un permis de morale que les tenants de l’idéologie dominante s’octroient eux-mêmes.


Quelques minutes avant de me faire cavalièrement couper la parole par l’animateur, j’avais justement souligné cette manie de la gauche progressiste – remarquablement représentée par M. Trudeau – de censurer tout débat provenant du camp conservateur.


Clarifications


Par ailleurs, dans son éditorial matinal, M. Trudeau déforme – volontairement ou pas – mes propos.


Clarifions les choses :


1. C’est lui qui m’a intentionnellement amené sur les thèmes sociétaux, notamment l’avortement et le mariage homosexuel. J’étais venu à son émission pour parler de l’islamisation de la société suite à la révélation du nom d’un commerce ayant cédé aux revendications de fondamentalistes islamistes. Il a intentionnellement amené ces sujets sur la table pour se dissocier de la figure du « gars louche » que le récit médiatique doit construire pour expulser les idées nationalistes hors du débat public.


2. L’équivalence entre l’excision – pratique cautionnée par les gynécologues ontariens au nom du respect de la diversité des cultures – et l’avortement a été faite pour démontrer les limites ultimes du raisonnement libéral moderne. L’État devra toujours mettre un frein légal à la prétendue « liberté de choix » des individus. Au micro, j’ai réitéré qu’il s’agissait de deux phénomènes bien distincts.


3. Je n’ai jamais affirmé que le mariage homosexuel avait entraîné une « ghettoïsation », mais qu’il était le fruit d’un lobbying de la part des associations communautaristes homosexuelles. Par ailleurs, il existe depuis fort longtemps un « village gai » à Montréal qui précède l’adoption du mariage entre conjoints de même sexe, quoi qu’il s’agit d’un tout autre sujet. Ayant été interrompu par l’animateur, je n’ai pas pu exposer mon propos qui consistait à affirmer que l’union civile créée par le Québec me semblait répondre aux aspirations légales des conjoints de même sexe sans avoir besoin de changer la définition traditionnelle du mariage.


Le consensus mou québécois


Rappelons qu’en France, l’essayiste Éric Zemmour – qui tient des propos beaucoup plus controversés que moi, par exemple sur la réhabilitation du Maréchal Pétain – participe à une émission télévisuelle chaque soir de la semaine à heure de grande écoute. Il y dénonce la féminisation de la société, l’islamisation de la France et l’invasion migratoire de l’Europe par l’Afrique dans des termes beaucoup plus durs que les miens.


Il y a certes des appels au boycott, mais la chaîne de télévision ne plie pas : cela s’explique peut-être par les cotes d’écoute monstrueuses qu’elle récolte grâce à cette émission. Les peuples ont soif de briser le politiquement correct dominant.


Malheureusement, cet épisode sur la « liberté de censurer » nous prouve une fois de plus que le Québec est incapable de débats intellectuels sur des enjeux de fond et qu’il préfère se réfugier dans une sorte de consensus mou se résumant en une seule phrase : « pas de chicane ».


Or, le politique est précisément le contraire du consensus : c’est le conflit qui est au cœur de la naissance du phénomène politique. Le consensus actuel est fils de l’hégémonie libérale que nous subissons et celle-ci tue tout débat réel sur les enjeux sociaux d’importance.


Et sans débat d’idée, pas de politique possible.


Appel au débat


Dans cette ère de recomposition politique, les Québécois ont, plus que jamais, besoin de lieux pour exprimer des paroles dissidentes – de gauche comme de droite, souverainistes ou fédéralistes – et confronter leurs points de vue.


J’étais, suis et serai toujours ouvert à un débat public avec quiconque souhaite discuter de l’avenir de la société québécoise.


Un jour, peut-être, les hommes de gauche auront le courage de leurs convictions et voudront participer à un débat avec un représentant assumé de la Droite nationale.


L’invitation est lancée.