Refondation du Bloc québécois: un chantier à ne pas sous-estimer

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Allons-nous vers une refondation gauchiste du Bloc québécois ?

Samedi dernier, lors du dernier conseil général du Bloc québécois, les délégués ont entériné à majorité le processus de refondation proposé par l'aile jeunesse du parti et sa présidente, Camille Goyette-Gingras.


Cette étape en était une majeure pour l'avenir du Bloc post-crise et le projet de refondation du parti, jadis relégué à l'arrière-plan de la couverture médiatique accordée au ralliement des indépendantistes d'Ottawa, n'aura d'autre choix que d'être pris au sérieux par tout un chacun, car cette «idée folle» de jeunes militants pourrait transformer le mouvement souverainiste entier si on lui donne la chance d'éclore.


La porte de sortie après la crise


Après la déchirante crise ayant secoué le Bloc québécois, et le mouvement indépendantiste tout entier, diraient certains, le parti était manifestement sclérosé, en proie à une guerre de tranchées entre les supporters de Martine Ouellet et ses détracteurs, entre les partisans purs et durs de l'indépendance et ceux se revendiquant davantage de la défense des intérêts du Québec à Ottawa.


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La situation en était à ce point tendue que le statu quo était intenable, sans quoi la survie de l'unique voix des souverainistes au parlement canadien était sévèrement menacée. Il a fallu le Forum jeunesse du Bloc et le leadership de leur présidente pour accoucher d'une porte de sortie s'ouvrant sur une infinité d'opportunités: l'idée de refonder le Bloc québécois.


Un renouvellement de l'offre indépendantiste


Telle que conçue par les militants, la refondation vise à remettre à zéro les statuts, le programme, le logo et même le nom du Bloc québécois pour retourner à la table à dessin et bâtir une nouvelle offre indépendantiste à temps pour les élections fédérales de 2019, afin de donner un nouveau souffle au mouvement après des années de torpeur pour le Bloc et ce qui s'annonce pour les souverainistes en octobre.


Le processus vise à remettre le pouvoir de choisir aux indépendantistes eux-mêmes, peu importe leur tendance. Le but d'une telle démarche étant de se donner un programme commun pour défendre le Québec et son indépendance à Ottawa, mais aussi de créer des ponts concrets entre les différentes factions souverainistes de la scène québécoise.Cette tâche a été jusqu'ici rarement accomplie, malgré la bonne volonté de plusieurs.


On n'a plus d'autre choix que de prendre cette démarche novatrice très au sérieux.

Jusqu'à ce qu'elle soit adoptée majoritairement par les membres du Bloc québécois, on dirait que l'attitude des médias et du public en général envers le projet en était une de scepticisme, le reléguant aux derniers paragraphes des articles et ne le prenant pas réellement en compte.


Désormais, on n'a plus d'autre choix que de prendre cette démarche novatrice très au sérieux, car la refondation pourrait être le catalyseur de nombreux changements dans le paysage politique québécois.


En faisant une réelle introspection et en choisissant de redéfinir leur nom, leur programme, leur logo et leurs statuts, les bloquistes peuvent potentiellement infléchir le cours des choses leur étant si défavorable dans les derniers mois pour adapter l'offre indépendantiste au climat canadien des années 2000, la réarticuler pour ratisser toujours plus large et ainsi ramener à la vie une formation politique que tous donnaient pour morte après la terrible crise du début 2018.


Cela passe aussi par l'élection d'un nouveau chef, lequel saura personnifier cette nouvelle mouture indépendantiste devant l'électorat tout en ayant le bénéfice de partir sur de nouvelles bases, plus solides que jamais.


Concrète, visible et influente


Les répercussions du renouveau indépendantiste au fédéral pourraient bel et bien sortir de la Chambre des communes pour se rendre jusqu'à l'Assemblée nationale. Inévitablement, la manière choisie par les artisans de la refondation pour articuler le discours souverainiste aura un impact sur la manière dont évoluerons les partis indépendantistes du Québec au-delà de l'élection de 2018, lesquels ne pourront rester indifférents face au retour d'un gros joueur du mouvement, tout nouveau tout beau, et face à un discours modelé conformément à la vision globale des indépendantistes d'aujourd'hui.


Les souverainistes avec des idées pour l'avenir du mouvement auront intérêt à suivre la refondation.

Jusqu'à maintenant, la refondation du Bloc québécois portée par son Forum jeunesse a peut-être pu passer inaperçue auprès de beaucoup de gens, incluant des indépendantistes, mais elle risque fort de s'imposer d'ici quelque temps comme le grand laboratoire d'idées aux retombées concrètes pour tous ceux qui rêvent du Québec pays.


Les souverainistes avec des idées pour l'avenir du mouvement auront intérêt à suivre la refondation, puisque ce projet a le potentiel de non seulement remettre les indépendantistes sur la carte au fédéral, mais aussi de donner le ton pour le futur alors qu'une introspection s'avérera assurément nécessaire au lendemain du premier octobre. Et dire que tout cela aura émané de la volonté de militants volontaires, la plupart dans la jeune vingtaine...