"Ras le bol" de la dictature

La politique d'enseignement religieux frôle le totalitarisme, selon Mgr Ouellet

Accommodements - Commission Bouchard-Taylor



par Bouchard, Alain - Le cardinal Marc Ouellet, archevêque de Québec, en a "ras le bol" - ce sont ses mots - de la dictature de l'État québécois vis-à-vis l'Église catholique.
"Placer toutes les religions sur le même pied à l'école n'est pas de la neutralité, a-t-il déclaré hier à Québec. C'est plutôt neutraliser la religion de la majorité, celle de 80 % du peuple québécois. Il n'y a que les États totalitaires qui empêchent les citoyens de choisir quoi enseigner aux enfants même dans les écoles privées."
Le prélat de l'Église canadienne a tenu ces propos alors qu'il recevait les médias à un petit déjeuner, à l'archevêché de Québec. "Autant l'Église a jadis été accusée de prendre trop de place au sein de l'État, a-t-il dit, autant c'est aujourd'hui l'État qui envahit les plates-bandes de l'Église."
Monseigneur Ouellet refuse de voir le gouvernement décider de ce qui devrait être enseigné dans les écoles sur la religion catholique, comme le Québec a décidé de le faire avec sa loi 95. "Voilà que l'État s'empare de l'interprétation du phénomène religieux", dénonce-t-il.
"Nous assumons déjà le fardeau financier du patrimoine religieux, dit-il, alors qu'il est pourtant reconnu comme composante intégrante de la culture québécoise. Il y a un an et demi, Hydro-Québec a triplé nos factures d'électricité en mettant fin à ses tarifs préférentiels. Et voilà maintenant que le gouvernement vient nous dire comment la religion devrait être enseignée à l'école. On en a vraiment ras le bol !"
Libre choix
Le cardinal dit comprendre d'autant moins la laïcisation prônée par l'État qu'elle n'est aucunement souhaitée par les groupes religieux autres que catholiques. Ni les musulmans, ni les juifs, ni personne d'autre, plaide-t-il, ne demande de faire disparaître des lieux publics le crucifix et les autres symboles de la culture catholique.
L'archevêque se dit pour le libre choix des parents, qu'ils soient catholiques, protestants, musulmans ou juifs. "Si dans un secteur de Montréal, par exemple, se trouve une forte concentration d'élèves musulmans, je ne vois pas pourquoi ils n'auraient pas de cours sur le coran", dit-il.
Il soutient que l'école doit rester le lieu privilégié de la transmission des valeurs religieuses. Il estime irréaliste de croire que cette formation religieuse puisse s'organiser dans la vie civile, alors que les parents sont déjà essoufflés par le style de vie moderne.
Il demande au gouvernement de prévoir des périodes de temps réservées à la formation spirituelle des enfants ; de rendre optionnel le cours de culture religieuse de la réforme, tant au public qu'au privé ; de suspendre l'application de la loi 95 jusqu'à la conclusion de l'étude Bouchard-Taylor sur la coexistence des religions au Québec.
Le prélat croit que Gérard Bouchard et Charles Taylor ont toute la stature et l'autorité morale voulue pour faire parfaitement le tour de la question.
abouchard@lesoleil.com


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