Racistes, nous?

095888c73cd625a47c68fb409c1baad0

La question raciale n'ira pas en s'atténuant !

Au fond, ce qui alimente l’indignation suscitée par l’annulation du spectacle SLĀV, c’est l’accusation à peine voilée de racisme qui est lancée au visage des Québécois, une fois encore.


Ne soyons pas dupes, Betty Bonifassi et Robert Lepage servent de boucs émissaires pour les Québécois blancs de vieille souche qui seraient tous porteurs du virus du racisme.


Je commence à en avoir ma claque de ces accusations. Surtout que l’inévitable résultat de cette généralisation sera de faire éclore du racisme là où il n’y en a pas encore.


Rappels


Il y a quelques mois, le gouvernement s’apprêtait à créer une structure chargée d’évaluer le racisme « systémique » au Québec, comme si cela allait de soi, du seul fait de la blancheur tout hivernale de la majorité.


J’entendais cette semaine l’inénarrable Herman Deparice-Okumba, le directeur du Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence, raconter que son organisme a reçu sept fois plus d’appels pour des cas de radicalisation liés à l’extrême droite en 2017 qu’en 2016. « Un baromètre des enjeux de société » au Québec, dit-il.


Tout un baromètre : on parle d’un total de 74 appels.


Le printemps dernier, j’ai participé à une émission de débat à la CBC dont je suis sortie en état de choc. Mes copanelistes « racisées » sont venus raconter que les « Québécois ont des comportements profondément racistes », qu’elles doivent « se lisser les cheveux pour être acceptées », et « que les racisés n’ont pas à adopter les normes des Blancs pour réussir ».


Quand une dame juive a demandé pourquoi il n’était pas question de laïcité, une panelliste lui a répondu : « Ce soir, ce n’est pas une plateforme pour les Blancs » et « La laïcité sert de masque au racisme ».


Selon la députée fédérale libérale noire Celina Caesar-Chavannes, refuser de prendre en considération la couleur de la peau contribue au racisme.


Et moi qui pensais le contraire.


Nous et eux


Selon Léger, 16 % des Québécois se disent racistes. C’est à la fois peu et trop. En Grande-Bretagne, le pourcentage serait de 25 % (National Center for Social Research), en France, 35 % (Commission nationale des droits de l’homme).


Sept des dix villes canadiennes où se commettent le plus de crimes haineux se trouvent en Ontario (Statistique Canada).


Ces statistiques sont une mesure imprécise, mais elles situent les choses.


Jamais je n’oserais dire que le Québec est libre de racisme, mais mes rencontres avec ces tristes personnages qui croient que la valeur d’un être humain se mesure à ses origines m’ont appris qu’il s’agissait surtout d’ignares, de crétins et d’indigents intellectuels.


Je pense à cette « patriote » québécoise d’une ahurissante vulgarité dont je tairai le nom pour ne pas la faire connaître qui sévit sur Facebook avec ses propos haineux sur les immigrants, les musulmans, etc., mêlés de théories du complot débiles, reptiliennes, chemtrails, banksters et cie. Elle est suivie par 26 500 personnes. Peu, mais trop, évidemment.


Elle personnifie l’intolérance à la sauce Québec. Pas Lepage, pas Bonifassi. Et pas tout le monde. De grâce.