Qui veut aller en politique?

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« La politique ne doit pas être le refuge d’adolescents narcissiques en quête de courtisans. »


C’est la question qui se pose lorsqu’on voit la difficulté qu’a le PLQ pour recruter des candidats valables à la succession de Philippe Couillard.


Sébastien Proulx, 43 ans, ex-ministre de l’Éducation et potentiel candidat, ne convoite pas la direction de son parti. Il serait même sur le point de quitter la politique après vingt ans de vie politique. La Presse affirmait mercredi que ce politicien doué justifie sa décision par un argument que citent nombre de politiciens qui abandonnent le métier, à savoir qu’ils souhaitent se consacrer davantage à leur famille.


Son collègue Pierre Moreau a d’ailleurs tiré sa révérence en faisant aussi allusion à l’importance de retrouver sa famille. Car de nos jours, quels sont les gens lucides et doués qui ont envie de vivre dans l’arène politique alors que la population en général exprime si peu de respect et d’admiration pour ceux qui considèrent comme un devoir de servir le peuple en tant qu’élus ?


Réseaux sociaux


Qui veut se faire insulter par ceux qui ciblent les politiciens comme d’autres des proies à abattre ? Qui a envie de voir sa famille traînée dans la boue ou simplement être l’objet de traitements douteux sur les réseaux sociaux ?


D’ailleurs, on n’a qu’à observer la façon dont les politiciens s’insultent les uns les autres. Où est passée la solidarité minimale qui a existé dans le passé ? Nous sommes collectivement devenus trop souvent des prédateurs de politiciens plutôt que des critiques et des adversaires.


Cela est la conséquence d’une culture nouvelle définie par la rage, le ressentiment et une exacerbation sociale dont on voit les ramifications sur la Toile. En essence, les règles du jeu politique ont éclaté. Lorsqu’on est obligé d’établir des codes vestimentaires pour entrer dans ce lieu sacré qu’est l’Assemblée nationale, c’est que la politique active a changé de nature dans nos contrées.


Expérience


Bien sûr, le renouvellement du personnel politique est une nécessité. Mais n’oublions pas que le rajeunissement n’est pas nécessairement un gage d’amélioration et d’élévation de qualité des politiciens. On en veut pour preuve l’ascension d’Emmanuel Macron, le président français. On se rend compte que la complexité des enjeux quand on dirige un vieux pays comme la France demande peut-être plus d’expérience politique et d’épaisseur de vie. Gouverner à 40 ans dans le monde en état d’éruption volcanique est peut-être trop lourd à porter, même pour un surdoué comme lui.


Prenons le cas de Justin Trudeau, qui en aucune façon ne peut être comparé à son père. Ce dernier possédait non seulement les connaissances, mais, tutoyant Machiavel, il se jouait de la faiblesse et de la force de sa députation et de ses adversaires.


Que des militants libéraux et péquistes exigent des excuses de leur parti pour des politiques passées néfastes et inadéquates relève de l’enfantillage. On ne gouverne pas avec des mea culpa larmoyants. La politique ne doit pas être le refuge d’adolescents narcissiques en quête de courtisans. Comment convaincre les meilleurs citoyens de servir l’État, sinon en réclamant un minimum de respect envers ceux qui nous gouvernent ?







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