Qui était le marquis de Montcalm? Ni héros, ni zéro

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Montcalm, personnage mal-aimé et méconnu de notre histoire nationale

Jusqu’aux années 1950, le marquis de Montcalm était un héros. Un martyr. Puis, le demi-dieu a été jeté en bas de son piédestal. Montcalm est devenu l’aristocrate borné. Le général complètement nul qui a perdu la bataille des plaines d’Abraham par sa faute. Mais voilà que des travaux récents, notamment ceux de l’historien Dave Noël, proposent une version plus nuancée du mal-aimé. Et si Montcalm était un homme plus ordinaire qu’on le croyait? Ni héros, ni zéro? Ou mi-héros, mi-zéro?


Québec, janvier 1759. La capitale de la Nouvelle-France a faim. Des réfugiés venus de l’Acadie en sont réduits à fouiller dans les poubelles. On prononce le mot «révolution». Quatre cents femmes manifestent devant le Palais de l’Intendant, en basse-ville. Elles réclament du pain. Pour les calmer, on promet de piger dans les réserves de l’armée, à Montréal.


La misère du peuple n’empêche pas la bonne société de s’empiffrer. Bals. Jeux de hasard. Banquets. Les Anglais seront aux portes de Québec en juin. Peut-être avant. Autant s’amuser avant qu’il ne soit trop tard. «On se divertit, on ne songe à rien [...]», écrit le marquis Louis-Joseph de Montcalm, qui dirige l’armée de la colonie. (1) 


Né dans le sud de la France, le marquis est un aristocrate. Un vrai. Il s’est déjà déplacé en... chaise à porteurs! Malgré tout, il s’explique mal la multitude de bals et de banquets somptueux, au moment où le pays crève de faim. Remarquez. Ça ne l’empêche pas d’en profiter. Monsieur est un habitué du salon de la belle Angélique Péan, sur la rue Saint-Louis. Il compare les plaisirs de l’endroit à ceux de plusieurs salons de Versailles.


On chuchote que Mme Péan est la maitresse de l’intendant François Bigot, qui sera plus tard accusé de fraude. Madame est surnommée la «sultane» et «la Pompadour du Canada», en référence à la favorite du roi Louis XV. L’intendant fait même construire à son Angélique chérie une voûte à l’abri des bombes. En Nouvelle-France, les autorités ont le sens des priorités.


Sauve-qui-peut?


Entre deux soirées galantes, Montcalm est pessimiste. Dans son Journal, il estime que la Nouvelle-France est «perdue». Avec le recul, des historiens iront jusqu’à suggérer qu’il est «déprimé». Voire «dépressif».


Le Marquis a le mal du pays. Son dos le fait souffrir. Il rêve de son château de Provence. Il s’ennuie de son épouse et de ses quatre filles, qu’il n’a pas vues depuis trois ans. En mai, Bougainville qui revient de France lui apprend la mort de l’une de ses filles. Sauf que le messager ne sait pas de laquelle il s’agit! (2)




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