Qui est Recep Tayyip Erdogan ? 1e partie

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Un homme qui varie. Bien fol qui s'y fie !

Recep Tayyip Erdogan est né le  à Beyoğlu. Il est cofondateur du Parti de la justice et du développement. Il est premier ministre de 2003 à 2014 puis président de la Turquie dès 2014 (et encore de nos jours). Il obtient son diplôme à la faculté des sciences économiques et sociales de l’université de Marmara.

Il commence son parcours politique au niveau local, il est élu maire d’Istanbul en 1994. Il perd ce mandat en 1998 et fût emprisonné un court temps en prison pour sa complaisance aux idées nationalistes de Ziya Golkap. En 2001, il fonde l’AKP, qui devint la première force politique du pays dès 2002.

En 2014, il devient le premier président de la République turque élu au suffrage universel direct. L’AKP perd cependant sa majorité absolue aux élections législatives de juin 2015, mais la regagne à celles de novembre 2015. Dès le début de sa présidence, une dérive autoritaire du pouvoir est constatée. La tentative de coup d’État de 2016 renforce la position d’Erdogan et conduit à des dizaines de milliers d’arrestations dont des députés de l’opposition, au licenciement de plus de 100 000 employés du secteur public et à la mise en place de réformes sécuritaires.

Une politique islamiste…

L’arrivée de l’AKP au pouvoir a fait craindre à beaucoup de Turcs, que la laïcité héritée de l’époque kémaliste puisse être menacée. Le port du voile dans les universités, après plusieurs tentatives infructueuses (véto de la cour constitutionnelle, menace de dissolution) a été finalement autorisé en février 2008 par la Grande Assemblée nationale de Turquie. Erdogan estime toutefois qu’il faut introduire en Turquie une plus grande liberté religieuse. Son mandat a aussi été marqué par une loi sur l’adultère, qui devait criminaliser l’infidélité. Ce projet de loi a été vite abandonné sous la pression de l’armée, des médias, et bien sûr de l’Union européenne.

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Erdogan nie les accusations d’islamisme et se déclare comme étant un « démocrate conservateur » (en référence aux démocrates chrétiens européens), il s’affirme respectueux de la démocratie et de la laïcité et relègue la religion à la sphère privée.

Dès 2012, après avoir organisé l’emprisonnement de l’élite militaire du pays lors du procès Ergenekon, Erdogan fît davantage référence à un Islam dur et rigoriste, rappelant ses discours télévisés des années 1990.

Minorités religieuses

Le 13 mai 2010, Erdogan a lancé un appel à ne pas discriminer les non-musulmans. Il a envoyé une lettre publique dans laquelle il appelle explicitement à respecter les droits des minorités chrétiennes et juives, à respecter leur clergé et à éviter les commentaires discriminatoires. « Les non-musulmans sont partie intégrante de l’État turc et ont le droit de préserver leur identité et leur culture. »

Le Vatican dénonce néanmoins la « christianophobie institutionnelle (de fait) en Turquie ». L’Église catholique romaine se plaint notamment de ce qu’aucune reconnaissance juridique ne lui ait été accordée, reconnaissance juridique qu’elle réclame depuis les années 70.

À ce jour les étudiants chrétiens étudient toujours sur des photocopies, les livres étant toujours interdits. Les popes n’ont toujours pas le droit de sortir en habit de culte dans les rues.

Presse muselée

Au cours des années de pouvoir d’Erdogan, la Turquie n’a cessé d’accentuer le caractère restrictif de sa politique en matière de liberté d’information et a en conséquence soulevé de nombreuses critiques. A titre d’exemple, reporters sans frontières qualifie la Turquie de « première prison au monde pour les journalistes », ce qui est confirmé l’année suivante par le Comité pour la Protection des Journalistes (bien que le mode de comptabilisation des deux organisations diffère).

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Cette situation semble continuer à se dégrader puisqu’en 2016 la Turquie n’atteint plus que la 151e place, sur 180 pays évalués selon leur indice de liberté de presse. L’ONG souligne notamment la concentration de la plupart des médias entre les mains de patrons de presse proche du pouvoir, la multitude de procès intentés pour “insulte”, “diffamation” ou “atteinte à la sécurité nationale” , ou encore la saisie par la police de journaux dissidents.

Malgré tout, une véritable résistance de certains médias indépendants se forme, d’inspiration Kémaliste.

“En novembre 2015, les journalistes Can Dündar et Erdem Gül sont accusés d’« espionnage » pour avoir publié en mai un article sur les livraisons d’armes des services secrets turcs (MIT) à des groupes rebelles en Syrie.”

Des intellectuels dénoncent également l’affaire Ergenekon, qui serait un prétexte pour faire taire l’armée, rempart traditionnel contre l’islamisme dans le jeu d’influence politique dans le pays, et pour faire disparaître une opposition laïque journalistique de plus en plus virulente contre le pouvoir. En effet, Erdogan intente régulièrement des procès à l’encontre des journaux d’opposition, si bien que ces journaux font l’objet de saisies ou sont fortement pénalisés par les amendes.

En 2015, 15 chaînes de télévision sont saisies ou interdites d’émettre, des centaines de journalistes sont sous le coup de poursuites pour avoir « insulté le président ». En novembre 2015, les journalistes dissidents Can Dündar et Erdem Gül sont accusés d’« espionnage » pour avoir publié en mai un article sur les livraisons d’armes des services secrets turcs (MIT) à des groupes “””rebelles””” en Syrie (en ce compris le soutient du MIT à l’EI (ci-dessous)).

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Les procès pour injure envers M. Erdogan se sont multipliés depuis son élection à la tête de l’État en août 2014. Environ 2 000 procédures judiciaires ont été lancées en Turquie pour ce motif rien qu’entre août 2014 et avril 2015.

Politique économique

La Turquie a affronté la plus grave crise financière de son histoire récente en 2000 et en 2001. Mais les Turcs ont aussi été véritablement marqués par le tremblement de terre de l’année 1999, qui leur a montré l’étendue de la corruption dans leur pays. Le gouvernement a promis de faire de la lutte contre la corruption une de ses priorités, cependant, les résultats semble tarder…

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Mais la victoire de l’AKP doit beaucoup à l’exaspération de la classe moyenne, victime de plein fouet du chômage. Pour rééquilibrer les comptes de la Turquie (elle est le deuxième plus gros débiteur du FMI après le Brésil, avec 16 milliards de dollars, sa dette extérieure atteint 30 % de son PIB et sa dette publique est de 80 %), l’AKP suit la politique économique des financiers du FMI.

“Sa politique poursuit la politique entreprise par les anciens gouvernements, c’est-à-dire mettre fin au protectionnisme d’État”

Le passage d’Erdogan au pouvoir est marqué par la libéralisation massive de l’économie et la diminution du nombre de fonctionnaires. Sa politique poursuit la politique entreprise par les anciens gouvernements, c’est-à-dire mettre fin au protectionnisme d’État et libéraliser les échanges commerciaux, en abaissant les droits de douane, et en supprimant les quotas sur les importations.

L’environnement institutionnel stable créé par le gouvernement obtient des résultats positifs entre 2002 et 2011 avant de connaître un net ralentissement à partir de 2012. En 2015, l’orientation économique voulue par Erdogan demeure sujette à interrogations dans un pays qui connaît des déséquilibres macroéconomiques importants, en particulier déficits extérieurs et inflation.

Une volonté de changer la constitution. “Vous en verrez l’exemple dans l’Allemagne d’Hitler.” 

Sur le plan institutionnel, Erdoğan s’est prononcé à plusieurs reprises en faveur d’une modification importante de la Constitution, offrant notamment au président une compétence plus élargie et plus importante.

Le , lors de ses vœux du Nouvel-An, il défend le système présidentiel fort qu’il veut instaurer en Turquie en prenant pour exemple l’Allemagne d’Adolf Hitler. « Dans un système unitaire (comme la Turquie) un système présidentiel peut parfaitement exister. Il y a actuellement des exemples dans le monde et aussi des exemples dans l’histoire. Vous en verrez l’exemple dans l’Allemagne d’Hitler. » disait-il.

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Après la victoire du « oui »  au référendum d’avril 2017 qui institue un régime présidentiel et autorise le président de la République de Turquie à être membre d’un parti politique, il réintègre formellement l’AKP le . Ensuite, son parti convoque pour le 21 mai un congrès extraordinaire dans le but de nommer un nouveau président général, poste auquel il est candidat. Candidat unique, il est alors élu.

La question Kurde

Le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), après quinze ans de lutte pour l’indépendance et 37 000 morts, avait décrété un cessez-le-feu en 1999 avec l’ancien gouvernement. Le cessez-le-feu est rompu en 2004 par Erdogan.

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Il rappelle souvent les trois idéologies que combat l’État turc :

  • le nationalisme ethnique
  • le nationalisme régional
  • le nationalisme religieux

Les Kurdes réclament que le gouvernement fasse quelque chose pour sortir la partie kurde de la Turquie de la pauvreté et de la morosité économique. Erdogan a affirmé que le gouvernement n’y prévoyait pas d’investissements industriels.

Les citoyens de culture kurde sont toujours considérés comme des citoyens de seconde zone et souffrent de discriminations à l’emploi. Les affrontements avec la police et l’armée se sont accrus en 2010 dans les régions à majorité kurde.

Diplomatie

La Turquie est toujours un allié important des États-Unis. Elle effectue un rapprochement avec la Grèce et reste un partenaire économique et politique important de l’Union européenne.

Dès le début de son mandat de Premier ministre, Erdogan joue la carte de l’adhésion européenne, coupant l’herbe sous les pieds à une partie de ses opposants.

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Sous la présidence Erdogan, le pays s’est de plus en plus tourné vers le monde musulman, et commence à faire cavalier seul dans le jeu des équilibres géostratégiques. Les prises de position turques sur divers thématiques montrent un changement de cap radical avec les gouvernements précédents. Cela commence à inquiéter sur les véritables intentions du pouvoir islamiste.

Le gouvernement cherche à projeter ses succès économiques sur le terrain politique dans les anciens territoires de l’Empire ottoman en multipliant les partenariats avec les pays arabes, et en prônant la politique du zéro problème avec les voisins. On appelle cette nouvelle politique, “le néo-ottomanisme”.

Ces prises de positions contradictoires de la nouvelle diplomatie turque témoignent d’un expansionnisme économico-politique qui inquiète les alliés traditionnels de la Turquie. Ils voient comme la dissidence turque un double jeu du président, ce dernier n’hésitant pas à parfois soutenir des groupes douteux, notamment en Syrie pour asseoir se besoin de reconstituer cet empire perdu…

Les relations avec Israël

Erdoğan n’a pas changé radicalement la politique de la Turquie vis-à-vis de l’État d’Israël qui reste un allié majeur. Cela n’a pas empêché Erdoğan de dénoncer la politique jugée musclée du gouvernement de Benyamin Netanyahou.

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En 2004, au lendemain de l’assassinat du Cheikh Ahmed Yassine, du Hamas, Tayyip Erdogan n’hésitait pas à qualifier cette opération d’« acte terroriste » puis il dénonça le « terrorisme d’État » pratiqué par Israël dans la bande de Gaza, avant de rappeler temporairement son ambassadeur à Tel-Aviv et son consul à Jérusalem « pour consultations ».

Lors de divers opérations israéliennes, Erdogan a dénoncé la « terreur d’État » israélienne. Il déclara également que « les Israéliens traitent les Palestiniens comme ils ont été traités eux-mêmes, il y a cinquante ans ». Mais le partenariat stratégique et notamment militaire entre les deux pays n’est absolument pas menacé par ces déclarations (déclarations de façade pour satisfaire l’opinion publique turque qui comprend une franche anti-sioniste (anti-Israël))

Les relations avec la Russie

Certains avaient annoncé que les relations russo-turques auraient du mal à se remettre de la crise de novembre-décembre 2015, prédisant même, un gel des relations entre les deux pays de plusieurs années. Pourtant, six mois plus tard, leurs relations économiques et diplomatiques sont à nouveau excellentes.

La normalisation annoncée par les présidents Poutine et Erdogan lors de leur rencontre à Saint-Pétersbourg en août dernier, après que la Turquie a présenté officiellement ses excuses pour avoir abattu un chasseur russe Su-24, semble désormais repasser au stade supérieur, celui du partenariat stratégique.

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La Russie prévoit de renforcer ses positions sur le marché turc, qui est majeur pour elle dans plusieurs domaines. En effet, la Turquie est le second marché étranger pour le gaz russe. Lukoil, le géant pétrolier russe, y possède aussi d’importants intérêts, notamment plusieurs centaines de stations essence. En outre, Sberbank, la principale banque russe, détient DenizBank, qui fait partie du Top 5 des principales institutions bancaires turques.Résultat de recherche d'images pour "carte géopolitique turquie"

Les deux pays ont relancé 2 projets : un de gazoduc (TurkStream, ci-dessus), qui va acheminer le gaz russe en Turquie à travers la mer Noire, ainsi le second pour la construction de la centrale nucléaire d’Akkuyu. Dans le cas du gazoduc TurkStream, les travaux devraient débuter cette année, avec entre autres pour objectif de cesser le transit gazier via l’Ukraine d’ici 2019. Quant à la centrale nucléaire d’Akkuyu, le premier bloc devrait être opérationnel d’ici 2020, pour une centrale pleinement opérationnelle en 2023. Le projet sera réalisé par Rosatom.

Il convient aussi de souligner qu’en plus de la réactivation du partenariat stratégique dans la sphère économico-commerciale, avec pour objectif annoncé des deux côtés d’arriver à 100 milliards de dollars d’échanges annuels à l’horizon 2020-2023, on assiste en ce moment même à un dialogue politique sans précédent. En effet, jamais la Russie et la Turquie n’ont autant coordonné leurs positions pour tenter de résoudre les problèmes régionaux, comme c’est actuellement le cas dans le dossier syrien (et ce, malgré leurs divergences).

Sources : 

rts.ch/play/radio/forum/audio/qui-est-vraiment-le-president-turc-recep-tayyip-erdogan

fr.wikipedia.org/wiki/Recep_Tayyip_Erdogan

lemonde.fr/international/article/2017/07/14/turquie-erdogan-veut-une-armee-a-sa-botte_5160471_3210

lesinrocks.com/2017/07/20/actualite/un-apres-comment-erdogan-profite-du-putsch-rate-pour-mettre-au-pas-la-turquie-119677

plus.lefigaro.fr/tag/recep-tayyip-erdogan

fr.sputniknews.com/points_de_vue/201701311029870203-russie-turquie-relations