Qui a peur de Gilles Duceppe?

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Harper et Mulcair, même défaite





Le moins que l’on puisse dire, c’est que les chefs du Bloc canadien, messieurs Harper, Trudeau et Mulcair, ne se sont pas précipités pour réclamer la présence du chef du Bloc Québécois aux débats anglais.


On peut les comprendre. Gilles Duceppe est un redoutable débatteur. En 2004, il avait même réussi à gagner le débat en anglais selon les sondages, un exploit pour un chef souverainiste qui s’adressait principalement à des Canadiens. En 2011, il avait également remporté le débat en français, mais c’est Jack Layton qui avait séduit les Québécois. On connaît la suite...


Cette fois-ci, aucun des chefs canadiens n’a cette petite touche mystérieuse que Jack avait et qui donne envie d’aller prendre une bière et de jaser avec lui. Justin Trudeau a un beau sourire, c’est vrai, mais de quoi pourrait-on vouloir jaser avec lui?


Plus sérieusement, il y a bel et bien une crainte des chefs canadiens de voir débarquer Gilles Duceppe dans un débat en anglais et de l’affronter en français. C’est qu’il poserait certainement des questions dérangeantes à chacun des membres du trio de l’équipe canadienne. Et il poserait les mêmes questions dans les deux langues, ce qui exigerait des réponses tout aussi identiques de ses adversaires.


C’est à mon avis ce qui explique le refus de Harper et de Mulcair de se présenter aux débats du consortium. Que Stephen Harper ne veuille pas débattre, ce n’est guère étonnant. Mais que Mulcair, qui a aussi refusé de répondre à des questions au déclenchement électoral, refuse d’affronter les autres chefs, ça fait réfléchir.


Que les stratèges de Trudeau le protège parce qu’il a tendance à gaffer, oui. Mais Mulcair est un débateur expérimenté et un communicateur chevronné. Si je me mets un instant à la place de ses stratèges (hum!), je ne vois qu’une raison valable de le protéger ainsi : la conviction qu’il marche sur un fil étroit, en équilibre précaire. 


Autrement dit, ils considèrent que le chef du NPD a tout à perdre à s’exposer aux débats et surtout, à affronter Duceppe, le meilleur d’entre les chefs dans ce type d’exercice.
 




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