La voie de droite: sortir les médecins magiciens

Québec: un test de vision gouvernementale, avant ou sans statut de pays

Désengorger les CSSS, déstresser la population

Tribune libre

Vendredi 16:30, de Montréal nord sur l'autoroute 25 sud. Le tunnel Hyppolite Lafontaine est congestionné. De l'extérieur on s'imagine le bouchon à l'entrée du tunnel, et dans le tunnel. Pourtant, en dedans ça roule lentement mais dans les bons sens. Dans une voie réservée, des autos patrouilleurs et des autos civières sont à l'ouvrage. Au moindre signal de panique, ils remorquent le véhicule "en pane" jusqu'à la sortie. Afin de décongestionner le tunnel, le gouvernement ne résigne pas sur les moyens. Tous les ans, il accroit de beaucoup la flotte d'autos civières et de patrouilleurs. Hélas la situation va s'empirant, et ça fait des années que le calvaire dure. Avec le temps, les automobilistes ont appris à l'endurer. Mais tous sont d'avis qu'il existe une solution, des solutions. Il faut alors les trouver. D'abord, établir un bon diagnostic. Ensuite, il faudra chercher le courage des solutions.
Le système de santé québécois est plus que congestionnée. On multiplierait médecins, infirmières et lits, l'attente se maintiendrait significativement à des niveaux inquiétant. Pire que ça, les erreurs médicales ne diminueraient pas. C'est un sujet tabous, de dire que le personnel soignant est humain. Ces soldats de la vie, nous les voulons magiciens pour soigner tous nos maux, et les percevons robots infaillibles, infatigables et insensibles. Cette perception est dangereuse. Elle se traduit en attentes et attitude surréalistes, comme le refus de toute éventualité d'erreur ou d'échec. Et voici que le droit et la loi encadrent et surveillent le travail à l'intérieur des hôpitaux, au point le personnel médical a autant de préoccupation pour les protections administrative et juridique que pour les soins au patient. Peut-on librement parler des erreurs, des surcoûts organisationnels cachés sous les blocs d’argents, sans déranger ni rien craindre? Commençons par déstresser le personnel soignant, et enlevons de l'hôpital cette épée de Damoclès associée au risque de poursuites judiciaires faciles pour n'importe quoi. C'est faisable, comme c'est assuré pour les élus provinciaux et fédéraux, qui sont également des humains.
Nous assurions une organisation optimisée de l'hôpital, nous ne serions pas au bout de nos peines. Comme pour le tunnel Lafontaine, la congestion vient aussi de l'affluence. Il conviendra donc de travailler en amont. Repenser, Éduquer, prévenir, informer. Sur la route, il faudra un jour revenir à la petite voiture et au covoiturage, entre autres. En santé, il faudra réévaluer la nécessité d'une consultation, couper et coopérer. Je me souviens avoir passé en janvier dernier 7 mauvaises heures d'attente à l'urgence, pour un fiévreux début de grippe. Chez moi, ça n'aurait pas été pire, si pas terrassé par la peur d'en mourir. Si je n'ai pas gaspillé du temps des infirmières, j'ai pour le moins contribué aux engorgements statistique et perceptuel. Pouvons nous savoir ou revoir ce pourquoi il est nécessaire de consulter? La question essentielle est: l'idéal d'une vie sans malaise ni douleur est-il réaliste? Que les médias contribuent à y voir claire, et cessent d’être des vitrines d’une vie féerique insoutenable.
La perception de la mission du système institutionnel de la santé mérite un réajustement, tout comme celle du bien être individuel. Un arrimage des modes de vie, de l’économie, la spiritualité et la communication est également nécessaire, pour redonner le vrai sens à la vie. Car nos peurs de la vie et ceux de l'absence de vie sont sources d'engorgement du système de santé. Pensons-y, et déstressons-nous au plus sacrant. Ca presse!

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François Munyabagisha79 articles

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Psycho-pédagogue et économiste, diplômé de l'UQTR
(1990). Au Rwanda en 94, témoin occulaire de la tragédie de «génocides»,

depuis consultant indépendant, observateur avisé et libre penseur.





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