Québec solidaire : une gifle à effet boomerang

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Q.S n'est plus intouchable

Rarement aura-t-on vu Québec solidaire (QS) autant sur la défensive. Les derniers jours devaient pourtant permettre au parti de s'illustrer : un congrès plus suivi que d'habitude, un blitz de fin de campagne pour une élection partielle gagnée d'avance... L'alignement des planètes semblait des plus favorable. Quant au rejet de la convergence, il devait surtout faire mal au Parti québécois et à son chef.
La situation paraît maintenant complètement différente. Dans les journaux et sur Internet depuis quelques jours, les articles négatifs se multiplient. Québec solidaire est sommé d'expliquer pourquoi il a choisi de garder secrète la feuille de route sur laquelle les partis souverainistes s'étaient entendus. Ce faisant, le parti se trouve forcé d'expliquer pourquoi son comité de coordination national a rejeté une entente que ses représentants avaient pourtant signée et que Claudette Carbonneau n'a pas hésité à qualifier d'historique.
Sans surprise, les députés du Parti québécois multiplient les épithètes pour décrier le comportement de QS, mais les critiques qui font le plus mal sont sans doute celles qui viennent de l'intérieur.
Sur son site Internet, l'ex-candidat au poste de porte-parole masculin du parti, Jean-François Lessard, n'a pas caché sa « colère ». Il voit dans les actions du comité de coordination de Québec solidaire « un sabotage de la meilleure chance de faire l'indépendance qui se soit présentée aux Québécois-es depuis 1995 ». Rien de moins.
Bref, en moins d'une semaine, on est passé du parti qui assène une gifle à son adversaire à celui qui cache des choses à ses militants.
Avant même que les délégués de Québec solidaire ne se prononcent sur la question des pactes électoraux, le risque de dérapage était pourtant évident. Dès le mois dernier, Gabriel Nadeau-Dubois mettait en garde les membres de son parti contre le risque d'adopter la proposition A, contre la convergence.
« Elle est malhabile à certains égards. Le risque avec la proposition A, c'est que ce soit interprété comme le fait qu'on claque la porte, qu'on refuse tout dialogue, et je pense que ça nous expose, ça, à un backlash, à une réaction très négative de la part d'une bonne partie de l'électorat », déclarait-il lors d'un débat tenu dans la circonscription de Jean-Lesage.
Dès l'ouverture du congrès de Québec solidaire, samedi dernier, un sondage Léger Marketing indiquait qu'une forte majorité d'électeurs favorables à Québec solidaire souhaitaient que le parti noue une alliance avec le Parti québécois. Notre reportage dans la circonscription de Gouin arrivait d'ailleurs aux mêmes conclusions.
Bref, il ne manquait déjà pas grand-chose pour que la décision des membres de QS suscite la controverse. Ajoutez à cela les cachoteries alléguées au sujet de la feuille de route et les commentaires disgracieux entendus lors du congrès à l'égard du Parti québécois, et tous les ingrédients étaient réunis pour que Québec solidaire passe un mauvais quart d'heure.
À quelque chose malheur est bon, dit-on. Au sein du parti, certains prennent les choses avec philosophie et se réjouissent de se retrouver enfin au centre du débat. « On est devenu un vrai acteur sur la scène politique », se réjouit une source, qui admet toutefois qu'« il y aura un prix à payer ». Comme le Parti québécois a choisi de ne pas présenter de candidat dans Gouin, on ne saura toutefois pas dans l'immédiat à combien s'élèvera ce prix.
En acceptant de discuter convergence avec le Parti québécois, Québec solidaire tomberait dans le piège de Jean-François Lisée, le « Machiavel de la négociation », ont plaidé certains délégués au congrès de la fin de semaine dernière.
À voir la tournure des événements, on peut se demander si le piège ne consistait pas précisément à rejeter la convergence... et si Québec solidaire n'y est pas tombé à pieds joints.


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