Quand la science inquiète

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«Science sans conscience n'est que ruine de l'âme» - François Rabelais






Le mouvement anti-vaccin dont on a parlé il y a quelques semaines a fait peur à plusieurs. Parmi ceux-là, au scientifique en chef du Québec, Rémi Quirion. Il confiait récemment au Soleil de Québec son inquiétude devant l’hostilité à l’endroit de la science et de ses découvertes au sein de grands pans de la population, qui préfèrent n’importe quelle légende urbaine aux connaissances rigoureusement acquises. Les scientifiques doivent éduquer la population, disait-il.




On comprend son inquiétude devant cette tentation obscurantiste. Imaginons qu’une part significative de la société se laisse gagner par le discours anti-vaccin. On assisterait probablement, alors, au retour de calamités et de maladies que le XXe siècle avait pour l’essentiel éradiquées. Imaginons aussi une désertion majeure des hôpitaux pour se tourner vers les médecines parallèles. Notre société régresserait certainement à grande vitesse.




Et pourtant, je me permettrai quelques petites nuances pour prendre la défense du badaud. Car ce qu’on appelle la science n’est pas un grand tout unitaire devant lequel il faudrait s’incliner. Elle fonctionne à tâtons. Ses découvertes sont souvent provisoires. Elle tâtonne, elle hésite, les chercheurs se critiquent entre eux, et c’est merveilleux. Cette part de doute, c’est ce qui lui permet finalement d’avancer, de progresser. Pourquoi ne pourrions-nous pas douter aussi?




Quand la science devient religion




Mais surtout, la science est la référence suprême dans nos sociétés. Et on constate souvent que bien des idéologies prétendent parler son langage pour prendre du galon et gagner en crédibilité. Autrement dit, des discours hasardeux, souvent fondés sur la foi et étrangement bien installés dans l’université, qui s’ouvre à bien des faux savoirs qui font plus de mal que de bien, veulent se faire passer pour scientifiques.




Pensons aux fameuses sciences de l’éducation, qui dominent dans les facultés du même nom. Évidemment, on y trouve des chercheurs honnêtes et qualifiés.




Mais globalement, elles sont aujourd’hui plus proches de l’occultisme que de la recherche scientifique. Leur cadre théorique est miné. Elles militent activement pour une idée de l’école en rupture avec l’école traditionnelle. Et cette idée, elles sont parvenues à l’appliquer. L’école en souffre tous les jours.




Pensons aussi à l’économie, discipline intimidante s’il en est une, qui mathématise à outrance l’existence pour se donner un vernis rigoureux. Or s’il existe, évidemment, des tonnes d’économistes ­rigoureux, on peut reconnaître que l’économie vire facilement à l’économisme, que cette science devient rapidement une religion en se laissant fossiliser par ses dogmes. Elle peut alors causer bien des ravages. C’est vrai aussi de la sociologie, qui a ses propres travers.




Une conviction devrait nous habiter. Le monde sera toujours trop complexe et trop empli de mystères pour être définitivement compris. Nous ne saurons jamais une fois pour toutes ce qui est absolument vrai et ce qui est absolument faux.




La science représente évidemment une magnifique enquête menée par l’esprit humain pour éclairer un peu notre univers. Elle mérite notre admiration. Elle ne devrait pas s’offusquer de susciter aussi un peu de méfiance.


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