Il n’y a pas d’occupation israélienne en Cisjordanie. Dès lors, le gouvernement de Benjamin Nétanyahou doit légaliser toutes les colonies qui s’y trouvent, et toutes celles qui seront créées à l’avenir…
Ces conclusions, un rien hallucinantes, rendues publiques lundi 9 juillet, sont celles d’un comité présidé par l’ancien juge de la Cour suprême Edmond Levy, formé en janvier 2012, à la demande du premier ministre israélien.
Conscient qu’elles s’apparentent à ce que le journal Haaretz qualifie de «dynamite politique», M. Nétanyahou a commenté avec prudence le travail de M. Levy et de ses deux adjoints, l’ancien juge de Tel-Aviv Tehiya Shapira, et le juriste Alan Baker, trois personnalités marquées à droite.
«Ce rapport est important parce qu’il traite de la légalisation et de la légitimation de la politique de colonisation en Judée et Samarie [Cisjordanie] sur la base de faits et d’arguments qui doivent être sérieusement considérés», a-t-il indiqué.
M. Nétanyahou s’est efforcé de retarder la publication du rapport Lévy, mais il est désormais au pied du mur : que faire ? D’abord attendre l’avis du procureur général Yehouda Weinstein, puis prendre une décision au sein du comité ministériel sur les colonies, créé en avril.
M. Nétanyahou n’a pas de bonne solution : traiter les conclusions du juge Lévy comme quantité négligeable, c’est se mettre à dos tous les partisans de la colonisation, qui exultent ; les approuver, c’est déclencher une condamnation unanime de la communauté internationale.
Jusqu’auboutisme
L’État juif a dans ce domaine le cuir solide, mais la réaction immédiate de Washington, qui a rappelé son opposition à toute légalisation des colonies juives de Cisjordanie, donne à penser qu’Israël risque de perdre ses derniers soutiens diplomatiques.
C’est que, dans le registre du jusqu’auboutisme sioniste, l’argumentation du «comité Lévy» semble sans précédent. Les trois experts relèvent que les gouvernements israéliens ont agi «avec une totale mauvaise foi en affirmant que ces colonies avaient été construites illégalement, tout en encourageant leur construction».
Ils expliquent que la Cisjordanie a été reprise à la Jordanie lors de la guerre des Six Jours (1967), laquelle n’a jamais pu démontrer sa souveraineté sur ce territoire. Dès lors, la convention de Genève (qui interdit à une puissance occupante d’installer sa population sur des terres qu’elle occupe) ne s’applique pas.
De plus, affirment les auteurs, la Déclaration Balfour de 1917, qui se prononçait en faveur de l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif, ne parlait pas de «droits nationaux pour les Arabes»…
(photo ajoutée par Vigile)
Autrement dit, ceux-ci n’en ont pas, et, puisque la notion de «territoires palestiniens occupés» n’a pas de sens, Israël n’est pas une puissance occupante, et les colons sont chez eux dans toute la Cisjordanie. Dans les faits, c’est un peu ce qui se passe, mais l’affirmer dans un rapport officiel devrait constituer un intéressant sujet de discussion entre Benjamin Nétanyahou et la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton, attendue à Jérusalem le 16 juillet.
Quand Israël réécrit l’histoire de la colonisation en Cisjordanie
Dans les faits, c’est un peu ce qui se passe, mais l’affirmer dans un rapport officiel devrait constituer un intéressant sujet de discussion entre Benjamin Nétanyahou et la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton, attendue à Jérusalem le 16 juillet.
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