Qu'est-ce qui cloche avec la proposition Marceau?

Mme Fournier doit retirer sa proposition

Tribune libre


L’auteur a annoncé son intention de briguer l’investiture du Parti québécois dans Marie-Victorin.
Le mieux est parfois l’ennemi du bien. La proposition Marceau en est un exemple éloquent. Rappelons que Catherine Fournier, qui brigue l’investiture de Marie-Victorin, en est l’une des instigatrices principales.
Sur papier, l’idée pouvait sembler bonne. Demander au Canada de déposer sa « meilleure offre » constitutionnelle. Offrir aux Québécois l’occasion de se prononcer entre la meilleure offre d’Ottawa et la souveraineté, lors d’une consultation populaire. En prime, la double question permettrait, espère-t-on, de conclure une alliance électorale avec la CAQ, afin de déloger les Libéraux. Bien entendu, la CAQ se ferait rouler dans la farine. Car on tablait sur le fait qu’Ottawa ne proposerait rien, ou mieux encore, qu’Ottawa reviendrait sur sa promesse, afin de fomenter le ressentiment nécessaire pour susciter les « conditions gagnantes ». Qu’est-ce qui pourrait bien mal tourner dans cette histoire?
Tellement de choses. Tellement, en fait, qu’on se demande comment des personnes averties ont pu rater autant d’angles morts.
On s’est imaginé qu’on vendrait l’indépendance en fabriquant le ressentiment, plutôt que la fierté et l’espoir.
On s’est imaginé que la présence de la CAQ dans une coalition de gouvernement, dont le programme est aussi néolibéral que celui du PLQ, puisse être une chose souhaitable.
On s’est imaginé que l’électorat serait en mesure de se retrouver dans ce cambouis alambiqué de doubles discours, et de « Secrétariat au fédéralisme renouvelé ».
On s’est imaginé qu’un fédéralisme renouvelé épuiserait la volonté d’indépendance, qu’il « réglerait » la question nationale.
Pour ma part, je demeurerai toujours indépendantiste. Ce ne sont pas quelques concessions d’opérette du régime canadien qui me feront changer d’avis.
La proposition Marceau n’a pas la cohérence et la force qu’un peuple est en droit de s’attendre d’un mouvement de libération nationale. Point final.
Un élan de sympathie

Je me souviens très bien de la journée où la « proposition Marceau » a été dévoilée. Interloqués – comme moi – les militantes et militants du Parti québécois exprimèrent avec hostilité leur étonnement face à une telle idée. Certaines attaques allèrent trop loin. Je trouvais cela injuste pour Catherine Fournier, que j’affectionne beaucoup, pour l’avoir côtoyée lors de la campagne fédérale de 2015, en tant que candidat du Bloc québécois.
C’est pourquoi je fus saisi d’un élan de sympathie envers Catherine et lui écrivis le message texte suivant :
« Ta proposition est digne d’intérêt mais c’est un échec de PR. Beaucoup ne comprennent pas. C’est un problème récurrent quand on essaie d’être astucieux avec la stratégie, rien ne dit que les militants vont essayer de la comprendre. »
Je suis enseignant de philosophie et j’ai beaucoup de respect pour les personnes qui proposent des idées nouvelles, aussi perfectibles fussent-elles. C’est dans cette optique que je lui envoyai ce message. Les attaques personnelles à son endroit fusaient de partout, parfois de personnes n’ayant pas pris suffisamment de temps pour étudier sa proposition.
En conclusion
La proposition Marceau, si elle trouvait son chemin jusqu’au plancher du congrès, sera facile à battre. Je suis convaincu que si ce n’est déjà fait, ses instigateurs s’en rendront bientôt compte.
Le plus tôt ils l’admettent, le mieux ce sera.


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6 commentaires

  • François A. Lachapelle Répondre

    4 août 2016

    La proposition Marceau = un référendum en 2021 sur 2 options:
    un Québec indépendant OU b) un fédéralisme renouvelé basé sur une offre du Canada
    Voici un extrait de l'article sur Ici Radio-Canada, titre " Des péquistes proposent de solliciter une nouvelle offre constitutionnelle du Canada " 30 mai 2016:
    « Au terme de ces trois ans, (ndlr: 2018 à 2021 ) les Québécois seraient ainsi interrogés sur les deux options, en présumant que le reste du Canada veuille soumettre une offre de fédéralisme renouvelé.»
    La grande faiblesse de la proposition Marceau est contenue dans la "présomption" que le reste du Canada veuille soumettre une offre de fédéralisme renouvelé.
    Qu'arrive-t-il "SI" le reste du Canada fait la sourde oreille, qu'il ne bouge pas, qu'il pratique le "statut quo" à la lettre comme il le fait depuis la fermeture de la cage à homards avec le rapatriement de la constitution par Trudeau-père en 1982 ?
    Pour que la présomption de la proposition Marceau ait une quelconque valeur, il faudrait que dès maintenant, le reste du Canada incluant les Québécois fédéralistes envoient des signes de bonne volonté dans la direction "d'un fédéralisme renouvelé".
    Il existe de tels signes actuellement. Vous savez qui les envoie ? C'est Philippe Couillard qui énonce quelques concessions à tirer du Canada-anglais pour signer la constitution au nom du Québec dans le contexte des festivités du 150e anniversaire du Canada en 2017. Ça vient vite et les fédéralistes se feront un plaisir d'ébahir les "ga-ga" du Québec.
    Nicolas Marceau et son groupe devraient à la place combattre le projet de 2017 de Philippe Couillar au lieu de viser sur 2021. La caravane passera durant le sommeil de Nicolas Marceau.
    Dès maintenant en 2016, il faut miser sur les forces symboliques contenues dans le projet "indépendance du Québec" depuis toujours. Les canadiens-anglais comprennent très bien la signification pour leur Canada de l'indépendance du Québec. Pourquoi les Québécois(ES) ne comprendraient pas le message ?
    On ne peut pas compter de manière aussi capitale sur la bonne foi de ses adversaires. On ne peut "compter" que sur nos forces dans chacun des 125 comtés du Québec. En 1976, Gérald Godin a battu Robert Bourassa dans le comté Laurier en frappant à toutes les portes du comté en répétant " Parthenais mon cul ! ". Il se motivait par le souvenir de son emprisonnement par Trudeau en octobre 1970 à la prison de la rue Parthenais à Montréal.

  • Marcel Haché Répondre

    4 août 2016

    Votre texte fait plaisir à lire, Philippe Cloutier
    Enclenchée par un gouvernement péquiste, la « proposition Marceau » ne mènerait pas «nulle part ».
    En laissant toute initiative au gouvernement fédéral (rouge ou bleu, cela n’a aucune importance), cette proposition commencerait par déstabiliser rapidement un gouvernement péquiste en tout premier lieu ¹, puis son remplacement, puis faciliterait décisivement le ralliement de la province de Québec à la constitution de 1982. C’est précisément là où ne veulent pas aller les indépendantistes. C’est là précisément où la gang à Couillard rêve d’aller…
    Cette « proposition Marceau » n’en est donc pas une.
    Un gouvernement péquiste qui aurait du nerf serait capable de parler d’indépendance (une nouveauté dans le paysage) sans se laisser distraire lui-même par le référendum (c’est ça le nerf). Garder le référendum en réserve comme une sourde menace, Québec pourrait laisser l’institution fédérale s’énerver et s’agiter beaucoup pour rien à propos d’un hypothétique référendum. Certes, un gouvernement d’indépendantistes pourrait mobiliser contre lui-même tout le Canada, des ruelles d’Halifax jusqu’à celles de Vancouver, mais il pourrait aussi fatiguer et épuiser cette mobilisation, cette opinion du R.O.C. qui rêve plus que toute chose de passer à « autre chose », qui s’impatiente de sortir de cette satanée question québécoise qui l’enquiquine au plus haut point.
    Ayant convenu avec l’électorat québécois qu’il ne tiendrait pas de référendum en cours de mandat (grosse job), le gouvernement péquiste (autre nouveauté dans le paysage depuis le temps que les libéraux mènent la province) garderait toute souveraineté à l'égard son propre agenda politique. Les indépendantistes sont très capables, en effet, entretemps… de gérer une province qui a par ailleurs tellement besoin d’être mieux gouvernée.

    Vivement donc un Gouvernement péquiste « national », pas « nationaleux » pour deux sous ni « progressiste » pour un sous, élargi à la C.A.Q. à Q.S., à O.N. et au P.I.au besoin (et même, oui même aux quelques libéraux qui ne Nous auraient pas reniés, mais pas à ceux de Radio-Québec avant qu’un Redressement National n’y ait purifié les choses…), un Gouvernement National donc plutôt qu’un désormais impossible gouvernement péquiste de péquisteux et de référendeux.
    L’indépendance pourra advenir, se « faire », si d’abord, si seulement les indépendantistes sont un jour capables de s’extraire de la péquisterie. La proposition Marceau relève hélas de cette…de cette gélatine qui colle au P.Q. et qui l’empêche depuis longtemps de décoller.
    ¹ Ce fut une erreur stratégique infiniment coûteuse de René Lévesque d’aller dire, au soir du référendum de 1980, que la « balle » était désormais dans le camp de ses adversaires. Cette reconnaissance était inappropriée. La « balle » en question Nous est revenue aussitôt qu’en 1982... Avec le recul, c’est facile de voir que l’échec du référendum de 1995 était contenu en germe dans l’échec du référendum de 1980. C’est plus difficile de l’admettre... D’où le déni…On jase.

  • Philippe Cloutier Répondre

    4 août 2016

    Voici une explication plus détaillée de la proposition Fournier:
    http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/Politique/2016/05/30/003-nicolas-marceau-pq-bloc-referendum-independance-federalisme-renouvele.shtml

  • Archives de Vigile Répondre

    3 août 2016

    Dire que les auteurs de la proposition Marceau OSENT ne pas se prononcer sur la chefferie du PQ. Catherine Fournier a même laissé croire qu'elle soutiendrai Martine Ouellet, histoire d'aller chercher quelques votes dans son clan. Quel Hypocrite !
    Nicolas Marceau a même répeté que c'est une proposition parmis tant d'autre pour sortir du statut quo...
    Sortir du statut quoi pour se ramasser...dans un cul de sac ! Bravo Marceau !

  • François A. Lachapelle Répondre

    3 août 2016

    Est-il possible de nous rappeler clairement la proposition Marceau ?
    En quoi cette proposition mène nulle part ?

  • Archives de Vigile Répondre

    3 août 2016

    Bien qu'ayant lu les textes parus dans Le Devoir, j'admets que je n'en ai pas saisi l'entièreté de ses subtilités. Mais après tout, à quoi bon?
    Après le rapatriement de la constitution en 1982, après le beau risque de 1984, après l'échec de l'accord du Lac Meech en 1990 et de l'entente de Charlottetown en 1992 puis le Plan B mis en branle suite à la défaite référendaire de 1995, il n'y a plus rien à attendre du Canada.
    Par conséquent, tous les efforts des militants patriotes ne doivent être déployés que pour realiser le seul objectif qui assurera la pérennité de notre nation: l'indépendance du Québec.
    Et pour la cohésion de notre mouvement, plus vite les tenants de la proposition Marceau reconnaîtront leur erreur et mieux notre mouvement s'en portera.