Le PQ doit renouer avec l'action citoyenne

Militantisme d'initiative et Fédération des indépendantistes

Une société civile en action

Tribune libre

L'impopularité de Pauline Marois et son incapacité à mener une campagne inspirante sur l'indépendance auront eu raison du national-provincialisme du Parti Québécois. Le Parti Québécois doit désormais redevenir à la fois une coalition et un parti de militantes indépendantistes. Pour ce faire, il faudra se débarrasser du syndrome du Sauveur et de l'attitude attentiste qui l'accompagne nécessairement. En parallèle, suivant le modèle catalan, les indépendantistes doivent se fédérer dans la société civile pour mieux enraciner leur voix.

Pour y parvenir, j'identifie trois axes d'action importants. 1) Fédérer les indépendantistes de la société civile (sociétés, publications, groupements, etc) sous une bannière commune, dont le Parti Québécois serait le bras électoral. 2) Tenir des investitures ouvertes au Parti Québécois, avant la désignation du chef. 3) Fonder une Académie républicaine, sous la responsabilité de cette Fédération.

1) Fédérer les indépendantistes

L'action électorale ne suffit pas à promouvoir un renversement de mentalité aussi profond que celui proposé par l'indépendance. La présence permanente des indépendantistes dans toutes les sphères de la société civile est indispensable. Or, pour plusieurs raisons, il est difficile pour un seul parti politique d'accomplir ce travail. La première tient au financement et aux lois concernant la publicité politique, qui restreignent considérablement les possibilités d'action. Une fédération indépendantiste disposant de sa propre raison sociale pourrait faire la promotion de l'idée d'indépendance de façon non-partisane, en profitant notamment de dons supérieurs à 1000 $ et, pourquoi pas, en se constituant un fonds propre. Elle permettrait à ceux qui sont frileux à l'idée d'appartenir à un parti politique de devenir membre et de contribuer; c'est un geste moins marqué, moins « intimidant ». Une telle fédération serait aussi en position de survivre aux aléas de l'humeur électorale et du fractionnement des partis politiques selon une conjoncture souvent imprévisible. Parmi les tâches essentielles de cette organisation, il importera de tenir un grand débat sur la méthode et la stratégie à suivre pour parvenir à l'indépendance. Cette plateforme d'action stratégique, sans revêtir de caractère obligatoire, exercerait une forte autorité morale auprès de toute formation politique faisant de l'indépendance un objectif souhaitable.

Toute organisation, société, fondation, publication, groupement, syndicat, seront invités à se joindre à la Fédération, au même titre que les particuliers, selon des modalités à définir. Les groupements acceptent de mettre en commun une partie de leur fonds, mais conservent leur indépendance et siègent en leur propre nom à un Conseil de coalition.

2) Déclarer des investitures ouvertes au Parti Québécois

Le Parti Québécois doit se donner ses 125 candidates avant de se donner un chef. Les candidates choisies s'engageront à faire la promotion continue de l'indépendance dès leur nomination, jusqu'au prochain scrutin. Ces investitures seront une occasion privilégiée de recrutement et de formation de nouveaux membres. On objectera peut-être que le recrutement est une opération difficile, en l'absence de chef. Tant mieux! Les membres qui partent et viennent avec les chefs n'apportent pas grand chose à un parti. Les tristes cas d'André Boisclair et de Jean-Martin Aussant l'ont amplement démontré.

En suivant cette démarche, nous aurons dans un horizon de douze mois cent-vingt-cinq candidates dévouées. Celles-ci s'engageront à défendre la plateforme décidée lors d'un congrès de la Fédération. Alors, et seulement alors, ce sera le moment de désigner un chef apte à défendre cette démarche, parmi les candidates investies. Afin de démontrer une bonne fois pour toutes qu'il est une véritable coalition, le Parti Québécois prendra un pari audacieux: accepter le vote des membres d'Option nationale et de Québec Solidaire à ces investitures.

3) Fonder une Académie républicaine

La Fédération devra mettre sur pied au plus tôt une institution d'enseignement vouée à la promotion de l'idée indépendantiste et à la pédagogie militante. L'Académie républicaine offrira des formations en lieu propre à coût modique et des formations en ligne gratuites.

Loin d'être irréalisables ou utopiques, ces projets sont nécessaires. En faisant preuve d'unité, nous, les indépendantistes de tous horizons, dépasseront enfin l'image ringarde de chicaniers qui nous est trop souvent accolée. Plus important encore, l'art de la stratégie nous enseigne que la clef de la victoire réside dans la cohésion et la discipline. Il est bien plus important d'avoir une stratégie commune que d'avoir la meilleure! Référendum, élection décisionnelle, constitution déclaratoire, gestes de rupture, Constituante, peu importe. Ce qui compte, c'est de serrer les rangs sur la voie qui aura été choisie.

Unité, démocratie, initiative! Tel est notre devoir envers notre République en gestation.

* Note: le féminin dans ce texte est employé au sens inclusif


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8 commentaires

  • Philippe Cloutier Répondre

    17 avril 2014

    @Suzanne Lachance et commentaire anonyme
    L'auteur de ce texte est Philippe Cloutier et non Pierre

  • Archives de Vigile Répondre

    17 avril 2014

    Je note quelques contradictions chez-vous.
    D'une part, vous en appelez à ne pas attendre un Sauveur, mais dans un texte ultérieur, vous êtes presqu'à genoux devant la candidature de PKP à la chefferie!
    D'autre part, depuis des années, vous en avez contre les politiciens professionnels mais vous vous empressez de vous ranger de leur côté à chaque élection.
    Faudrait savoir ce que vous voulez.

  • Pierre Tremblay Répondre

    16 avril 2014

    Bonjour,
    Je trouve l'idée superbe. La souveraineté doit être véhiculée à chaque jour dans des projets concrets au Québec. Non pas seulement au 4 ans dans le cadre d'une campagne électorale. Oui je serais prêt à faire partie d'une telle organisation.

  • Archives de Vigile Répondre

    16 avril 2014

    Je ne vous suis plus trop, monsieur Cloutier. Vos deux textes d'hier se contredisent. Dans l'un, vous souhaitez que le PQ se choisisse PKP comme chef le plus rapidement possible; dans l'autre, vous parlez d'une longue démarche dans laquelle le choix du chef n'arrive qu'après au moins un an.
    Lequel est le bon ?
    Pour ma part, vos trois axes d'action me semblent très intéressants, car ils fournissent des pistes de réflexion centrées sur du concret. Qui dit mieux ? Le temps des analyses a assez duré; il nous faut passer à l'action, inventer, créer. C'est justement ce que vous faites et je vous en remercie.

  • Chrystian Lauzon Répondre

    15 avril 2014

    Messieurs Cloutier (Philippe), Ricard et Bernier, vous brûlez d’intelligence « praxis » oserais-je dire sans me faire prétentieux : j’admire votre mode de lucidité centré sur l’action et le résultat, ce mouvement ne trompe jamais. Pourquoi n’est-il pas reconnu par tous et toutes?
    M. Cloutier, parmi vos idées lumineuses de sens actif et concret, vous me rappelez celle que j’avais amenée d’un Fonds national apartite, ouvert à tous et toutes les québécoi(s)es (de souche, sous-souche, sursouche, mettez-les toutes et tous) pour la promotion et la réalisation de l’indépendance du Québec.
    À vous lire avec une telle intelligence stratégico-pro-actions, je me demande s’il n’y pas une inculture déroutante au sein du PQ? Un écho représentatif du 49% d’analphabétisme dans la population, version politicienne désargumentarisée et négastratégique.
    M. Ricard parle de péquistes non indépendantistes investis au PQ. Cher monsieur, peut-être y aurait-il pire encore? Des libéraux inconditionnels et convaincus, sans même une carte de membre authentique en main, tel l’étrangeté « Monique Jérôme-Forget », associée aux libéraux voleurs de Caisse de dépôt et au pouvoir du Conseil du Trésor à l’époque Charest, et amie personnelle de Mme Marois, nommée par cette dernière, presqu’au début de son mandat, à un poste que elle, Monique, non seulement n’a pas perdu présentement, mais partage désormais avec ses alliés politique naturels au sein même de notre État volé, par médiacratie interposée à l'évidence.
    Y aurait-il là un motif d’explication de ce pourquoi l’enquête sur la Caisse n’a pas été ouverte, telle que promise par Marois? Quelle horreur ces pensées shakespeariennes?
    Pour aller au front, feriez-vous confiance et appel à votre pire ennemi convaincu et inconditionnel qui n’a rien à foutre de votre cause? Peut-on prétendre servir l’État quand la mission libérale consiste à le surappauvrir sans arrêt?
    Vivement une purge au PQ, oublions l'État, servons le peuple désormais : comment tolérer de faire équipe avec des libéraux dans la conduite d’un État social-démocrate d’abord, à vision indépendantiste par affinité naturelle, et avec des stratégies et argumentaires le nez collé sur l’objectif de renversement de faux pays en un vrai, le seul vrai pour la nation québécoise, visant avec cohérence l’application de cette vision.
    Vraiment, cette Monique Jérôme-Forget au PQ? Expliquez- moi? N'est-elle que l'indice de la pointe de l'iceberg? Travaillerait-elle pour l’indépendance dans le camp libéral à présent? Comment un chinois immigré ici comprend-t-il ce qui est incompréhensible pour la vieille souche québécoise citoyenne que je suis.
    Je ne suis pas « poli-ti-chien » moi, seulement un « honnête » citoyen indépendantiste, qui a voté PQ avec un crayon automatique, sans être présent, ni de corps, ni d’esprit, après 18 mois de lavage de cerveau, détêté et désintelligenté.
    Ce que révèlent les résultats d’élection? Qu’à diriger les mains sur un volant une auto déjantée, le peuple devient lui-même totalement représentif de déjantement global. « dé-gens-tement », vous saisissez le jeu de maux (sic).

    Merci Messieurs, de ramener les pendules à l’heure d’une intelligence entre le dire et le faire correspondant, cela nous invite à sortir du cauchemar actuel débuté par ce Printemps étable – expression très olFACTivement significative qui ne vient pas, malheureusement de moi celle-là, mais combien si juste.
    J’espère qu’on vous suit des hauteurs politiques comme moi je vous encourage à poursuivre sur cette lancée. Vigile est déjà un libre blanc en soi de nos noirceurs révélées du passé et de nos lumières éclatantes vers l’avenir : le phare est criant d’un jet unifiant vers le cap de notre seul pays.
    Chrystian Lauzon

  • Mireille Des Rochers Répondre

    15 avril 2014

    J'ai adoré votre texte dont le féminin incluait le masculin !! Cela m'a fait sourire dans ces temps si moroses !!

  • François Ricard Répondre

    15 avril 2014

    Vous assumez que tous les membres du PQ sont pour l'indépendance.
    Êtes-vous bien sûr de cela?
    Il me semble qu'il faut d'abord s'assurer du bien-fondé de cette hypothèse,
    J'ai fait les deux dernières campagnes électorales sur le terrain. L'une pour ON et l'autre pour le PQ.
    Plusieurs se disent souverainistes mais visent essentiellement plus de pouvoirs pour le Québec province. Ce sont, comme le dit Pierre Cloutier, des chouverainistes.
    Pour partir sur un bon pied, il faut établir hors de tout doute que le PQ renouvelé visera l'indépendance, tous les pouvoirs. Autrement nous nous retrouverons encore avec deux tendances au sein du même parti.
    Nous avons besoin de militants. Encore plus avec les nouvelles règles régissant le financement. Les meilleurs militants sont ceux que l'on implique dans le processus dès le début. Dans un congrès national, on pourrait demander aux membres de définir dans ses grandes lignes le pays qu'ils veulent se donner, la république dont ils rêvent. Leur demander aussi comment on doit s'y prendre pour s'y rendre.
    Ensuite nous pourrons nous donner un chef qui acceptera les orientations du parti. Et non l'inverse comme c'est arrivé trop souvent. Surtout avec Bouchard, Boisclair et Marois.

  • Marcel Bernier Répondre

    15 avril 2014

    Nous pourrions, aussi, former un groupe comme celui de Nicolas Bourbaki, vous savez, ce mathématicien imaginaire, sous le nom duquel un groupe de mathématiciens francophones a commencé à écrire et éditer des textes mathématiques. Leur objectif premier était la rédaction d’un traité d’analyse.
    Dans notre cas bien précis, il serait possible de mettre à contribution les collaborateurs-trices et lecteurs-trices de Vigile afin de leur demander leur avis et leurs suggestions concernant, par exemple, la loi fondamentale qui devrait figurer à l’article 1 du programme du Parti Québécois et sur lequel ce parti orienterait toute sa politique. C'est cette loi fondamentale qu'il ferait adopter, en temps et lieu, par plébiscite (on abandonne le terme «référendum», qui n'est pas approprié pour le cas qui nous occupe).
    Le même principe pourrait s’appliquer dans l’élaboration de notre livre blanc sur les tenants et aboutissants de l’indépendance du Québec, à la manière de celui que les Écossais ont fait paraître. Chacun des intervenants pourrait se voir attribuer une parcelle du travail et, au fur et à mesure d’un travail de coordination, l’ouvrage collectif verrait le jour assez rapidement.