À Mesdames et Messieurs les DéputéEs de la Commission qui se penchent sur le projet de loi 14, bonjour.
1. Je commence par un constat qui je crois est généralisé au Québec: la valeur de la langue française comme langue commune au Québec, particulièrement à Montréal, est banalisée, comme vidée de son sens: à l'école, au travail, dans les loisirs, sur la rue.
2. Le français n'est pas parlé avec amour et en priorité pour s'exprimer dans la vie courante. De la maternelle à l'université, il existe tellement de chemins de traverse qui accordent la préséance à l'anglais. La vie culturelle des jeunes est truffée d'anglais dans les musiques populaires, d'emprunts aux valeurs de la société étasunienne dans l'alimentation, dans les sports et dans l'ensemble des activités de loisirs principalement reliées à la passivité de la télé et des autres médias électroniques.
3. Le français au travail a aussi besoin d'une importante mise à jour. Nous sommes en 2013 et la facilité va toujours dans la direction de l'usage généralisé de l'anglais.
4. Le français spontanément parlé sur la rue par des néo-québécois est inexistant. Des zélotes du bilinguisme répandent la rumeur que "Montréal est une ville bilingue" point à la ligne. (entendu souvent à la radio ces temps-ci)
5. De 1977 à 2013, soit depuis plus de 35 ans, le problème de la faiblesse de l'usage du français comme langue commune au Québec et particulièrement à Montréal a progressé dans la mauvaise direction. Dans un discours prononcé le 2 juillet 1977 par le Dr. Camille Laurin devant le Canadian Club de Montréal, il disait vers la fin de son discours, je cite:
« Certains disent: "Le bilinguisme institutionnel est un impératif économique au Québec." Voilà un autre mythe. Nous l'avons dit dans le Livre Blanc, certaines personnes -- cadres de sociétés, membres des bureaux de direction, administrateurs de l'État -- doivent savoir l'anglais. Mais affirmer que la population tout entière du Québec doive être bilingue pour des raisons économiques, ce serait affirmer du même coup que, pour gagner sa vie dans ce pays, à n'importe quel poste et dans n'importe quel travail, il faille parler anglais. Heureusement, nous n'en sommes pas arrivés à ce degré d'esclavage culturel.»
Appréciation: en 2013, cet esclavage culturel, selon moi, a atteint un degré de honte nationale.
6. Un autre grand Québécois peut nous aider dans notre réflexion. Il s'agit du poète Félix Leclerc qui a écrit la chanson "Richesses" dont voici les mots qui sont tous lourds d'actualité en 2013:
" Cinquante ans de poussées et d'arrêts, je marche encore,
Moissonner pour les autres sans avoir droit au grain,
Défendre des pays qui volent votre bien,
Leur bâtir des maisons et puis coucher dehors.
...
J'ai enrichi des gens qui en ont profité
Et que me reste-t-il après tant de batailles ?
Me reste toi, mon souffle, mon enfant, mon été
Que je garde caché au fond de mes entrailles.
7. Chers membres de la Commission, permettez une suggestion: avoir le courage de faire jouer cette chanson de Félix comme ouverture des travaux de la Commission. Bons travaux constructifs. Merci de votre attention.
Projet de loi 14 sur la langue française étudié à Québec
Commentaire adressé aux députés-membres de la Commission
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