Profs mal aimés, avenir mal engagé

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Le rapport difficile des Québécois à l'école est une tare culturelle qu'il faut combattre



Mère, grand-mère, tantes, amies et amis, je côtoie depuis mon enfance le monde des enseignants de près. Individuellement, je connais leur passion et leur amour des enfants. Moi qui valorise le savoir et crois à l’éducation comme premier vecteur d’avancement de la société, je ne saurais trop insister sur l’importance de cette profession. Et pourtant...




Les enseignants du Québec réclament qu’on « revalorise » leur profession. Le problème n’est pas unique au Québec. Le quotidien français Le Monde a fait un dossier cette semaine demandant pourquoi les enseignants français se sentent mal aimés. Que se passe-t-il donc avec cette profession, l’une des plus nobles qui puissent être ?




Commençons par le critère simple : la paye. Un travail hautement valorisé dans la société engendra une rémunération proportionnelle. Dans les faits, le métier d’enseignant n’est pas très bien rétribué, ici comme en France. Lorsqu’on aborde le sujet, certains pointent du doigt les vacances estivales plus longues. Malgré cela, la rémunération demeure modeste.




Rappel historique : lors de sa première campagne, la CAQ avait proposé un nouveau contrat social aux enseignants. Un rehaussement de la rémunération majeur (de l’ordre de 20 %) en échange de l’acceptation que soit créé un ordre des enseignants. Un arrangement logique : on vous paye comme des professionnels, vous acceptez les responsabilités de professionnels.




Ce pacte fut rejeté du revers de la main par les syndicats d’enseignants. Tellement, que la CAQ, qui est maintenant au pouvoir, a abandonné son idée. L’idée d’un ordre fut traitée comme une affliction, sans doute par crainte de la perte d’un pouvoir syndical. Pourtant, en matière de valorisation de la profession, se voir traités comme des professionnels mieux rémunérés aurait constitué un immense pas en avant.




Négativisme chronique




Mon collègue Jonathan Trudeau a aussi touché une facette du bobo la semaine dernière dans sa chronique « Les enseignants plaignards ». Les représentants de nos professeurs semblent devenus incapables de participer positivement aux changements en éducation souhaités par la société.




Je comprends que les gouvernements méritent une part du blâme. On a souvent négligé de consulter adéquatement ceux qui, sur le terrain, vont vivre au quotidien avec les réformes. Les enseignants en sont venus à développer une résistance au changement. Le prix à payer est néanmoins élevé quant à leur image dans le public.




En cette fin d’année scolaire, faisons la revue des enjeux récents. Le cours de finances personnelles, l’éducation à la sexualité, 20 minutes de récréation : une impression se dégage que les porte-parole des enseignants se retrouvent toujours du côté de la critique et des empêchements.




Prof en 2019




Évidemment, le rôle d’enseignant heurte certaines des conceptions à la mode. Qui peut donner des ordres ou des mauvaises notes à l’enfant-roi ? Comment se tenir debout devant une classe quand la réforme de l’éducation n’ose plus mentionner le mot autorité ?




La faute des gouvernements ? Des syndicats ? Des parents ? Oui dans tous les cas. C’est néanmoins une chose à régler pour une société qui dit maintenant faire de l’éducation sa priorité.