Profiter de l'affaire Michaud

Lettre pour Madame Marois

Tribune libre

Bonjour Madame Marois,
Mon analyse de vos prestations, de vos actions et des rapports que vous entretenez avec les médias me permet de constater que vous êtes déterminée à gagner la bataille des communications de masse.
Toutefois, le vent peut tourner assez rapidement, même en contrôlant son image, un fait indépendant de notre volonté peut chambouler une stratégie mûrement conçue et appliquée avec cohérence.
Pour cette raison, l'image, les communications publiques doivent demeurer l'emballage et non le fond de notre stratégie. L'obsession des sondages est salutaire quand on veut, comme Charest ou Harper, diriger d'une manière provinciale un gouvernement à la petite semaine sans faire de vagues, à la longue, ce genre de stratégie se retourne contre soi et nos véritables ambitions apparaissent. Autrement dit, on peut maquiller la vérité, on ne peut éternellement la dissimuler.
Dans notre cas, notre stratégie est de défendre courageusement les Québécois, la langue française, notre culture. Pour nous épanouir, nous pensons d'ailleurs que plus les Québécois possèderont de leviers économiques, politiques et culturels, mieux ils se porteront. C'est parce que nous sommes convaincus qu'il est toujours préférable d'agir par soi-même que nous sommes convaincus de la nécessité de faire l'indépendance.
La logique de notre projet est implacable, cohérente, le problème c'est qu'elle jure parfois avec la position publique que vous semblez adopter.
La logique commanderait au contraire que vous utilisiez «l'emballage» médiatique pour défendre le plus souvent possible le projet cohérent qui commande d'agir par soi-même le plus souvent possible et de prendre l'offensive en ce qui a trait à la promotion du français et à l'intégration des immigrants à l'aide de ce dernier. Il n'est pas normal que 8% d'anglophones intègrent au Québec 50% des immigrants.
L'affaire Michaud est donc une occasion inespérée de faire avancer notre cause. Que les Libéraux veuillent refaire son procès nous donnera justement une tribune. Si vous trouvez que les médias sont trop puissants et trop favorables au Parti Libéral et au fédéralisme, ce constat doit lui aussi devenir l'objet d'un combat et non d'une stratégie défensive de repli.
Les changements en lesquels vous, moi et une majorité de francophones croyons commandent de l'audace, c'est à nous d'influencer l'opinion et non d'obéir à la dictature des soudages.
Je vous le répète, les sondages sont bons pour les politiciens immobiles. En 1960, si on s'était inspiré des sondages pour entreprendre la genèse du mouvement souverainiste, on n'aurait pas été loin.
Je vous implore de revoir votre position par rapport à l'affaire Michaud et à ne pas craindre la réaction des libéraux, ils sont au plus bas dans les sondages, ils sont édentés, il est temps de montrer qu'il y a une fracture entre les intérêts des libéraux et les intérêts des Québécois. C'est quand il est à terre que l'on doit achever son ennemi. Mon Grand-Père était organisateur libéral, mais il ne se reconnaitrait plus dans ce parti qui milite plus pour les intérêts anglophiles de Saint-Laurent ou de Côte Saint-Luc que de ceux des Québécois francophones. Malheureusement, ce sont encore de «bons libéraux» qui se revendiquent de l'héritage de Lesage qui sont élus en région. Il faut montrer que cette image est fausse. «Le procès» que les Libéraux feraient subir à Monsieur Michaud pourrait être cette tribune pour montrer leur toxicité.
Nous ne devons pas craindre que Charest agite sa sempiternelle «chicane» et «le référendum», il faut lui demander en quoi ce Canada en lequel il tient tant est bon pour la survie du français à Montréal et en quoi l'intégration de tant d'immigrants pour le Québec peut être favorable pour la majorité. En consolidant les doléances de la minorité, c'est lui qui divise le Québec.
Le procès de Monsieur Michaud pourrait devenir celui du Parti Libéral et réveiller une certaine ferveur.
Bien à vous,
L'engagé


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7 commentaires

  • L'engagé Répondre

    5 décembre 2010

    Merci à tous pour vos commentaires, ayant lu l'intégrale de l'allocution de Michaud (sur un billet de Monsieur Barbéris-Gervais que je salue en passant), j'ai trouvé qu'il avait une vision très pénétrante du problème de la langue et c'est justement la justesse de son propos qui me fait penser que l'on devrait diffuser sa pensée.
    C'est pourquoi je ne craindrais pas un «procès de Michaud», c'est une cause gagnante. Je pense aussi que si l'on veut que Pauline Marois nous écoute, on devrait s'adresser à elle avec un minimum de décorum, pour ses services, elle mérite le respect. Ensuite, elle est quand même arrivée là où elle le voulait, malgré deux échecs, ç'est inspirant!
    Je suis persuadé qu'elle nous lit à l'occasion, mais je lui ai écrit directement, et ce, précisément pour qu'elle n'ait pas à se méfier de ce qui se passe sur Vigile, mais bien pour qu'elle s'en inspire.
    Dans deux ans ou moins, nous pourrons redonner ses crocs à la loi 101, rendre le cégep français obligatoire et nous continuerons bien sûr avec l'aide de l'état ce que nous faisons ici, la promotion de l'indépendance. Il suffirait que l'on change de chef pour que Charest déclenche des élections... et nous avons la mère de toutes les batailles à mener, LA BATAILLE DE MONTRÉAL. Michaud a usé d'une image très forte: si le français meurt à Montréal, toutes les régions du Québec ne suffiront pas à ranimer son cadavre.

  • Gilles Verrier Répondre

    5 décembre 2010

    «Profiter de l'affaire Michaud...»
    Il ne s'agit pas ici de «profiter» de l'injustice dont l'autre a été victime. Il s'agit de corriger l'injustice dont l'autre a été la victime afin de rétablir notre prétention de vivre dans une société de droit. Il semble ici que la petite politique prenne vite le pas sur les valeurs fondamentales qui devraient guider notre conduite... je m'en désole.
    Manquer la cause fondamentale qui est aujourd'hui devant nous pourrait plus tard nous coûter très cher.
    GV

  • Archives de Vigile Répondre

    5 décembre 2010

    Je ne sais qui vous êtes L'Engagé, mais ceci n'est pas ce qui importe, l'importance étant dans les idées et non les personnes
    Ce que je sais par contre.. c'est qu'à tenir un discours dans une cohérence et surtout la cohérence qui le fonde entraîne nécessairement l'action ou l'acte ou le dire dans une même cohérence et ceci, très certainement contribue à porter l'Idée jusqu'à son possible accomplissement
    Seulement, il faut d'abord être libre pour porter jusqu'à son terme une Idée et cela nécessite effectivement beaucoup de courage, d'abnégation et de vision que l'Idée à soutenir doit être dite, expliquée et réexpliquée dans les fondements qui la justifient
    Il n'y a surtout pas à lutter les uns contre les autres mais à s'unir dans la cohérence d'une Idée supportée par l'intime croyance de sa nécessité
    S Caron

  • Archives de Vigile Répondre

    5 décembre 2010

    Appuyons R. B.-G. qui reconnaît la classe de L'engagé pour ne pas se défouler sur Marois. Certains vernis trop minces ont craqué à la première occasion de démolir la chef. Après un revirement à 180 degrés, on est mal venus de reprocher à quelqu'un, en public, sa stratégie douteuse. Il serait plus élégant de laver son linge sale en famille. Pas nécessaire de répéter le lynchage à la Boisclair.
    Par ailleurs, ne sous-estimons pas l'ennemi. Les lobbys religieux n'étant pas avec nous, il demeure prudent de ne pas les attaquer de front à l'Assemblée nationale. D'où, l'idée de L'engagé, de se ménager un "emballage" un "message officiel", une stratégie publique, qui n'a pas à révéler le plan réel.
    Faut dire que tout ça démontre les faiblesses du parlementarisme. Tout ce jeu de ruse ne serait pas nécessaire si nous étions un peuple encore allumé. Pour démontrer que la nation existe toujours, elle devrait descendre dans la rue massivement, souvent et avec détermination. Mille citoyens, ça de paraît pas dans les médias Gesca. Deux millions, comme les spectateurs de TLMP, ça ferait plus de bruit. Avons-nous encore un peuple?

  • Lise Pelletier Répondre

    5 décembre 2010

    à l'engagé
    à espérer que Mme Marois lise les textes de Vigile, son immobilisme freine le mouvement des foules qui seraient prêtes à suivre si l'occasion leur en était donné
    pour reprendre une expression de M. Haché ¨wake up Pauline¨
    il n'est pas dit que ce mouvement d'humeur envers le PLQ va continuer pendant 2 ans encore, la porte s'ouvre il est temps d'entrer, du leadership SVP
    il est malheureux de voir que Charest fouette mieux ses troupes même quand il est au plus bas
    Lise Pelletier

  • Claude G. Thompson Répondre

    5 décembre 2010

    @ l'Engagé
    Comme je l'écrivais en réponse à monsieur Barberis-Gervais dans son dernier envoi, votre belle démonstration d’action politique m'est un exemple probant de ce que devraient être des gestes porteurs d’avenir et un comportement digne d’un véritable chef lucide et aguerri.
    Vos propos nous réconcilient donc et je ne voudrais pas que monsieur Barberis prenne trop à la lettre les remarques acerbes que je lui ai adressées.
    Après tout, nous débattons... et je sais qu'il aime les débats.
    Merci pour cette belle leçon de lucidité et de maturité politique.
    Claude G. Thompson

  • Archives de Vigile Répondre

    5 décembre 2010

    L'engagé,
    Votre point de vue mérite considération. On dira que je me contredis. Peut-être mais la différence entre l'Engagé et d'autres, c'est qu'il n'en profite pas pour planter madame Marois pour des raisons autres.
    Ce que vous dites l'Engagé est une autre stratégie. Profiter de l'affaire Michaud pour parler des immigrsnts qui votent massivement pour le Parti libéral. Pour que les Québécois prennent conscience qu'à cause des anglos, allos et anglophiles, il faut que 65% et plus des francophones votent oui au référendum.
    Cette fois-ci, l'occasion est ratée. Mais il vs y en avoir d'autres. Là on pourrait adopter votre stratégie.
    Robert Barberis-Gervais. 5 décembre 2010