Un «petit» mot sur le culot d'André Pratte
Il s'agit ici d'exposer les dispositifs de la pensée antiquébécoise.
Ainsi, André Pratte lance une nouvelle croisade, cette fois contre la décision du gouvernement d'interdire l'enseignement religieux dans les garderies subventionnées.
« Le jugement de la Cour suprême qui a mené Québec à rédiger le projet de loi 103 est un mauvais jugement. Mais, bon, il est là et l'Assemblée nationale doit amender la Charte de la langue française pour en tenir compte. »
Voila une phrase sidérante, Pratte du haut de sa tribune jauge que le jugement est mauvais, mais il admet aussitôt que nous devons nous soumettre. Quelle est donc cette autorité transcendante qui permet à un jugement d'être mauvais, mais d'être néanmoins nécessaire? Serait-ce que «le médium c'est le message»? Serait-ce que ce qui importe, c'est moins le contenu d'un jugement que la réitération de l'assujettissement politique de la nation québécoise au droit, aux textes canoniques et aux pouvoirs légaux qui fondent la suprématie du fédéral?
En effet, la seule façon de tolérer une contradiction dans une réalité donnée, c'est de se référer au niveau de réalité supérieure qui la rend nécessaire.
Pratte critique donc le Québec pour son «attaque» des libertés individuelles, mais défend les attaques canadiennes qui diminuent la pérennité québécoise du peu de souveraineté que ce peuple possède. Ce faisant, il indique implicitement que sans le fédéral, la nation québécoise ne peut correctement se gouverner. N'est-ce pas l'aveu d'un impuissance et d'une incapacité dramatique de la majorité québécoise à « intégrer sans heurts?». Nous y reviendrons.
Il fait ensuite, dans le même éditorial, une faute de calcul...
«L'avenue choisie par le gouvernement libéral diminuera sensiblement le recours au subterfuge de l'école non subventionnée. Les quelques cas qui se faufileront à travers les mailles du filet ne menaceront pas l'équilibre linguistique actuel. Il faut rappeler qu'au-delà des chiffres et anecdotes dont les tenants de mesures draconiennes abreuvent l'opinion publique, les francophones constituent 80% de la population de la province; cette proportion n'a pratiquement pas bronché depuis 40 ans. Par contre, les anglophones, qui représentaient 13% de la population québécoise en 1971, ne sont plus que 8% aujourd'hui. »
Si la proportion d'anglophones a diminué et que la proportion de francophones est restée la même, il semble que la proportion d'allophones a crû d'au moins 5 %, pendant que les anglophones justement désertaient la province. C'est donc la preuve non seulement que le poids politique et linguistique des francophones stagne voire diminue, puisqu'en dépit de ce fameux exil anglophone, que les francophones peinent à intégrer les nouveaux arrivants. L'exil anglophone étant terminé et la proportion de francophones s'amenuisant alors qu'elle aurait vraisemblablement dû augmenter, il est vicieux de diffuser l'idée selon laquelle les Québécois francophones ne seraient pas menacés.
D'ailleurs, non seulement, Pratte fait d'une constante, la proportion de francophones stable, ce qui n'en est pas une, mais il oublie de la relativiser en la comparant à la croissance du reste de la population du continent. D'une manière absolue, le poids démographique des francophones a diminué, au Québec comme au Canada. L'ajout récent de comtés électoraux au Canada est d'ailleurs la consécration politique de cette diminution. N'oublions pas qu'il y a 40 ans, nous n'étions pas non plus soumis à une mondialisation et à une accélération aussi puissantes des échanges économiques et culturels (lesquels profitent à l'anglais et incidemment donnent un avantage indéniable aux anglophones que le visage bilingue de la province vient renforcer). Ces facteurs, Pratte les oublie quand il est temps de parler du déclin du français, mais il est le premier à parler de l'avantage du bilinguisme aussitôt qu'il n'est que dans l'analyse « des affaires ». Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il est hypocrite.
La démonstration est claire que le fédéralisme, au plan politique, le bilinguisme, au le plan légal, et le multiculturalisme, au plan culturel, sont préjudiciables pour la majorité. Il est évident que ces institutions fractionnent le pouvoir de la majorité et accroissent le communautarisme, lequel bénéficie de la protection des chartes. Ainsi, dans son [éditorial du 22 décembre 2010->33625], Pratte témoigne encore une fois que tous les prétextes sont bons pour limiter la souveraineté québécoise :
« Au lieu d'envoyer des inspecteurs écouter aux portes des garderies pour voir si on n'y entonnerait pas l'hymne des cieux, ne pourrions-nous pas nous faire confiance?? Faire confiance aux parents pour choisir ce qu'il y a de mieux pour leurs enfants? Et faire confiance dans la capacité de la majorité à transmettre, sans heurts, patiemment, ses valeurs aux minorités?»
( http://www.cyberpresse.ca/place-publique/editorialistes/andre-pratte/201012/21/01-4354543-les-anges-dans-nos-garderies.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B13b_andre-pratte_3288_section_POS1 )
Il faut y voir une manifestation absolument flagrante de mauvaise foi, car Pratte milite d'ordinaire pour limiter les pouvoirs de cette majorité et que «cette capacité à transmettre sans heurts» est perpétuellement amoindrie par ces pouvoirs mêmes dont Pratte fait la promotion le reste du temps. Il est ainsi très facile pour la majorité anglophone du Canada de bien paraitre, elle laisse les minorités linguistiques, culturelles ou religieuses monter au créneau et pourfendre l'intransigeance ethnique et xénophobe des Québécois. Ainsi, il affirme:
«Il se peut qu'à coups de restrictions, la proportion de Québécois anglophones et allophones finisse par diminuer. Ceux-ci ne seront pas plus ou moins friands de culture française qu'aujourd'hui; ils auront tout simplement quitté ou boudé la province. Parions que dans ce Québec "enfin" débarrassé de ses anglophones, il se trouvera encore des gens pour annoncer le déclin du français.»
Comme si les Québécois qui défendent leur langue étaient des fanatiques.
Pratte milite avec d'autres ingénieurs idéologiques afin d'élaborer les stratégies médiatiques qui préparent la société québécoise à accepter l'érosion de la loi 101, du déclin du français et de la dissolution du pouvoir francophone. Ce sont les brèches qu'il contribue à agrandir qui augmentent notre insécurité, laquelle nous force, même sous un gouvernement libéral, à chercher des panacées pour cette dégénérescence planifiée; il est pour le moins ironique qu'il se mêle aux chacals qui encore une fois s'agitent parce qu'on touche aux libertés individuelles ou communautaires.
En jouant Pratte de décembre contre Pratte de septembre, on constate qu'à l'équinoxe ou au solstice, il n'est pas possible de faire confiance à la majorité si justement cette majorité est constamment menacée par des forces qui des aveux mêmes de Pratte «sont mauvaises», mais dont on doit absolument « tenir compte ». Du moins tant qu'on aura des Janus qui répandent d'une manière aussi bénévole de tels sophismes, il nous faudra des interdits pour limiter les dommages que causent les puissants qui les font parler.
Si, à l'instar des minorités culturelles au Québec par rapport à la majorité, nous subissions les «assauts» directs de la majorité anglophone et de son hostilité, et que nous avions à nous défendre, nous serions mobilisés pour contrer les « dérives de l'oppresseur ». C'est pourquoi il me semble essentiel de montrer à mes compatriotes que « l'affaire des garderies» ne doit surtout pas être l'objet d'une «taylordbouchardisation», mais au contraire être exposée pour ce qu'elle est : la conséquence morbide des attaques incessantes contre notre volonté de survive en tant que nation francophone en Amérique du Nord.
Les propos de Pratte doivent ainsi être analysés pour ce qu'ils sont : les manifestations d'un cancer mortel et des sécrétions toxiques pour amoindrir nos défenses.
Pratte ou l'excroissance des métastases
Le cancer qui ronge la société québécoise - Il s'agit ici d'exposer les dispositifs de la pensée antiquébécoise.
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