Je m'en confesse, il m'arrive parfois de ne pouvoir résister à la tentation de tirer par la barbichette les bien-pensants pliants, les élitistes déconnectés prêts à toutes les courbettes, tous ces mépriseurs du bon peuple de chez nous, et de brasser la cabane, bien conscient de ne parler qu'en mon nom personnel, mais sachant toutefois que plusieurs en endossent le message. Le plus beau compliment que je puisse recevoir, et la chose n'est pas rare, c'est lorsqu'on me dit qu'on se sent enfin légitime d'adopter un des points de vue que je défends à contre-courant du consensus mollasson. Le camp de concertation, très peu pour moi. Je préfère de loin la liberté de pensée et les idées claires.

Il y a quelques années à peine, au plus fort de la crise tristement célèbre des accommodements ethniques, les Québécois se sont fait prendre par surprise par une nuée de demandes subites d'accommodements pleuvant de toute part, toute provenance, comme une attaque de roquettes savamment orchestrée. Ne sachant trop comment réagir et ne cherchant pas la chicane par nature, ils ont accepté de céder sur à peu près tout ce qui leur était exigé, se sentant obligés de plier, de céder du terrain dans le seul but de projeter une image accueillante, croyant y voir là la condition nécessaire pour gagner leur adhésion.

Mais bien mal leur en pris, car cet aplatissement plût tant à l'arrivant à qui on déroulait le tapis rouge à quatre pattes qu'il comprit rapidement qu'il suffisait de crier « au meurtre, peuple xénophobe, raciste et persécuteur à l'oeuvre » pour qu'on acquiesce à toutes ses demandes, aussi inconsidérées fussent-elles.

Et c'est comme ça qu'on se rendit compte à quel point il est facile pour certains d'ambitionner sur le pain béni (euh, le pain laïque faut-il dire maintenant).

Devant un tel acharnement insatiable à en demander toujours plus, à vouloir obstinément continuer à vivre à l'ethnique au pays du Québec, à chercher à imposer des pratiques qui nous heurtent de plein fouet, il n'y a qu'une réponse : Finies les folies!

Un journaliste déclarait récemment qu'un des ingrédients du succès actuel de la Ville de Québec tenait au fait qu'elle avance avec assurance, tout d'un bloc homogène grâce aux fusions, avec une langue majoritaire (c'est-à-dire une population qui fait un); cela impliquait à mon sens qu'elle n'a pas à céder aux revendications d'une opposition anglophone ou à l'érosion allophone qui cherchent tout deux à tirer la couverte de leur bord. Il y a une leçon pratique à tirer de cela.


Le temps est venu d'adopter une saine attitude de franche riposte aux demandes d'accommodements en se tenant fièrement debout et en disant tout simplement non. Sondage après sondage, les Québécois ne veulent plus rien savoir de la multiplication des attaques directes à leur mode de vie afin d'imposer des pratiques contraires à leurs principes, refusant désormais de s'aplatir devant cette entreprise inqualifiable de défaire brique par brique notre édifice social, ce qui finira à la longue par avoir le même impact cumulatif qu'un avion percutant une tour.
Toute demande d'accommodement est un signe évident de refus d'intégration et de la volonté d'instaurer ici des règles rétrogrades et souvent même condamnables. Le message à leur adresser se doit d'être sans équivoque : Ou bien vous acceptez de vous adapter, ou bien vous quittez les lieux. L'Ontario, en tant que choix de destination alternative, n'est pas loin, heureusement pour nous.


Si votre mode de vie discutable ne peut s'adapter à notre type de société évoluée, si vous n'avez pas la capacité évolutive de vous en débarrasser, eh bien, allez donc chercher ailleurs. Nous, on n'a pas à reculer sur quoi que ce soit, à renier ou relativiser aucune de nos valeurs de société.

Car bien vivre au Québec, c'est y vivre à la québécoise. Et ça commence par le respect de la population en place et de ses us et coutumes établis.
Réjean Labrie, de Québec