Pour en finir avec Shane Doan

Les grands responsables sont les dirigeants de Hockey Canada qui ont eu l’audace de dire qu’ils n’étaient pas au courant de l’affaire

Quand le sport devient politique

Par François Gagnon
Ce n’est pas aujourd’hui, devant un comité de la Chambre des communes, que le dossier Shane Doan aurait dû se régler.
Surtout que rien ne sera réglé aujourd’hui, si ce n’est de permettre aux anglophones du reste du pays de comprendre ce qui s’est passé dans cette affaire. Ce qui serait déjà une victoire.
C’est dès le début que le dossier Shane Doan aurait dû être réglé.
Mais au lieu de donner raison à ses QUATRE officiels qui étaient tous sur la glace lorsque Doan leur a demandé s’ils étaient fiers de ce qu’ils avaient fait – en des termes moins polis – parce que les Coyotes venaient de perdre un match contre le Canadien, au Centre Bell, match dirigé par deux arbitres du Québec et deux juges de lignes du Québec également.
De la haute trahison sans doute…
Depuis hier, on entend que les députés des Communes devraient certainement avoir de meilleures choses à faire que d’accorder de l’importance à un dossier semblable.
Ah oui? Faire respecter les droits des francophones, ou ceux des anglophones, des Grecs, des Italiens, des Chinois et des autres communautés qui peuplent le pays et payent des taxes pour lui permettre de se développer c’est une perte de temps?
Il serait peut-être bon que nos collègues anglophones qui suivent les activités politiques à Ottawa nous fassent une petite recension de tout ce qui se gaspille sous leurs yeux. Quelques jours après le dépôt des observations de la Vérificatrice générale, il me semble que ce ne sont pas les exemples qui manquent…
Depuis hier, on entend des collègues journalistes sportifs du « Rest of Canada » dire que la Ligue ne peut vraiment croire les arbitres parce que c’est la parole de quatre d’entre eux contre celle de Shane Doan.
Ça veut dire que lorsqu’un de ces deux arbitres décernera une pénalité dorénavant, le joueur fautif devrait aussitôt faire appel à Colin Campbell pour qu’il prenne sa parole au profit de celle des deux arbitres. Ça veut dire qu’aussitôt que Michel Cormier siffle un hors jeu il faudrait en appeler aussi parce qu’au fond il n’a pas autant de crédibilité que les joueurs qui patinent autour de lui et qui diront qu’ils n’ont pas fait exprès pour dégager la rondelle jusqu’à l’autre bout de la patinoire.
C’est aussi fou que ça le dossier Shane Doan…
Mais le pire du pire, c’est que les collègues anglophones viennent de se réveiller.
Ça fait 18 mois que c’est arrivé cette affaire-là. Dix huit mois qu’on en parle dans tous les médias du Québec et nos collègues de Toronto n’ont pas cru bon une seconde s’intéresser à ce qui se disait ici.
Et c’est justement parce qu’ils se réveillent à la dernière minute que cela fait tout un plat et qu’on se retrouve encore à dire que les francophones passent leur temps à se plaindre dans le reste du pays.
Shane Doan a reconnu hier avoir fait une remarque du genre : « à quoi d’autre pouvait-on s’attendre de la part de quatre francophones à Montréal » en parlant à son coéquipier gardien de but Curtis Joseph.
Ajoutez à cela les deux ou trois sacres reliés à la colère et la frustration et vous avez exactement les propos dénoncés par les arbitres…
On fait quoi maintenant?
Bien non on ne sort pas Shane Doan du vestiaire d’Équipe Canada à Moscou. Pas plus qu’on lui enlève son titre de capitaine. Ça ferait de lui un martyr et ça ne réglerait rien de rien.
Surtout que le grand coupable dans ce dossier, je l’ai déjà dit, je l’ai déjà écrit, et je le réécris ce matin, ce n’est pas Shane Doan.
Oui il a été nono dans ses commentaires. Il a manqué de jugement, et de respect. Mais je suis convaincu qu’il n’a pas de haine viscérale contre les francophones. Il n’a pas la moindre idée de l’impact de ce qu’il a dit. C’est tout!
Mais les grands coupables dans ce dossier sont les responsables de la LNH, Colin Campbell en tête, qui a balayé le fait français sous le tapis comme on balaie les restes de poussières que la balayeuse a laissés derrière elle.
Au fait, Campbell serait-il en lice pour le poste de directeur général à Phoenix?
Les grands responsables sont les dirigeants de Hockey Canada qui ont eu l’audace de dire qu’ils n’étaient pas au courant de l’affaire et qui se sont mis les deux pieds dans la merde comme des enfants se mettent les deux pieds dans le premier trou d’eau qu’ils croisent sur le chemin de l’école.
Ce sont eux les vrais coupables dans cette affaire.
Et le vrai perdant est à la maison alors que Michel Cormier, qui s’est tenu bien droit devant les propos de Doan, qui, fort de ses 19 ans d’expérience dans la LNH, a signé un rapport pour dénoncer ces propos, a été exclu des séries éliminatoires par ses patrons de la LNH.
Et c’est peut-être là que se cache le pire scandale dans cette affaire…


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