Pour en finir avec le péquisme

Changeons la mécanique!

Tribune libre

Le péquisme est une forme de déni qui afflige depuis longtemps l’establishment de ce parti ainsi qu’un nombre important de ses membres. Cela consiste à trouver tous les euphémismes possibles pour justifier une incapacité chronique d’agir. Nous connaissons tous les « bons gouvernements », les « conditions gagnantes », les « gouvernances souverainistes » et autres excuses pour remettre à plus tard (sinon à jamais) ce sacré référendum que l’on craint, à raison, comme la peste.

Jacques Parizeau a déjà dit qu’il y avait trois façons de faire l’indépendance d’un pays. Par les armes, ce qui, bien sûr, ne s’applique pas au Québec; par référendum, ce qui a été tenté deux fois sans succès dans cette si belle province ou encore par mandat électoral clair lors d’une élection, soit la fameuse élection référendaire qui donne des boutons à tout bon péquiste en règle. En 2005, l’establishment du PQ a mis tout son poids dans la balance pour faire battre (60/40) la proposition Parizeau-Laplante qui proposait enfin ce changement de stratégie.

Cette option, que les Catalans considèrent de plus en plus sérieusement, a été abandonnée par le PQ en 1973 sous prétexte que deux défaites électorales consécutives démontraient bien que le bon peuple avait d’abord besoin d’un bon gouvernement et que selon les dires d’un certain collaborateur de la GRC, il fallait y aller par étape. Hé bien, non seulement nous l’avons eu ce « bon gouvernement », mais tout le monde s’entend pour dire que le premier gouvernement Lévesque fut, et de loin, le meilleur gouvernement que le Québec n’ait jamais eu. Sauf que 40 ans et deux référendums plus tard, nous en sommes encore au même point.

Oh! Mais attention! Une élection référendaire, ce n’est pas démocratique! Ah non? Et si une coalition de partis indépendantistes décidait de se présenter devant l’électorat avec un projet de constitution républicaine, par exemple, avec à la clé la promesse d’établir un système électoral proportionnel qui permettrait aux régions et aux petits partis plus marginaux d’être démocratiquement représentés? Que ce gouvernement de coalition se faisait élire par plus de 50 % de la population pour entamer des négociations avec Ottawa pour ensuite les faire ratifier par référendum, ce ne serait pas démocratique? Allons donc!

Mais vous rêvez en couleur, mon cher monsieur! Ah oui? Et pourquoi donc? Parce que jamais le PQ ne voudra s’abaisser à parler aux autres formations souverainistes. Parce que hors du PQ, point de salut. Parce que jamais Françoise, Amir et autres QS ne s’abaisseront au niveau du PQ et encore moins de PKP. Autrement dit, et ce, depuis des lunes, tout le monde fait passer son petit (ou gros) ego ainsi que son petit pouvoir (parfois accompagné d’une limo) avant l’intérêt national. Mais cela demanderait aussi beaucoup de travail, de courage et d’audace, denrées qui font largement défaut au PQ depuis belle lurette.

Actuellement, les militants font monter la pression et il est évident que l’électorat ne veut plus entendre parler de référendum ni de la date de ce satané référendum. Que fait alors le PQ? C’est fini! C’est promis, on ne parlera plus de la mécanique, mais uniquement de la souveraineté. Du péquisme pur jus! Oui, il ne faut plus parler de la mécanique référendaire : IL FAUT LA CHANGER!

Voyons froidement les faits.

Le PQ vogue de défaite historique en défaite historique en occultant son option et sa raison d’être. Le Bloc se fait pratiquement éliminer par une vague orange venue de nulle part. Puis, Aussant réussit à remobiliser les jeunes en leur parlant franchement d’indépendance. PKP lève le poing en disant qu’il veut faire un pays, mais le PQ traîne toujours son boulet référendaire au grand plaisir des libéraux. Arrive Mario Beaulieu, soutenu par des jeunes de ON et de la SSJB qui bat (à leur grande surprise!) la vieille garde du BLOC en prononçant le mot INDÉPENDANCE. Le PQ ose maintenant envisager de peut-être prononcer ce mot un peu plus souvent, mais ne veut plus parler de la mécanique référendaire et encore moins d’élection référendaire! Qui sait, peut-être finiront-ils par appeler ça autrement comme une « élection déterminante » ou encore un « scrutin fondateur »! Misère! Le péquisme, est-ce que ça se soigne, docteur?


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3 commentaires

  • Pierre Cloutier Répondre

    22 février 2015

    L'article 1 du programme du Parti Québécois devrait se lire ainsi :
    "Le Parti Québécois a comme mandat, qui commande toutes ses actions, de réaliser l'indépendance du Québec par la voie pacifique et démocratique".
    Point final.
    Pierre Cloutier

  • Archives de Vigile Répondre

    22 février 2015

    Monsieur Charbonneau
    D'ici la prochaine élection, le PQ doit s'en tenir à éduquer, à conscientiser les Québécois sur les avantages de l'indépendance du Québec en faisant le procès du fédéralisme "canadian"; chose que ce parti n'a jamais fait depuis sa fondation sauf en période référendaire de 1980 et 1995. Le PQ étant infiltré, pas surprenant que les fédéralistes, à l'intérieur du parti, veuillent nous mettre des bâtons dans les roues en nous parlant inlassablement de mécanique référendaire puisque ce discours en un de perdant.
    Lorsque Trudeau, en 1982, a rapatrié la constitution "canadian", sans l'accord du Québec, il n'a pas tenu de référendum pour légitimer sa démarche à ce que je sache. Alors, nous ne devons pas embarquer là-dedans au Québec. On prend le pouvoir en 2018, on enclenche le processus référendaire avec la création d'une constitution républicaine comme l'exprime M. Ricard dans son commentaire et vous connaissez la suite.
    Je trouve nos dirigeants politiques québécois (ceux du PQ) très frileux à vendre l'indépendance aux Québécois surtout en ne ripostant pas avec agressivité aux attaques de Harper dirigées envers le Québec (ça ne manque pas!) depuis qu'il est au pouvoir à Ottawa. C'est la meilleure façon de politiser les gens pour les sortir de cette maudite dépendance collective qui bloque nos meilleures énergies.
    Il y a vraiment un manque flagrant de persuasion, d'agressivité des dirigeants péquistes au PQ à vendre l'indépendance; on dirait d'un discours de politiciens plus intéressés à leur carrière, il ne faut pas être dérangeant. Moi, j'en démords pas, c'est l'infiltration dans le PQ qui est la cause de ce manque de courage politique. Espérons que ça change avec l'arrivée de M. Péladeau.
    André Gignac 22/2/15

  • François Ricard Répondre

    21 février 2015

    Un référendum, c'est un outil que l'on peut ou pas utiliser.
    Un référendum si les fédéralistes insistent.Pas de référendum comme projet de société.
    Nous prenons le pouvoir. Nous enclenchons le processus d’indépendance. Nous nous donnons une constitution républicaine. Un projet de pays que nous ferons tous ensemble.
    Et cette constitution d’un pays indépendant pourra être adoptée soit par un référendum soit par une élection.
    Si les fédéralistes tiennent mordicus à un référendum, qu’ils le demandent. Nous en négocierons le contenu et le moment.