Pot légal: pas dans ta cour!

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« On peut quasiment se compter chanceux que Trudeau Junior n’ait pas décidé de légaliser l’acide... »

Dans une province folle de fiscalité, il est normal que le gouvernement interdise la culture du pot à domicile.


Le taxage mur à mur est d’ailleurs applaudi d'emblée par les assouplisseurs du Salon bleu, acquis à l'État dont ils sont souvent l'incarnation...


Bien sûr, on pourra se geler à Noël ou à l’Action de Grâce, mais pour avoir sa dose de THC, il faudra s’adresser à des fonctionnaires, payer l’herbe à bon prix et les taxes à l’avenant.


Ah, ils seront déçus, ceux qui pensaient cultiver quatre plants de mari à travers la menthe et le basilic du jardin.


Ottawa voudrait bien permettre la culture potifère à domicile. La fumette, ce sera le legs de Tintin Trudeau aux générations futures. C’est parfaitement à son image...


Mais à Québec, on a tout de suite penser aux taxes. Aux fonctionnaires pour vendre le pot et collecter les taxes desquelles ils tireront pour eux-mêmes sécurité, salaires et pension.


On a compris, dans la Belle grosse province, que les poteux les moins idiots seraient nombreux à vouloir cultiver eux-mêmes la meilleure marijuana possible. Avec fumier et poudre d'os.


Ottawa dit oui à quatre plants de pot mais Québec s’y oppose, évidemment.


Le gouvernement Couillard n’a que des arguments fallacieux pour cacher son appétit fiscal et demande à Ottawa, au motif d’un fédéralisme coopératif, de fermer les yeux sur son diktat.


Les explications de Jean-Marc Fournier à ce sujet constituent un bijou de duplicité.


À l’entendre, on peut enfreindre la loi fédérale tout en la respectant, et vice versa. Ainsi roule-t-il le peuple dans la Préparation H...


Voici comment il l’a fait, jeudi dernier: «Comme la loi fédérale prévoit que quatre plants, ou cinq plants et plus ne sont pas autorisés, zéro, c'est moins que cinq, et il est possible, à zéro, de respecter la loi fédérale».


À ses côtés, Lucie Charlebois a semblé souffrir d’un déficit d’attention instantané. Elle a gardé les yeux ouverts mais ne semblait pas certaine de ce qui allait suivre...


Les questions d’une journaliste perspicace l’ont heureusement ramenée de la stratosphère où le théorème de Fournier l’avait catapultée.


Et, sur le ton de ceux qui en savent long, Mme Charlebois a lancé: «Les gens nous ont dit : Écoutez, là, si on est sur une rue que tout le monde a son quatre plants de cannabis et que, finalement, il n'y a pas de consommateurs, qui va les acheter, ces plants-là?»


Bonne question! Qui donc? On pense aux Hells Angels et à leurs concessionnaires. Aux gangs de rue, aux abonnés des libérations conditionnelles et aux crapules qui défilent, libérées, aux tourniquets de la justice.


Emportée par sa soudaine éloquence, elle a poursuivi: «Ils nous ont dit aussi : S'il y a des adolescents qui tournent dans le coin, comment on va faire pour contrôler nos plants?»


Bonne question! Qui va s’occuper des ados qui tournent en fumant tout sur leur passage? Les parents occupés à rouler leurs propres pétards ne seront d’aucune utilité. Ce serait le chaos!


Sur son erre d’aller Mme Charlebois a conclu avec une question ouverte: «J'ai entendu des propriétaires de logements dire : J'ai 12 logements, moi, ça va être 48 plants dehors. Avez-vous pensé à ça?»


Des avertissements de smog sont régulièrement émis à Montréal, mais ils n'atteignent jamais ce niveau.


On comprend donc que quatre plants par bungalow, ce serait raisonnable mais quatre plants par logement, ça dépasse les bornes, du moins celles de Mme Charlebois.


Des plants de pot tombant des fenêtres, accrochés aux murs comme une lierre, obstruant la vue sur l’asphalte lézardé, les nids-de-poule et les cônes orange. On ne pourra plus apprécier le clair-obscur du smog des villes...


Étrangement, cette affaire n’en a jamais été une de santé publique; on sait que des centaines de milliers de cerveaux seront fondus, liquéfiés, dissouts dans le THC. Leur histoire était une épopée, elle partira en fumée...


Il faut s’attendre à des reportages compatissants, à des entrevues attendrissantes et à des manifs de zombies réclamant un programme d’aide sociale...


Mais les fruits de la taxation seront tels qu’on rangera les méninges déconfites avec les inconvénients. On refilera les constats évidents aux prophètes de la Direction de la santé publique, ça les changera du transport en commun.


Quand une journaliste a suggéré que le gouvernement ne cherchait qu’à taxer les consommateurs, Mme Charlebois a répondu en paraffinant:


«Bin non! Parce que, d'une part, vous savez qu'il y aura la Société québécoise du cannabis qui vendra du cannabis à des prix qui seront compétitifs, d'une part. D'autre part, ce qui nous est exprimé, ce n'est pas de restreindre»...


Plus confus que sincère, pas vrai? Mais ici la confusion est presque réconfortante. On peut quasiment se compter chanceux que Trudeau Junior n’ait pas décidé de légaliser l’acide...