Point de presse de M. Stéphane Bédard, leader parlementaire de l'opposition officielle

Vigile

Point de presse de M. Stéphane Bédard, leader parlementaire de l'opposition officielle
Le jeudi 24 mars 2011, 11 h 46
Salle Bernard-Lalonde (1.131), Hôtel du Parlement
(Onze heures quarante-six minutes)

M. Bédard: Alors, bonjour. Je suis heureux de vous voir aujourd'hui. Donc, je réagis à ce que je viens d'entendre, là, et de voir tout à l'heure... je vous dirais, qu'on essaie encore une fois de créer un psychodrame dont on est habitués pour détourner de ce qui est fondamental. L'agenda puis... la stratégie des libéraux, elle est grosse, elle est amplifiée, elle est malhabile, je vous dirais, qu'elle... que je qualifierais même irrespectueuse par rapport à un sujet aussi important que l'antisémitisme et les propos haineux envers qui que ce soit. Je pense que profiter des circonstances pour tenter d'associer malheureusement le nationalisme québécois à ça, c'est triste, c'est malheureux, c'est malheureux pour eux, je pense.
Mes collègues ont eu à discuter de ces questions, les deux qui ont été principalement concernés et ont dénoncé avec vigueur et sans aucune nuance tout propos antisémite, tout propos haineux, et il faut continuer à le faire. Par contre, vous lirez la motion, si ça avait été comme... simple: «Que l'Assemblée nationale dénonce tout propos haineux et antisémite», il n'y a pas de problème. Là on arrive encore sur... on ne revivra pas ce qu'on a déjà vécu, là. On dit souvent: La sagesse, c'est la somme des erreurs jamais commises deux fois, là. On fait référence à des textes que là je n'ai pas lus, que je n'ai vus. On ne fait pas référence à des propos particuliers, tout propos haineux est condamnable, et il faut le faire.
Mais, dans ce cas-ci, là, on ne revivra pas ce qu'on a vécu, donc j'espère... j'espère que, sur un sujet aussi sensible, aussi important pour notre société que la condamnation justement de l'antisémitisme, des propos haineux en général, qu'on n'utilise pas ça encore une fois de façon grossière, éhontée, pour tenter d'associer un parti politique, un groupe de réflexion à ça.
M. Robitaille (Antoine): Vous craignez une autre affaire Michaud, soyons clairs, là.
M. Bédard: Non, non, bien, ce que je vous dis suite à ça, c'est... on a appris une chose, c'est qu'on ne peut pas un à un, à l'Assemblée, on n'est pas un tribunal. On ne peut pas condamner un individu, propos. Actuellement, nous... le Parti québécois, lui, s'est toujours dissocié, depuis 40 ans, depuis sa fondation, et M. Lévesque incarnait assez bien cette idée de tolérance et de respect de l'autre, donc, on n'a pas de leçon à recevoir là-dessus.
Vous savez, on reçoit des courriels malheureux des fois même au niveau, je vous dirais, des attaques contre les femmes, 50 % de notre population, là. Moi, des fois je reçois des courriels qui me scandalisent littéralement. Et là je ne reprendrai pas à chaque fois un procès devant l'Assemblée nationale. Il y a des lieux pour ça et, si des gens ont tenu des propos haineux, il y a des tribunaux pour les condamner.
En ce qui concerne Vigile, je l'ai dit hier d'ailleurs, je prends à témoin votre collègue de la Gazette, c'est ça, qui m'a interviewé, je pense, c'est mardi, là-dessus. Je pense que chaque... dans les groupes de discussion, il y en a plusieurs, là, ce n'est pas le seul il y en a plein, chaque modérateur a une responsabilité. Il doit s'assurer... normalement, ils ont des cadres rigides où ils doivent dire: Ça c'est possible, et ça, ce n'est pas possible. Et c'est à eux à assumer cette responsabilité de façon, je vous dirais, responsable. Et par contre, si on dépasse la limite de la liberté d'opinion puis on tombe dans propos haineux, bien, il y a des tribunaux, puis ces gens-là qui ont tenu des propos qui sont antisémites, qui sont contraires à notre droit, bien, qu'ils en subissent les conséquences au niveau légal. Voilà.
M. Robitaille (Antoine): ...moi, j'ai lu devraient financer ce site-là, envoyer des sous à ce site-là qui modère mal, vous venez de le dire, là, qui modère mal...
M. Bédard: Bien là, je ne sais pas, est-ce qu'il modère mal? Regardez, chaque député a la responsabilité d'administrer le mieux cette petite enveloppe discrétionnaire qu'il a pour encourager différents forums. Je vais vous donner un exemple, je l'ai donné d'ailleurs à votre collègue, ça m'est arrivé, par exemple, que des cinéastes... qu'un cinéaste qui est maintenant un grand, en tout cas, je le considère comme un grand cinéaste, faisait un documentaire et me demandait une contribution justement dans le cadre de ces possibilités que nous avons. Je l'ai fait. Pensez-vous que j'ai visionné le film avant là? Pensez-vous que, la ministre de la Culture, à chaque film que la SODEC va produire, elle regarde le film avant pour s'assurer que c'est conforme?
Donc, il y a une prudence à avoir. Il y a une responsabilité là-dessus, et chacun le fait à sa manière mais, ce que je vous dis, la responsabilité première revient aux gens qui administrent ces forums de discussion, et j'espère qu'il y a des directives claires par rapport au fait qu'on ne peut pas tenir de propos antisémites ou haineux.
M. Chartrand (Yves): Êtes-vous capables de me dire combien les gens... les députés péquistes donnent à Vigile? Combien... savez-vous ça, la somme?
M. Bédard: Honnêtement, je n'en ai aucune idée...
M. Chartrand (Yves): ...
M. Bédard: ...non, non, mais on parlait de 100 $, je pense. 100 $.
M. Chartrand (Yves): Là, quand Jean-Marc Fournier demande que le Parti québécois cesse de financer Vigile.net., on parle de 100 $?
M. Bédard: Là, je n'ai pas chacun des cas, là, il faudrait peut-être demander à Éric...
M. Chartrand (Yves): Bien, c'est quoi... c'est quoi...
M. Bédard: ...mais c'est des sommes dans les... en tout cas, à ma connaissance, moi, je ne suis pas au courant de tous les détails par rapport à ça, mais de dire...
M. Chartrand (Yves): ...la différence entre...
M. Bédard: ...ce qui est inacceptable, je n'ai pas entendu, ce bout-là, là, mais de dire maintenant, on ne... Vigile.net...
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M. Bédard: ...demander à Éric... mais c'est des sommes dans les... dans... dans... en tout cas, à ma connaissance, moi, je ne suis pas au courant de tous les détails par rapport à ça, mais de dire... Ce qui est inacceptable, là, je n'ai pas entendu ce bout-là, là, mais de dire maintenant: On a... Vigile.net est condamné au complet, ça, c'est de la censure. Moi, je suis un farouche défenseur de la liberté d'opinion, je suis un farouche défenseur. Et je pense que la censure est la pire chose qui... qui guette nos sociétés, donc le ministre de la Justice, que le ministre de la Justice appelle à la censure, remarquez, ça ne m'étonne pas, parce qu'il est ministre de la Justice tellement à temps partiel qu'il ne se rend pas compte de ce qu'il dit, mais lui-même, il est Procureur général, s'il y a des propos haineux qui ont été tenus à l'encontre du Code criminel, il a une responsabilité, c'est de s'assurer de l'application de la loi. Alors, pourquoi tantôt il ne nous a pas dit qu'il y avait un mandat qui avait été donné de regarder ça? Ça, il serait responsable, au lieu de faire de la petite politique comme on est habitués, ça doit être... ça doit être dans le cadre du changement de ton à l'Assemblée nationale et profiter...
Journaliste: Est-ce qu'une enquête est ouverte, selon vous, M. Bédard?
M. Bédard: Je n'en ai aucune idée, et voilà. C'est lui... c'est lui le ministre de la Justice, là, puis là, il était là devant vous tantôt, là, puis grands bras, alors qu'il a une responsabilité, l'application des lois, mais il ne s'en souvient pas souvent, malheureusement.
Mme Montgomery (Angelica): Pensez-vous que Vigile...
M. Chartrand (Yves): M. Bédard... M. Bédard, pour une question d'information, là, c'est important de savoir c'est quoi l'implication du Parti québécois là-dedans, si c'est des peccadilles, comme vous venez de nous dire, ou si... s'il y a quelque chose de plus... de plus musclé, là. C'est... c'est la base, il me semble...
M. Bédard: Bien oui.
M. Chartrand (Yves): ...là, tu sais, bon.
M. Bédard: On... on n'est pas... Je veux dire, mon... mon but n'est pas de condamner Vigile.net, au contraire. Moi, c'est un... il y a des lieux, vous savez, il y a des grands textes qui ont été écrits là, là, vraiment de très grands textes, et la majorité, il y a des grands intellectuels qui... qui s'affichent là-dessus et qui font... qui font connaître leur opinion, leurs réflexions et bon, ça, c'est la base, je ne suis pas un lecteur assidu, là, mais quand j'y vais, je suis... je suis impressionné. Et le PQ n'est pas à la base de ça, c'est vraiment un groupe de citoyens, donc vous aurez les détails près... auprès des collègues, mais c'est... c'est marginal, mais en aucun temps, moi, je vais m'ingérer dans ce que... dans ce que font mes collègues, au contraire, là. Moi, j'encourage les lieux de discussion, j'encourage les lieux de réflexion. Et là, est-ce que va, parce que tu as des personnes qui tiennent des propos inacceptables, condamner d'autres qui ont, elles, une réflexion sur le Québec, sur son avenir, sur le français, sur... sur notre avenir national? Là, une minute, là, là, on tombe dans, malheureusement, là, dans la dérive libérale. Mme Montgomery?
Journaliste: Et dans... dans la motion...
Mme Montgomery (Angelica): Est-ce que vous pensez que Vigile «dot»... .net devrait...
M. Bédard: Excusez, ça fait trois fois qu'on...
Mme Montgomery (Angelica): Est-ce que vous pensez que Vigile.net devrait être mieux modéré? Est-ce que vous pensez que le... le site, «you know»...
M. Bédard: Mon propos, d'ailleurs, je l'ai tenu avec votre collègue qui est à côté de vous, je pense que chaque personne qui est responsable des sites a une responsabilité. Et je vous avouerai que je n'ai pas lu les textes dont on fait mention et c'est pour ça que je n'en parle pas à... j'en parle seulement dans les extraits que j'ai vu dans les journaux, là, mais effectivement, il doit avoir un souci de chaque modérateur et de responsable de site que ça soit bien géré et mieux géré et, dans ce cas-ci, il semble qu'il y a eu des dérives, donc j'imagine qu'il y aura... du moins, c'est à eux à voir de quelle façon ils peuvent... qu'ils peuvent s'assurer du respect des lois du Québec sur l'ensemble de son territoire. Ils ont une responsabilités, tu sais.
M. Chouinard (Tommy): Mais la motion précise dans... bon, «dans certains textes déposés sur le site gilles.net». Est-ce que c'est sur la formulation ou que, dans le fond, c'est que vous ne voulez pas que ça se retrouve à l'Assemblée nationale, cette histoire-là?
M. Bédard: Non. Ce que je vous dis... Regardez, moi, je propose le texte suivant: «Que l'Assemblée nationale dénonce tout propos haineux et antisémite.»
Moi, «de certains textes», lequel? Quels sont les propos? Où sont les personnes? Puis, en même temps... Écoutez, moi, j'ai envoyé une lettre à l'Assemblée nationale, il faut que je sois cohérent aussi, là, qui demandait qu'on révise le règlement pour dire que toute condamnation d'un individu, toute référence à des propos qu'il aurait tenu, doit faire l'objet d'une procédure particulière. Ils savent ça, en avant de moi, là. Ils le savent bien, là. Mais, là, ils ont profité d'une... d'un des plus grands malheurs de notre siècle, là, du dernier siècle plutôt, pour faire... tenter d'associer un mouvement qui est, lui, tout à fait, totalement légitime à quelque chose qui est inacceptable. Moi, c'est ça que je trouve... On est dans quelque chose de triste, de malheureux, et...
Journalistes: ...
M. Bédard: Ah! Bien, là, c'est vous autres qui allez décider. Ce n'est pas moi, là.
M. Duchesne (Pierre): Non, non, vos députés, là, est-ce que des députés vont maintenant continuer à donner de l'argent à Vigile, avec la controverse qu'il y a là?
M. Bédard: Chaque député est...
M. Duchesne (Pierre): Mme Marois va-t-elle donner une directive à ses députés?
M. Bédard: Il n'y a pas de directive aux députés. C'est chacun est responsable. Et la... Ce n'est pas une enveloppe commune. Chaque député est responsable, parce que qu'il y a des... lui-même doit avoir des paramètres et des, je vous dirais, des... il a une responsabilité finalement par rapport à ce qu'il... à ce qu'il donne, là. Donc, c'est chacun des députés qui est responsable.
M. Duchesne (Pierre): ...elle continuait à donner malgré la controverse entourant Vigile?
M. Bédard: Comment?
M. Duchesne (Pierre): Suggérez-vous à vos collègues de continuer à...
M. Bédard: Bien, là, ce qu'on m'a dit, c'est que... Non. Mais, moi, je n'ai rien à suggérer, là. Ce que je vous dis, c'est qu'il y en a deux actuellement, on m'a dit, là, juste avant de venir, là, qui ont décidé de ne plus le faire. Donc, d'autres ont décidé de continuer...
M. Chartrand (Yves): Qui sont-ils?
M. Bédard: Je ne le sais pas, là. Ce serait à vérifier, là. C'est ce qu'on m'a dit. Bien, c'est vous qui les avez interrogés, là.
M. Duchesne (Pierre): Mais il y a trois députés qui donnaient. S'il y en a deux qui ne donnent plus, il en reste un.
M. Bédard: Bon, bien, là...
M. Duchesne (Pierre): Donc, les députés vont arrêter de financer...
M. Bédard: ...à une certaine époque, j'aurais peut-être donné. Moi, je ne sais pas, là, donc... Non, non, il n'y a pas de directive. Ce que je vous dis, c'est qu'il n'y a pas de directive. Alors, c'est... c'est aux députés à le faire.
M. Lacroix (Louis): Mais, personnellement, est-ce que vous donneriez encore à un site comme celui-là, avec les propos qui y sont rapportés?
M. Bédard: Comment?
M. Lacroix (Louis): Est-ce que vous le feriez? Est-ce que vous donneriez encore à un site qui tient des propos semblables?
M. Bédard: Je viens... Je vous dis une chose. Bien, là, j'ai l'impression de redire la même chose.
M. Lacroix (Louis): Non, mais sur le plan personnel, là.
M. Bédard: Oui. Non, non, c'est ça. Moi... Et, là, c'est pour ça que j'ai presque le goût de vous prendre à témoin, là, je suis un farouche défenseur de la liberté d'opinion. Ce site contient des textes... pour être allé quelquefois, et parce que beaucoup de gens y font référence, lire des choses extraordinaires en termes de réflexion. Honnêtement, là, les intellectuels, dans notre monde de l'instantané, ont peu de place pour faire connaître des points de vue très longs. Vous en êtes d'ailleurs...
M. Lacroix (Louis): Mais en considérant que le site est mal protégé, M. Bédard...
M. Bédard: Bien, là, je termine là-dessus.
M. Lacroix (Louis): ...est-ce que vous donneriez, oui ou non, à ce site-là?
M. Bédard: Je termine là-dessus. Ce que je vous dis, c'est que, moi, je ne condamnerai jamais des gens qui ont à coeur justement la diffusion de... d'idées profondes et de, je vous dirais, de réflexions sur le Québec, sur sa société, sur son avenir pour des, je vous dirais, des... pour une...
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M. Bédard: ...justement la diffusion de... d'idées profondes et de... je vous dirais, de réflexions sur le Québec, sur sa société, sur son avenir, pour des, je vous dirais, des... pour une marginalité de textes. Je n'ai pas vu ces textes-là. S'ils sont condamnables, c'est aux responsables à s'assurer de directives claires et à la... à la, je vous dirais, à la lecture de ces directives, chaque député a une occasion... aura... peut faire son opinion.
Moi, c'est sûr, personnellement, et là vous me posez la question, moi, je m'attends à ce qu'il y ait des directives très claires qui soient prises tout en conservant le principe de la liberté d'opinions et d'expression, mais qu'on ait des directives d'encadrement pour s'assurer que toute forme de propos haineux ne soit pas... ne soit pas toléré.
Journaliste: En fait, vous en répondez pas à ma question, M. Bédard.
M. Bédard: Bien là...
Journaliste: Je vous demande si vous financeriez, compte tenu du fait qu'on constate que c'est... qu'il y a peut-être un problème au niveau de la modération, est-ce que personnellement vous donneriez des sous de votre enveloppe discrétionnaire pour financer un site comme celui-là?
M. Bédard: Si le... le site en question se donne des directives... Parce que, là, je ne les connais pas. Mais s'il s'en donne et les fait respecter, moi, je n'ai pas de problème, là, parce que je le fais... Il y a des gens à qui je peux donner justement... qui sont des lieux de discussion comme ça. Des fois, c'est sur la société québécoise, ça peut être sur la culture, ça peut être... il y a bien des sujets. Ça peut être sur justement un film, un documentaire en particulier. Donc, oui, moi, je... je participe à sa liberté d'opinion et d'expression.
Une voix: Merci.
M. Bédard: Merci.
(Fin de la séance à 11 h 58)


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