Plus de pouvoirs, sinon les partis fédéraux « vont être mal pris », dit François Legault

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Legault doit se repentir de son passé souverainiste devant Radio-Canada

Les opposants au chef de la Coalition avenir Québec (CAQ) n'hésitent pas un instant à rappeler son passé souverainiste. Chaque fois, l'attaque fait rugir François Legault, qui tente de s'en défaire tel un boulet. En entrevue avec Patrice Roy, l'ancien ministre du Parti québécois (PQ) a évité de s'avancer sur ce qui ferait renaître sa fibre indépendantiste. « Quand on parle de souveraineté, réitère-t-il, on va vers un mur. »


M. Legault, qui se dit maintenant nationaliste, souhaite néanmoins plus d’autonomie et de pouvoirs pour le Québec, notamment en matière de langue, de culture et d’immigration.


Pour l'instant, son plan en immigration dépendrait d'ailleurs largement de la volonté d'Ottawa. La CAQ souhaite expulser tout immigrant qui n'aurait pas réussi d'éventuels tests de valeurs et de français après trois ans au Québec. Cette expulsion serait toutefois du ressort du gouvernement fédéral. « Comment peut-il refuser? explique-t-il. Il y aurait toute une conséquence politique pour le parti fédéral qui dirait non. »



Imaginez-vous qu’une majorité de Québécois souhaite que Québec ait tous les pouvoirs en matière d’immigration et que le Parti conservateur du Canada et le Parti libéral du Canada disent non. Ils vont être mal pris pour se faire élire au Québec.


François Legault, chef de la Coalition avenir Québec


Le chef caquiste n’hésiterait toutefois pas un instant à travailler main dans la main avec le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, afin de contrer la guerre commerciale du président américain, Donald Trump. Ce travail serait « important », insiste-t-il, puisqu’il faut « protéger ces emplois payants dans les régions ».


Sur la ligne de départ


À une centaine de jours du scrutin, prévu pour le 1er octobre 2018, Patrice Roy s'entretient avec les chefs des quatre principaux partis politiques au Québec.


La priorité : l’éducation


Si François Legault reconnaît que le Québec se porte mieux qu’il y a quatre ans, il est d’avis que les Québécois ont « marché », alors que les « voisins ont couru ». Les écarts se seraient creusés en éducation, en santé et en économie.


À ce titre, la priorité de François Legault en tant que premier ministre serait l’éducation. Son engagement phare est déjà connu : étendre la maternelle à tous les enfants de 4 ans pendant un premier mandat.


« On a besoin de dépister les 20 % d’enfants qui ont des difficultés d’apprentissage », affirme-t-il pour justifier cette promesse. Il estime que sa mesure, qualifiée de « réaliste », pourrait coûter jusqu’à 400 millions de dollars.



On va se dire la vérité. Il y a des clients – des enfants de 4 ans – présentement dans des garderies dont les parents vont préférer les envoyer à la maternelle. Effectivement, ça pourrait être difficile pour certaines garderies.


François Legault, chef de la Coalition avenir Québec


Pour financer ses ambitions, M. Legault n’a aucunement l’intention de créer un déficit. Il indique que des députés comme François Bonnardel et Éric Caire lui « arracheraient la tête » et que le candidat et économiste Éric Girard « ne permettrait jamais qu’il y ait un déficit ».


François Legault en entrevue avec Patrice Roy, entourés de 2 caméramans. François Legault et Patrice Roy Photo : Radio-Canada/Sébastien Vachon


D’où viendra l’argent?


L’aspirant premier ministre promet de bousculer certains acquis pour faire des économies. Sur les 550 000 employés de la fonction publique, 200 000 seraient dans la bureaucratie plutôt que dans les services, selon lui. C’est de ce côté « qu’il faut couper », estime-t-il.


M. Legault entend également mettre fin à 800 millions de dollars de contrats au secteur privé en technologies de l’information ainsi qu’à l’entente salariale avec les médecins spécialistes qui leur octroierait 1 milliard de dollars « en trop ».


« Si j’ai la chance d’être premier ministre, je vais pouvoir choisir les priorités », soutient-il pour justifier le changement promis après avoir passé une vingtaine d’années dans l’arène politique.


La réalisation de ses engagements changerait en effet bien des choses, mais les nombreuses critiques sur les détails de ceux-ci pourraient encore ébranler la confiance du meneur dans les sondages.


L’entrevue avec François Legault, chef de la Coalition avenir Québec, est présentée le 21 juin à 17 h 30 à ICI RDI et à 18 h 30 à ICI Télé.