Parti québécois: appel à un virage à droite pour se recentrer

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« Quand on a tendu la main à Québec solidaire, on a perdu beaucoup de gens qui étaient au centre et au centre droit. »

Qu’il soit de droite, du centre ou de gauche, tout indépendantiste doit se sentir à la maison au Parti québécois, plaide Pascal Bérubé, moins d’un mois et demi après s’être vu confier l’intérim à la tête du groupe parlementaire.


« On est indépendantistes. Pour le reste, tout le monde est bienvenu », a-t-il insisté en marge du premier grand rassemblement postélectoral du PQ, samedi. « Le Parti québécois a été créé pour réaliser l’indépendance du Québec. Alors, il faut que cette maison soit accueillante pour tout le monde », a-t-il ajouté, tout en appelant les péquistes à faire preuve d’« un esprit de coalition » après la lourde défaite du 1er octobre dernier.


Quelque 350 délégués du PQ s’étaient donné rendez-vous dans l’auditorium du collège de Maisonneuve, à Montréal, afin de poser un regard — « sans complaisance », a précisé M. Bérubé — sur la campagne électorale dirigée par leur ancien chef, Jean-François Lisée.


Les ex-députés Nicolas Marceau (Rousseau) et Alain Therrien (Sanguinet) ont attribué, en partie, la débâcle électorale aux tassements vers la gauche effectués par le PQ afin de favoriser une convergence avec Québec solidaire, puis pour séduire les sympathisants de QS. Ce faisant, le PQ s’est aliéné un grand nombre de centristes, à commencer par ceux penchant vers la droite, selon eux. « Quand on a tendu la main à Québec solidaire, on a perdu beaucoup de gens qui étaient au centre et au centre droit. Il y a des gens qui nous ont dit : “On n’accepte pas que vous vous rapprochiez autant de la gauche radicale que ça”», a relaté M. Therrien.


N’attendant pas la désignation d’un nouveau chef, Pascal Bérubé a plaidé ce week-end pour l’élargissement de la base idéologique du PQ, sans remettre en question ce sur quoi elle repose : le projet de pays du Québec. Et une tradition sociale-démocrate ? « Dans le programme, oui, notre usage fait en sorte qu’on est social-démocrate, mais c’est d’abord l’indépendance qui est le ciment pour tout le monde », a répondu le député de Matane-Matapédia. « La véritable coalition, c’est le Parti québécois. Alors, que cet esprit de coalition nous anime pour la suite et qu’on accueille tous les indépendantistes », a-t-il poursuivi.


Jean-François Lisée, sans reproche


L’ex-chef du PQ, Jean-François Lisée, a dit samedi avoir permis au PQ d’« éviter le pire » le jour du scrutin en prenant à partie son adversaire solidaire, Manon Massé, 10 jours plus tôt, lors de l’ultime débat télévisé de la campagne électorale. « Le résultat que ç’a eu […] a été, à mon avis, positif », a-t-il affirmé à la presse à son arrivée au collège de Maisonneuve. « Mais je sais que ma version n’est pas la seule. Il y en a plusieurs. »


L’ex-député de Rosemont est convaincu d’être parvenu à freiner la croissance de Québec solidaire dans les intentions de vote en braquant les projecteurs du studio de TVA sur sa porte-parole, le 20 septembre dernier. « Qui tire les ficelles à Québec solidaire ? » avait-il demandé à répétition à sa rivale. « Le danger, c’était que si Québec solidaire continuait sa montée d’un point par jour, il allait nous dépasser une semaine avant le vote et nous allions vivre la dernière semaine de la campagne en étant déclassé, en étant quatrième. Donc, il était indispensable […] d’éviter le pire », a dit M. Lisée dans une mêlée de presse samedi.


L’ancien élu s’est montré incapable de nommer un mauvais coup de son cru durant la campagne électorale de 29 jours devant la presse. Il s’est contenté de dire : « Moi, j’assume complètement les choix que j’ai faits » et « On peut toujours faire mieux ».


Ses explications n’ont pas convaincu tout le monde. « M. Lisée a mené une très bonne campagne… sauf l’incident du troisième débat », a lancé le président de l’association de Beauharnois, Marc Laviolette.


Bénéficiant de l’appui de 17 % de l’électorat (-8 points comparativement à 2014), le PQ a fait élire à peine 10 candidats sur 125 (-20 députés comparativement à 2014) le 1er octobre dernier.


Indépendantistes de façade ?


La présidente de l’aile jeunesse du PQ, Frédérique St-Jean, s’expliquait mal samedi le fossé séparant la jeunesse québécoise de sa formation politique. « On ne se cachera pas qu’il y a eu une déconnexion certaine du Parti québécois avec la jeunesse durant les dernières élections », a-t-elle déclaré, avant d’ajouter : « Québec solidaire a fait super bien. Pourtant, on a plein, plein d’idées en commun : la souveraineté… »



 On ne se cachera pas qu’il y a eu une déconnexion certaine du Parti québécois avec la jeunesse durant les dernières élections


— Frédérique St-Jean



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