À reculons, avec la contre-révolution

On ne remettra pas le dentifrice dans le tube

Pour un humanisme éclairé par la Raison

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Tribune libre

C’est difficile de faire la promotion d’une idéologie en respectant les principes de rigueur prônés par une formation intellectuelle sérieuse comme le cours classique.  C’est d’autant plus difficile quand l’idéologie fait l’éloge du bon vieux temps et propose un recul de l’horloge de l’histoire.


On peut trouver facilement des tares aux insubordonnés compulsifs qui rejettent le port du masque et acceptent toutes les théories farfelues trouvées sur les réseaux sociaux. C’est plus difficile de démontrer que les tares de cette minorité découlent de la Révolution tranquille et qu’elles sont donc le lot de la majorité des Québécois de moins de cinquante ans.


Le Québécois conspirationniste ne s’enorgueillit pas de la Révolution tranquille, il n’a aucune idée de ce que c’est. Et ce n’est pas vrai que le Québécois typique piétine les restants de la religion catholique et déteste les musulmans, non plus qu’il sacre et fornique allègrement. De même, les Québécoises féministes ne croient pas en général que les hommes et le patriarcat soient le principal problème de l’émancipation des femmes.


Quant au port du masque, c’est vrai que la majorité attend qu’on leur dise quoi faire. Les Québécois comprennent que quand il faut prendre une décision collective, comme c’est le cas pour le port du masque, l’opinion personnelle doit s’effacer devant le consensus de la société. Si on considère que les citoyens sont trop serviles face à l’autorité, il faut se rappeler que le clergé québécois a contribué à développer une attitude de servilité.


On ne peut nier que globalement les Québécois vivent une crise des valeurs depuis la Révolution tranquille. Les élites qui font la Révolution et qui demandent au peuple de les suivre consacrent tous leurs efforts à renverser l’ordre établi et n’ont pas toujours une idée claire de ce que sera la suite. Au Québec, le changement de garde dans les institutions de santé et d’éducation, ont entraîné l’affaiblissement de certaines valeurs comme le dévouement à la tâche. Plus généralement, la forte emprise du clergé sur la société faisait en sorte que les valeurs morales étaient souvent liées, dans l’esprit des fidèles, aux préceptes religieux. En rejetant ceux-ci on a aussi affaibli celles-là. On a en quelque sorte jeté le bébé avec l’eau du bain. Un bon nombre de Québécois affranchis de l’Église ont découvert et exploré les limites de leur liberté, ils en sont maintenant à découvrir leur responsabilité.


Alors que se déroulait notre Révolution tranquille une nouvelle religion s’imposait dans les pays développés, celle de l’argent et du pouvoir. Les prêtres de cette religion ont des moyens beaucoup plus puissants et plus subtils que nos anciens curés et ont réussi à imposer leurs valeurs matérialistes, dont l’individualisme, la recherche du plaisir à court terme, la surconsommation, l’insouciance collective et l’irresponsabilité. Ils ont le contrôle des médias de masse et ont fait surgir des élites qui sont à leur solde. Ils ont favorisé la privatisation de services publics, et mêmes des institutions publiques d’enseignement semblent avoir comme premier objectif de croître et d’augmenter leur budget.


Le gouvernement du Canada est lui-même une institution dépravée, qui tolère les paradis fiscaux et l’immigration illégale, qui est vendue aux intérêts pétroliers et financiers, et qui considère l’existence d’une nation québécoise comme une complication freinant le développement de l’économie et de la société canadienne.


La dégradation des mœurs sexuelles dont on parle beaucoup maintenant est autant liée au culte du pouvoir, de la gloire et de l’argent qu’à une dérive incontrôlée de l’appétit sexuel. Par ailleurs, si les Québécois favorisent l’immigration pour contrer une pénurie de main-d’œuvre, c’est parce que leurs gouvernements mondialistes les ont convaincus que c’était la seule chose à faire.


Il y a une autre révolution à entreprendre pour abattre cette nouvelle religion et dans un premier temps cette révolution doit se faire dans les esprits.


Il y a de l’espoir. Je n’ai pas eu la possibilité de profiter de l’enseignement classique mais j’ai eu la chance de suivre à dix-sept ans un cours de philosophie exceptionnel à la Faculté des sciences de l’Université de Montréal. On y enseignait la théorie de l’évolution non pas pour nier l’existence de Dieu mais pour démontrer que Dieu n’est pas nécessaire et qu’y croire est vraiment un acte de foi. Il y a donc une spiritualité possible en dehors des enseignements de l’Église. On y présentait aussi la philosophie humaniste qui illustre qu’il est possible pour ceux qui doutent de l’existence de Dieu, ou même seulement du jugement dernier et de l’enfer, de vivre en accord avec les valeurs morales du christianisme. Une clé pour retrouver une certaine spiritualité est peut-être de réaliser que notre vie après la mort c’est la vie de nos enfants.


La société québécoise a besoin d’élites qui vont la guider vers l’avant pour le développement d’une société meilleure dans un pays qui lui ressemble.


 



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