«On joue avec le feu», craint Duceppe

Le français — la dynamique du déclin



Pour Gilles Duceppe, il y a urgence de réaliser l'indépendance du Québec d'ici 15 ans.
Photo: Ivanoh Demers, Archives La Presse


Pierre-André Normandin La Presse - Gilles Duceppe a brisé le silence, mercredi, dans une entrevue accordée à RDI. Visiblement encore amer de sa défaite du 2 mai, il a lancé un appel à l'unité des troupes souverainistes.
Gilles Duceppe croit que la division qu'on observe dans le Parti québécois mènera les indépendantistes à une défaite «assurée» aux prochaines élections provinciales. Or, il y a urgence de faire l'indépendance du Québec, a-t-il plaidé, sans quoi une «assimilation fulgurante» menace les Québécois.
«Dans l'histoire de l'humanité, il y a des moments qui ne sont pas surprenants, mais inattendus. Ce qui s'est passé au Moyen-Orient, ce n'est pas surprenant, mais inattendu. Quand le mur de Berlin est tombé, ce n'était pas surprenant, mais inattendu. Or, nous sommes dans une telle période et c'est insécurisant. Parce qu'on se dit: «Mais où on s'en va?» On joue avec le feu. À un moment donné, il faut se dire: «Soyons responsables.» Quand l'élection arrivera, on ne peut pas s'en aller en forces dispersées en cinq ou six partis, sinon, c'est la défaite assurée», a-t-il déclaré à l'émission 24 heures en 60 minutes.
Il refuse de blâmer qui que ce soit pour la crise au Parti québécois et fait confiance à l'actuelle chef pour rallier les troupes souverainistes. «Il faudrait regarder ce que l'on a en commun plutôt que se battre sur ce qui nous divise et j'ai confiance que (Pauline) Marois saura faire ça.»
À l'inverse, l'ex-chef bloquiste qualifie d'«erreur» le choix de François Legault de repousser la question de la souveraineté. «Les fédéralistes se gênent-ils pour parler des bienfaits du fédéralisme? Et nous, on devrait rester silencieux? Je dis non.»
Urgence d'agir
Gilles Duceppe affirme qu'il y a urgence de séparer le Québec du Canada d'ici 15 ans: «Si les Québécois et Québécoises, d'ici 15 ans, ne bougent pas, inévitablement, on sera sur la même pente que les Franco-Canadiens et les Acadiens. C'est une assimilation fulgurante. Il ne faut pas se cacher la vérité.»
S'il a semblé mercredi moins abattu qu'au lendemain de sa défaite du 2 mai, il reste visiblement amer. «Pour moi, en démocratie, quand on dit que le peuple a toujours raison, je ne suis pas d'accord avec ça. Je dis: le peuple a tous les droits, comme le droit d'avoir tort. [...] Mais on a le devoir de respecter en tout temps le choix du peuple.»
Gilles Duceppe ne ferme pas la porte à un retour en politique. Questionné à ce sujet, il a répondu simplement qu'il «donne du temps au temps?».
Il a par ailleurs de nouveau attribué la montée inattendue du Nouveau Parti démocratique à un sondage «peu rigoureux» CROP-La Presse qui, à la mi-avril, avait pour la première fois noté une tendance en ce sens. La tendance s'est transformée deux semaines plus tard en raz-de-marée qui a balayé la quasi-totalité du Bloc au Québec, emportant même Gilles Duceppe, qui représentait pourtant la circonscription de Laurier-Sainte-Marie depuis plus de 20 ans. «Je ne dis pas que c'est la cause, je dis: c'est l'étincelle qui fait que les gens se disent par la suite qu'un changement est possible.»


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