Dimanche 10 novembre 2013 Genève. Après trois jours de négociations intensives entre l’Iran et le “Groupe 5+1”, USA, Russie, Chine, Angleterre, Allemagne, France et Union européenne, en vue de résoudre l’épineux dossier du nucléaire iranien, le résultat est mitigé.
A priori, tout était arrangé pour aboutir à un accord honorable. L’Occident allégeait les sanctions économiques qui étranglent Téhéran, et le régime iranien renonçait à l’enrichissement de l’uranium à 20 %, taux au-delà duquel il est techniquement possible de passer du nucléaire civil au stade militaire. Et nous voilà devant un demi-échec – rien n’a été signé – ou un demi-succès : les discussions devraient reprendre dès le 20 novembre prochain.
La faute à qui ? À la France, à l’évidence, et à Laurent Fabius en particulier. Ainsi, notre ministre des Affaires étrangères, celui que Le Nouvel observateur du 12 septembre désignait comme chef de file des « faucons de Hollande », avec Bernard Kouchner et Bernard-Henri Lévy en guise de cerveaux d’appoint, aura-t-il globalement mis tout en œuvre pour faire capoter la négociation.
Les observateurs étrangers ne s’y sont pas trompés. Et Le Monde du 10 novembre de révéler : « La détermination de Laurent Fabius a fini par irriter certains diplomates qui, sous couvert d’anonymat, n’ont pas caché leur agacement aux journalistes. “Les Américains, l’Union européenne et les Iraniens travaillent intensivement depuis des mois sur ce processus et il ne s’agit rien de plus que d’une tentative de Fabius de se donner une importance tardivement.” » François Hollande aurait pourtant dû voir venir le coup ; lui qui, lassé du militantisme effréné de son ministre sur la question, avait développé une diplomatie parallèle, avec l’aide ponctuelle de Michel Rocard et de Dominique de Villepin ; voir à ce sujet nos éditions précédentes. Mais quand on est incapable de recadrer une Cécile Duflot, comment rappeler à un Laurent Fabius que le Quai d’Orsay sert avant tout à défendre les intérêts français ?
Résultat, non content de jouer contre son propre camp, Laurent Fabius y aura ajouté la goujaterie. Alors que Catherine Ashton, haut-représentant de l’Union pour les Affaires étrangères, était censée donner la primeur des débats aux représentants de la presse internationale, notre ministre a jugé malin de lui griller la politesse, de sortir en catimini de la salle des réunion, juste histoire d’être le premier à aller faire le beau devant les caméras et les micros…
Assez logiquement, les néoconservateurs américains saluent la position de la France, tandis que les médias israéliens sortent le champagne. Tout aussi logiquement, Benyamin Netanyahu se refait la cerise sur le dos de la France. Ainsi, Le Figaro du 10 novembre relate-t-il un tête-à-tête des plus tendus entre le Premier ministre israélien et John Kerry. Israël n’est donc « pas tenu par cet accord ». Rien de neuf sous le soleil du Sinaï, sachant que l’État hébreu n’a jamais respecté aucun accord, même ceux qu’il a signés et qu’il s’assoit de longue date sur le droit international. Et d’assurer qu’il « ferait tout le nécessaire pour se défendre et défendre la sécurité de son peuple. » Fort bien et il est là dans son rôle ; au contraire, peut-être d’un… Laurent Fabius.
Le plus grave, dans cette histoire, c’est que le rapprochement de l’Occident avec l’Iran est quasiment acquis. Que les Américains en seront les premiers bénéficiaires. Et que nous aurons malheureusement vocation à en être les principaux perdants. Bravo Laurent ! Merci Fabius…
Nucléaire iranien : la France, dindon de la farce…
Nicolas Gauthier
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