«Notre mission était purement humanitaire»

Un activiste canadien raconte l'assaut du navire turc Mavi Marmara par un commando israélien en mai dernier

"Libérez Gaza" - 1ère Flottille humanitaire - le "Mavi-Marmara" - les conséquences


Claude Lévesque - Farook Burney, un des trois Canadiens qui se trouvaient à bord du Mavi Marmara au moment de l'assaut donné par des commandos israéliens, fin mai, affirme qu'il serait prêt à répéter l'expérience si l'occasion se présentait, et ce, même si elle devait se terminer de la même façon.
«L'important, ce sont les gens de Gaza. Si c'est le prix à payer pour leur apporter des biens de première nécessité, soit», a déclaré dans un entretien téléphonique depuis Toronto, M. Burney, qui doit participer, dimanche à Montréal, à une conférence organisée par des groupes palestiniens.
«Nous sommes déterminés. S'il y a une autre tentative, mon organisation y participera certainement», a ajouté M. Burney, directeur d'Al-Fakhoora, une ONG qatarie qui dit défendre le droit à l'éducation des Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie.
Farook Burney, qui se trouvait à bord du traversier turc Mavi Marmara avec quelque 650 activistes propalestiniens, comptait livrer des ordinateurs dans la bande de Gaza, un territoire soumis à un blocus strict depuis trois ans.
Aux petites heures le 31 mai, le Mavi Marmara, navire principal d'une flottille de six bâtiments chargés de produits destinés aux Gazaouis, a été arraisonné dans les eaux internationales par des fusiliers-marins israéliens. L'opération a fait neuf morts de nationalité turque, ainsi que de nombreux blessés.
Farook Barney a fait hier le compte-rendu des événements dont il a été témoin: «L'attaque a eu lieu juste après quatre heures du matin: des Zodiacs ont attaqué des deux cotés du navire et des commandos ont essayé de monter à bord. En même temps, un hélicoptère est arrivé pour permettre à d'autres commandos de sauter sur le pont supérieur.»
«C'est à ce moment que les combats corps à corps ont commencé entre les activistes et les Israéliens, a affirmé M. Burney. Peu de temps après, les tirs ont commencé et des gens ont été blessés ou tués.»
L'activiste affirme aussi avoir entendu des tirs et l'explosion d'une bombe fumigène avant l'entrée en scène des hélicoptères.
Cette violence aurait duré environ une heure, selon M. Burney, après quoi le capitaine du Mavi Marmara a annoncé que les commandos avaient pris le contrôle du navire.
«Nous avons demandé de l'assistance médicale pour les blessés. Ce n'est qu'au bout d'une heure et demie environ que les secours sont arrivés, a poursuivi M. Burney. Ils nous ont demandé de sortir avec les blessés. En même temps, ils ont arrêté tous les passagers, ils nous ont lié les mains derrière le dos et mené au pont principal, où nous avons dû rester assis sur les genoux pendant six heures.»
Le navire a fait route vers Ashdod, port israélien situé à une quarantaine de kilomètres au nord de la bande de Gaza. De là, les passagers des six navires ont été emmenés à la prison de Beersheva, plus au sud, où ils sont restés deux jours avant d'être déportés par avion vers la Turquie.
Les autorités israéliennes, qui s'opposent à la tenue d'une enquête internationale sur les événements du 31 mai, affirment que les passagers du Mavi Marmara étaient armés et qu'ils cherchaient la confrontation.
L'organisation turque qui a affrété le navire, l'IHH (Fondation pour la liberté et le secours humanitaire) est considérée par l'État juif comme étant très proche du mouvement islamiste Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, et même du réseau terroriste al-Qaïda.
«Je n'ai aucune connaissance de cela, a affirmé Farook Burney. Tout ce que je sais, c'est que j'ai vu des gens du secteur humanitaire, des gens qui voulaient simplement aller à Gaza. Notre mission était purement humanitaire.»
Plusieurs vidéos ont circulé sur Internet et dans les médias après le drame du 31 mai. Celles qui ont été diffusées par l'armée israélienne montrent des activistes armés de bâtons s'en prenant à des commandos.
M. Burney reconnaît que des activistes se trouvant près du pont supérieur se sont servi de bâtons et d'objets divers pour défendre le navire et ses passagers. «À ce que je sache, il n'y avait pas d'armes sur le navire. Quand nous sommes montés à bord, tout le monde a été contrôlé par l'immigration et par les services de sécurité à Istanbul», affirme-t-il.
L'incident du Mavi Marmara a envenimé les relations entre Israël et la Turquie, qui étaient jusqu'à récemment d'assez bons alliés. S'il résiste toujours à la tenue d'une enquête internationale et qu'il refuse de s'excuser pour les gestes de ses commandos, le gouvernement israélien a tout de même accepté d'alléger considérablement le blocus imposé à la population d'environ 1,8 million d'habitants de la bande de Gaza.
Trois Canadiens se trouvaient à bord du Mavi Marmara le 31 mai. Deux d'entre eux, soit M. Burney et un citoyen de Victoria en Colombie-Britannique, Kevin Neish, prendront la parole dimanche soir, dans les locaux de l'organisme Alternatives. Cette conférence est organisée par la Coalition pour la justice et la paix en Palestine et par le Conseil canadien palestinien.


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