LETTRE OUVERTE À GUY CREVIER, PRÉSIDENT ET ÉDITEUR DE LA PRESSE

Non aux médias voyous!

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Monsieur Guy Crevier, président et éditeur
_ La Presse
Monsieur,
J’ai le regret de vous annoncer que je mets un terme à mon abonnement à La Presse, dont je suis une fidèle lectrice depuis plus de trente ans. Les récents événements et la couverture que vous leur avez accordée m’ont convaincue que vous n’aviez pas à cœur de bien informer vos lecteurs, mais plutôt de relayer une propagande abjecte qui vous est dictée par des intérêts particuliers.
Depuis le début du conflit étudiant, notamment, quelques-uns de vos journalistes se sont efforcés de rapporter les événements avec honnêteté – je songe à Michèle Ouimet, à Vincent Marisal, à Patrick Lagacé, à Rima Elkouri – mais leurs efforts ont été anéantis par vos unes criardes et mensongères qui penchent toutes du même bord, par vos éditoriaux tendancieux qui, eux aussi, ne suivent qu’une seule ligne de pensée, s’éloignant de plus en plus de la réalité des faits, et par votre parti pris de ne publier que des opinions et lettres de lecteurs qui abondent dans le même sens que vos douteux éditorialistes, quitte à nous imposer les mêmes signatures plusieurs fois par semaine dans vos tribunes soi-disant « libres ».
Votre couverture du Plan Nord a été en dessous de tout; vous n’avez présenté aucun des enjeux réels de ce projet de pillage organisé de nos richesses collectives, aux frais des contribuables et au mépris de notre environnement et des droits des populations autochtones. Quant au traité de libre-échange avec l’Europe qui nous condamne, à plus moins brève échéance, à des mesures d’austérité aussi drastiques que celles qui sévissent sur le vieux continent, et dont la hausse des droits de scolarité n’est que la pointe de l’iceberg, vous n’en avez pratiquement pas parlé.
Depuis le début de la grève étudiante, on peut lire régulièrement dans votre journal que les manifestations « tournent à l’émeute », que les « casseurs » obligent la police à employer la force face à des manifestants extrêmement « violents » qui refusent de se disperser. J’ai assisté personnellement à plusieurs de ces manifestations, j’ai visionné des dizaines d’heures d’images d’interventions policières et ce n’est pas du tout ce que j’ai pu constater.
Systématiquement, la police charge des manifestants désarmés et pacifiques qui se contentent de scander des slogans; ce n’est qu’après que survient la « casse » dont les médias de masse s’abreuvent, et qui fait de si belles images dans les journaux et au petit écran. J’ai des amis qui sont des pacifistes convaincus et qui ont été grièvement blessés par des policiers hors de contrôle. Samedi dernier, alors que je déambulais en compagnie d’une amie sur la rue Saint-Denis, et après nous être informées auprès d’un policier qui nous avait assurées que nous pouvions nous rendre sans encombre à l’endroit où nous voulions aller, nous avons été prises en souricière par l’escouade anti-émeute et il s’en est fallu d’un cheveu que nous ne soyons matraquées; un jeune homme à deux pas de nous, qui ne faisait absolument rien, a été sauvagement assailli par quatre gros policiers qui l’ont maintenu au sol et frappé à plusieurs reprises. Nous avons été témoins d’une dizaine d’agressions semblables en l’espace de quelques secondes, et de nombreuses arrestations arbitraires tout aussi brutales, Ce scénario se répète quasi quotidiennement depuis plus de deux mois et la population n’en est pas informée.
Monsieur Crevier, nous vivons des heures parmi les plus sombres de notre histoire. Les activités criminelles du gouvernement en place nous ont conduits au bord de la guerre civile. L’État utilise les forces policières pour faire régner une terreur d’une ampleur jamais vue dans nos rues, surtout à Montréal; notre pays est en train de basculer dans le fascisme, avec la complicité des médias de masse qui détournent sciemment l’attention du public des vrais enjeux et qui trafiquent les faits. Ceux qui sont sans honneur et s’écrasent, ceux qui se mettent au service de la peste brune au lieu de se dresser courageusement pour défendre nos libertés et nos droits, auront à en répondre devant les générations futures. Souvenez-vous du sort qu’ont subi les collabos à la Libération. Il y a des moments charnières, dans l’histoire humaine, où il faut savoir choisir son camp.
Pascale A. Cormier


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    27 mai 2012

    Wow! Quelle belle lettre.Je vous nommerais sur le champ chroniqueuse justement à la Presse pour émettre ce son de cloche dont ils sont si cruellement privés.
    30 ans fidèle lectrice de la Presse et accoucher d'un papier de la sorte me fait prendre conscience du cheminement que vous avez du parcourir et c'est tout à votre honneur.
    Le seul mérite que ce genre de quotidien nous apporte est celui d'avoir à se dépasser tellement on sent que la ''ligne de parti'' est évidente.
    Selon moi,actuellement dans ce qu'on appelle ''les grands médias'', le Devoir couvre bien la crise qui sévit actuellement au Québec .
    Peut-être l'avez-vous déjà lu mais une lettre renforce vos propos en doutant même de l'authenticité d'une entrevue ou à tout le moins de l'identité d'un interlocuteur paru dans le journal de Montréal.Je parle de la lettre adressée aux étudiants par l'ex-policier à la retraite René Forget, les implorant de ne pas tomber dans le piège.
    Lorsqu'on dit que la politique çà peut-être sale,on ne peut en avoir meilleur exemple et la provocation policière ordonnée par le PLQ de John James Charest fait parti de son agenda caché.
    L’ex-policier René Forget remet en question le policier interviewé par le Journal de Montréal
    http://leglobe.ca/blog/2012/05/lex-policier-rene-forget-remet-en-question-le-policier-interviewe-par-le-journal-de-montreal/